CE17 - Recherche translationnelle en santé

Développement d’outils pour éliminer l'onchocercose en zone de co-endémie à Loa loa – EOLoa

Résumé de soumission

L'onchocercose est une parasitose essentiellement africaine due à la filaire Onchocerca volvulus (Ov). De par ses complications oculaires et cutanées, elle constitue un fardeau important pour les communautés quand sa prévalence est >40%. Depuis 1989, des traitements par ivermectine (IVM) sous directives communautaires (TIDC) sont organisés dans ces zones « méso-hyperendémiques ». Les TIDC annuels (les traitements sont répétés car l’IVM tue le stade larvaire du parasite, les microfilaires [mf], mais pas les vers adultes) ont permis de réduire la morbidité et d’interrompre la transmission d’Ov dans certains foyers. Ceci a conduit l’OMS à passer d’un objectif de contrôle de la maladie à celui d’élimination de l’infection, mais ceci nécessite d’intervenir aussi dans les zones hypoendémiques. En Afrique centrale, les TIDC sont compliqués par la présence d’une autre filariose, la loase (due à Loa loa). En effet, les sujets ayant une forte densité microfilarienne (DMF) à Loa dans le sang sont à risque d’effet secondaire grave (ESG) post-IVM. Le rapport bénéfice/risque des TIDC, acceptable quand l’onchocercose est méso-hyperendémique, ne l’est pas en zone hypoendémique, où des stratégies de traitement alternatives (STA) doivent donc être appliquées. Parmi les STA, deux stratégies Test and treat (TNT) sont possibles. L’une vise à identifier les personnes à risque d’ESG, à les exclure du traitement par IVM et à traiter sans risque le reste (95%) de la population (Loa-1 TNT) ; l’autre (Oncho-1 TNT) vise à identifier les sujets réellement infectés par Ov et à ne traiter que ceux-ci. L'objectif du projet est d'évaluer 3 outils utilisables dans le cadre de STA. Le premier est un test non-invasif (LTS-2 patch) d’identification des sujets infectés par Ov. Sa tolérance et ses performances (sensibilité/spécificité par rapport à la méthode de référence d’examen d’une biopsie cutanée) seront évaluées au Cameroun sur 1400 personnes. Ce test pourrait être utilisé dans le cadre d’une stratégie Oncho-1 TNT dans des zones hypoendémiques (avec ou sans loase associée). Le deuxième outil est un médicament, le lévamisole (LEV), qui n’a jamais été testé sur Loa mais qui entraîne une baisse transitoire des DMF chez les sujets infectés par Ov, Wuchereria bancrofti et Brugia malayi (agents des filarioses lymphatiques). Notre objectif est d’évaluer, par un essai mené au Congo sur 720 personnes (6 cohortes avec des DMF à Loa croissante), si une faible dose de LEV est bien tolérée et réduit progressivement les DMF à Loa. Si tel était le cas, un traitement de masse par LEV pourrait réduire les DMF au-dessous du seuil de risque d’ESG post-IVM dans la population, et celle-ci pourrait ensuite bénéficier d’un TIDC sans risque. Le troisième outil est aussi médicamenteux: la moxidectine (MOX). Elle a un effet plus prolongé sur les DMF d’Ov que l’IVM mais n’a jamais été utilisée chez des sujets infectés par Loa. Nous comparerons la tolérance et l’effet sur Loa d’une dose d’IVM et d’une faible dose de MOX (2 mg). Cet essai sera mené au Cameroun dans 3 cohortes de 160 sujets. Si l’incidence des réactions après la prise de MOX n’est pas plus élevée que celle relevée après IVM, la MOX pourrait remplacer l’IVM lors des traitements de masse organisés dans les zones d’onchocercose méso-hyperendémique, mais aussi dans le cadre de la stratégie Loa-1 TNT en zone hypoendémique. Ceci permettrait d’abaisser plus rapidement les DMF d’Ov dans le foyer et d’accélérer son élimination. Par ailleurs, si les MFD à Loa sont plus faibles un an après la prise de MOX qu’après la prise d’IVM, la probabilité que les sujets traités par MOX dans le cadre d’une stratégie Loa-1 TNT soient devenus à risque un an après serait très faible. Les résultats de ce projet de recherche translationnelle devraient permettre, en utilisant des stratégies innovantes et coût-efficaces, d’étendre les activités de lutte contre l’onchocercose et d'atteindre l'objectif de l’OMS d'élimination d'Ov en 2025.

Coordination du projet

Cédric Chesnais (Recherche translationnelle appliquée au VIH et aux Maladies Infectieuses)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

TransVIHMI Recherche translationnelle appliquée au VIH et aux Maladies Infectieuses

Aide de l'ANR 358 181 euros
Début et durée du projet scientifique : - 24 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter