CE03 - Interactions homme-environnement

DIGUES (Digues, Interactions, Gestion, Usages, Environnement et Scénarios) : quelles transitions des systèmes d'endiguement maritimes et fluviaux au 21e siècle en France, entre usages, paysage, nature et protection ? – DIGUES

DIGUES

Quelles transitions des systèmes d'endiguement maritimes et fluviaux au 21e siècle en France, entre usages, paysage, nature et protection ?

Enjeux et objectifs du programme DIGUES :

La France est à un tournant des relations que la société entretient avec ses digues maritimes et fluviales, sur un linéaire de 9000 km. Longtemps considérée comme un objet technique de défense contre les eaux, la digue est aujourd'hui perçue selon un paradigme incorporant aussi les usages, la nature et le paysage. A partir de 2018, les collectivités locales prendront en charge la compétence de protection contre les inondations. Accompagner les acteurs locaux dans ce contexte changeant revient à entrecroiser de multiples enjeux et à réfléchir à des orientations variées de gestion des digues, parfois nouvelles en France, oscillant entre fermeture et ouverture, rehaussement et abaissement, artificialisation et renaturation. Cela oblige à considérer l'ensemble du système d'endiguement, i.e. la digue et le territoire endigué qu'elle protège. Nous avons comme objectif majeur l'établissement de propositions nouvelles relatives au devenir des digues et l'évaluation des conditions de faisabilité et d'acceptabilité de ces propositions. Celles-ci pourront prendre diverses orientations, souvent combinables, dans les domaines de la défense dure ou douce contre les eaux, de la gestion de la végétation, de la fréquentation et de la patrimonialisation. Ces propositions et leurs conditions seront livrées sous forme de scénarios de transition des systèmes d'endiguement. À partir de scénarios situés, construits en milieu fluvial (Loire, Marais Poitevin, Seine & Marne) et côtier (Dives, Veys, Authie), nous construirons des scénarios génériques et reproductibles. Du fait du défi qu'elle suppose, la construction même de ces scénarios constituera un objectif scientifique. Un 3e objectif consistera à tester des outils aidant à construire les scénarios : le jeu de rôle, la médiation paysagère, la comparaison et l'histoire.

Pour atteindre les objectifs scientifiques du programme, une pluralité de sciences humaines et sociales ont été convoquées. Chacune d'elle a un rôle précis à tenir : la géographie physique et l'écologie se centreront sur les questions de défense et de nature ; les paysagistes travailleront plus particulièrement les questions de paysage ; les usages seront étudiés par plusieurs disciplines ; enfin, la question de la GEMAPI fera l'objet d'une étude en sciences politiques.
À chacune de ces disciplines seront associées des méthodes spécifiques. Nous utiliserons des méthodes classiques de recueil des données sous la forme d'observations et de relevés (topographiques, biogéographiques…), ou à travers des enquêtes (entretiens semi-directif et questionnaire). Certaines méthodes constituent à la fois des méthodes de recueil des données et des méthodes de facilitation, qui nous aideront à construire les scénarios de transition des systèmes d'endiguement français au XXIe siècle (médiation paysagère, comparaison entre milieux et entre sites, étude des archives historiques, détermination du consentement à payer, mise en œuvre d'un jeu de rôles).
Par ailleurs une collaboration avec les acteurs locaux et des échanges de bonnes pratiques avec des gestionnaires et des ingénieurs, si possible anglais et zélandais, nous aidera à affiner nos scénarios.

Deux ans après le démarrage du programme, le recueil des données est en cours, voire en voie d'achèvement, et les démarches de médiation paysagère et de simulation participative ont été lancées dans le Marais poitevin et les marais de la Dives.
Nous avons également effectué une comparaison multicritères à dire d'experts de nos sept sites d'étude, au regard des quatre enjeux du programme (défense, nature, paysage et usages), eux-mêmes évalués en cinq critères (chacun décomposé en quatre modalités). Cette méthode quantitative complète l'étude qualitative que nous avons menée dans chaque site. Les résultats montrent que nous avons choisi des sites d'étude pertinents car d'autres enjeux que la seule défense contre l'inondation y sont actuellement pris en considération. Deux groupes se distinguent parmi nos sites. Dans le premier prédomine le couple enjeux de nature et enjeux liés aux usages, qui sont soit à égalité (Marais poitevin, baie des Veys, Uxeloup), soit dominés par les enjeux de nature (baie d’Authie) avec des enjeux de paysage ou de défense très en retrait (respectivement baie d’Authie ; Marais poitevin – baie des Veys). Un second groupe donne une image inverse : les enjeux de défense y sont importants, associés soit aux enjeux de paysage (Seine, Jargeau), soit aux enjeux liés aux usages (Dives), alors que les enjeux de nature peuvent être très en retrait (Seine et Jargeau). Cette étude quantitative met clairement en exergue la nécessité d'une prise en compte globale des digues et d'une attention à l'interaction de leurs enjeux, encore largement sous-estimée. Cette sous-estimation est confirmée par les enquêtes sociales et les relevés de terrain et par l'analyse du mot «digue« dans Le Monde, de 1944 à nos jours.
Mieux prendre en compte la muti-fonctionnalité des digues permettra de répondre simultanément aux demandes sociétales (plus de nature, diversification des usages, aide à l'introduction de la GEMAPI) et aux impératifs du changement climatique.

Au terme du programme, nous serons en mesure de caractériser les trajectoires possibles des systèmes d'endiguement - notamment vers des modes de gestion plus doux, partiellement fondés sur la nature - et d'évaluer leurs degrés d'acceptabilité en fonction des types de population et de milieux, des enjeux concernés, des orientations possibles et de méthodes de facilitation. Nous pourrons aussi évaluer le caractère durable des systèmes d'endiguement dans les territoires, systèmes non plus considérés comme de purs objets techniques mais intégrant plusieurs dimensions. Le projet aidera, enfin, à consolider la présence de la France dans le débat européen sur les digues, montrant qu'elle peut porter une réflexion nouvelle sur les conditions d'acceptabilité de solutions innovantes, définies au moyen d'une approche non uniquement économique ou sécuritaire.

COMMUNICATIONS :

- Bertrand F., Goeldner-Gianella L., Les systèmes d'endiguements littoraux en France entre adaptation et innovation, OCEANEXT, 2e Conférence internationale pluridisciplinaire 3-5 juillet 2019, Nantes.

- Goeldner-Gianella L., La dépoldérisation dans les marais littoraux d'Europe occidentale et de France : quelles entraves sociales et quelles solutions ?, Colloque international Adaptation des marais littoraux au changement climatique, 27-29/11/18, La Rochelle.
maraislittoraux.myportfolio.com/lydie-goeldner-gianella

- Gautier E., 2020. Digues, Interactions, Gestion, Usages, Environnement et Scénarios –Trajectoire d’une levée en milieu rural. Etablissement Public Loire, échanges recherche-gestion oct. 2020 / Intégration environnementale des infrastructures de protection contre les inondations.

- Gautier E., Ferradou L., Cavero J., Virmoux C., Douillard T., 2020. Trajectoires des systèmes d’endiguement – Le cas d’une levée ligérienne de milieu rural, 20e colloque des Zones Ateliers.

- Pernet A., 2020, « Sédimenter les expériences, des monts du Forez au Marais mouillé », Webinaire Le paysage au cœur des démarches participatives, réseau paysage Nouvelle-Aquitaine, 10 décembre 2020.

DIGUES (Digues, Interactions, Gestion, Usages, Environnement et Scénarios) : quelles transitions des systèmes d'endiguement maritimes et fluviaux au 21e siècle en France, entre usages, paysage, nature et protection ?

La France est à un tournant des relations que la société entretient avec ses digues maritimes et fluviales sur un linéaire de 9000 km. Longtemps considérée comme un objet technique de défense contre les eaux, la digue est aujourd'hui perçue selon un paradigme incorporant aussi les usages, la nature et le paysage. A partir de 2018, les collectivités locales prendront en charge la compétence de protection contre les inondations. Accompagner les acteurs locaux dans ce contexte changeant revient à entrecroiser de multiples enjeux et à réfléchir à des orientations variées de gestion des digues, parfois nouvelles en France, oscillant entre fermeture et ouverture, rehaussement et abaissement, artificialisation et renaturation. Cela oblige à considérer l'ensemble du système d'endiguement, i.e. la digue et le territoire endigué qu'elle protège. Nous avons comme objectif majeur l'établissement de propositions nouvelles relatives au devenir des digues et l'évaluation des conditions de faisabilité et d'acceptabilité de ces propositions. Celles-ci pourront prendre diverses orientations, souvent combinables, dans les domaines de la défense dure ou douce contre les eaux, de la gestion de la végétation, de la fréquentation et de la patrimonialisation. Ces propositions et leurs conditions seront livrées sous forme de scénarios de transition des systèmes d'endiguement. À partir de scénarios situés, établis en milieu fluvial (Loire, Marais Poitevin, Seine & Marne) et côtier (Dives, Veys, Authie), nous construirons des scénarios génériques et reproductibles au moyen de méthodes interdisciplinaires d'étude et de facilitation, mais aussi d'une collaboration avec les acteurs locaux et d'échanges de bonnes pratiques avec des ingénieurs anglais et zélandais. Du fait du défi qu'elle suppose, la construction même de ces scénarios constituera un objectif scientifique. Un 3e objectif consistera à tester des outils aidant à construire les scénarios : le jeu de rôle, la médiation paysagère, la comparaison et l'histoire. En termes de résultats, nous serons en mesure de caractériser les trajectoires possibles des systèmes d'endiguement et d'évaluer leurs degrés d'acceptabilité en fonction des types de population et de milieux, des enjeux concernés, des orientations possibles et de méthodes de facilitation. Nous pourrons aussi évaluer le caractère durable des systèmes d'endiguement dans les territoires, systèmes non plus considérés comme de purs objets techniques mais intégrant plusieurs dimensions. Le projet aidera, enfin, à consolider la présence de la France dans le débat européen sur les digues, montrant qu'elle peut porter une réflexion nouvelle sur les conditions d'acceptabilité de solutions innovantes, définies au moyen d'une approche non uniquement économique ou sécuritaire. Trois verrous seront à lever. Nous veillerons à ne pas transformer en handicap la diversité des sites, des discours et des approches en pratiquant la transversalité et en prévoyant des temps de croisement des résultats et d'élaboration des scénarios. Il s'agira de lever des verrous sociopolitiques en cas de crise hydrologique majeure ou face à une enquête ou des scénarios évoquant des techniques peu acceptées : il nous faudra faire comprendre que nos scénarios sont des propositions scientifiques dénuées d'a priori, et non des obligations. In fine il faudra passer de scénarios situés à des scénarios génériques. Ils seront reproductibles car nous déterminerons quelles variables conduisent en théorie à quel scénario, et quels scénarios sont envisageables dans un territoire, et à quelles conditions.

MOTS-CLEFS : digue, paysage, scénarios, approche multi-acteurs, interactions écosystèmes/sociosystèmes, gestion durable.
PARTENAIRES : LGP, LAREP, PRODIG, LADYSS, CRH, LIENSs

Coordination du projet

Lydie GOELDNER-GIANELLA (Laboratoire de Géographie Physique : Environnements Quaternaires et Actuels)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

LGP Laboratoire de Géographie Physique : Environnements Quaternaires et Actuels
LAREP Laboratoire de recherche en paysage
CRH-UMR8558 Centre de recherches historiques
LADYSS Laboratoire dynamiques sociales et recomposition des espaces
PRODIG Pole de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique
LIENSs Littoral, Environnement et Sociétés

Aide de l'ANR 509 998 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2018 - 48 Mois

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