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La gestion du risque dans les enchères et les contrats pour les énergies renouvelables – DACRERISK

La gestion du risque dans les enchères et les contrats pour les énergies renouvelables – DACRERISK

Le partage du risque entre sphères publique et privée est une question économique cruciale pour le développement des énergies renouvelables.

Objectifs

L’objectif du projet est d’analyser les règles de subvention existantes pour le solaire et l’éolien et de proposer des directions possibles pour les améliorer. La règle clef dans un appel d’offres est celle déterminant dans le temps et en fonction des quantités produites, les subventions reçues par les producteurs ayant remporté le dit appel d’offres.

L’originalité du projet consiste d’abord à rentrer dans le détail des règles des appels d’offres, en particulier de points qui peuvent sembler du domaine de la sphère « opérationnelle » mais qui sont susceptibles d’être de premier ordre économiquement parlant. De la même façon que l’impact d’une taxe peut être très éloignée de celui imaginé par celui qui l’a mise en place, l’impact du choix d’un mécanisme d’enchère plutôt qu’un autre sur les différents acteurs n’est pas toujours intuitif. Une autre originalité du projet est d’utiliser des outputs de modèles climatiques et les caractéristiques techniques des technologies : il s’agit premièrement de bénéficier de bonnes variables de contrôle -ou d’instruments- dans la partie économétrique du projet ; deuxièmement, cela permettra de construire des scénarios capturant le risque climatique et ainsi obtenir des ordres de grandeur plus crédibles, en particulier pour estimer des primes de risque.

La conclusion du travail «Pitfalls of Insuring Production Risk: a Case Study on some Wind Power Auctions in France” (Laurent Lamy et Clément Leblanc) a des implications très concrètes en termes de politique publique. Nos résultats permettent de conclure que c’est une idée assez périlleuse que de vouloir s’écarter des subventions qui ne sont pas linéaires en la quantité produite en assurant les producteurs par rapport à l'incertitude de la production intermittente. Si jamais de telles politiques sont mises en place, alors il ne faut pas que la production de référence soit le résultat d’une auto-déclaration mais plutôt la faire certifier par une tierce partie ou directement par la puissance publique, éventuellement suivant des règles rigides.

1) Analyse des enchères en Inde, enchères qui présentent plusieurs particularité permettant plusieurs angles d’investigation (par ex, l'endogénéisation des quantités mises aux enchères via une première étape pour se qualifier).
2) Analyse des contrat d’assurance vis-à-vis des prix de marché en Europe: analyse prospective du trade-off entre les incitations à produire au bon moment et les primes de risque
3) Analyse de la performance ex post (délais pour la mise en service, productivité) des installations ENR au Brésil au regard des données d’enchère.

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Le partage du risque entre sphères publique et privée est une question économique cruciale pour le développement des énergies renouvelables. A cet égard, il y a beaucoup d’hétérogénéité à travers le monde et nul signe de convergence. Dans de nombreux pays, les contrats sont des tarifs d’achat où les producteurs sont entièrement assurés contre les fluctuations des prix sur les marchés. Néanmoins, certains pays comme l’Allemagne s’en sont détournés récemment. A l’opposé, les subventions sous forme de prime de marché transfèrent le risque marché sur les producteurs dans la mesure où ces primes correspondent à des compléments de rémunération qui s’ajoutent à la vente sur les marchés par les producteurs. Concernant les risques sur les quantités produites (résultant des risques climatique et des erreurs de prévision sur les sites), les producteurs ne sont pas couverts en général, hormis à quelques exceptions près comme en France, au Brésil ou même en Allemagne depuis 2017.

L’objectif du projet est d’analyser les règles de subvention existantes pour le solaire et l’éolien et de proposer des directions possibles pour les améliorer. La règle clef dans un appel d’offres est celle déterminant dans le temps et en fonction des quantités produites, les subventions reçues par les producteurs ayant remporté le dit appel d’offres. Une caractéristique cruciale du contrat est ainsi sa durée qui n’est pas toujours liée à la durée de vie des installations. La question du design des caractéristiques du contrat n’est d’ailleurs pas spécifique aux appels d’offres. Néanmoins dans ces derniers, il se trouve que les termes du contrat peuvent dépendre des soumissions des enchérisseurs. Enfin il ne faut pas perdre de vue que le problème pour la puissance publique n’est pas de promouvoir l’efficacité de façon marginale (par exemple, inciter à la construction d’une centrale ayant le facteur de capacité le plus élevé possible), mais plutôt de guider le marché vers un mix énergétique optimal à l’échelle macro.

Ce problème de design de marché est complexe et même à une échelle micro qui est le cœur du projet, ceci dans la mesure où suivant la terminologie économique, il s’agit d’un problème d’incitation avec aléa moral, sélection adverse et aversion pour le risque, une situation qui ne rentre pas dans la boite à outil standard de l’économiste, sans parler des difficultés économétriques pour mettre des chiffres derrières ces effets incitatifs. D’une part, il semble désirable de transférer le risque à la puissance publique dans la mesure où les investisseurs privés font face à des taux d’intérêt plus élevés que celle-ci. D’autre part, il est bien connu en assurance qu’un tel transfert de risque va réduire les incitations des producteurs à faire des efforts, par exemple à installer leurs éoliennes sur les sites les plus ventés. S’ajoute à ce dilemme classique le fait qu’il est bénéfique de choisir les projets des entreprises les plus efficaces et aussi d’encourager ces dernières à répondre aux appels d’offres.

L’originalité du projet consiste d’abord à rentrer dans le détail des règles des appels d’offres, en particulier de points qui peuvent sembler du domaine de la sphère « opérationnelle » mais qui sont susceptibles d’être de premier ordre économiquement parlant. De la même façon que l’impact d’une taxe peut être très éloignée de celui imaginé par celui qui l’a mise en place, l’impact du choix d’un mécanisme d’enchère plutôt qu’un autre sur les différents acteurs n’est pas toujours intuitif. Une autre originalité du projet est d’utiliser des outputs de modèles climatiques et les caractéristiques techniques des technologies : il s’agit premièrement de bénéficier de bonnes variables de contrôle -ou d’instruments- dans la partie économétrique du projet ; deuxièmement, cela permettra de construire des scénarios capturant le risque climatique et ainsi obtenir des ordres de grandeur plus crédibles, en particulier pour estimer des primes de risque.

Coordination du projet

Laurent LAMY (Lamy Laurent)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CIRED Lamy Laurent

Aide de l'ANR 251 041 euros
Début et durée du projet scientifique : février 2019 - 48 Mois

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