Regarde qui parle: interaction entre le traitement des visages et la perception de la parole au cours de la première année de vie chez des nourrissons mono et bilingues Allemands et Français. – BabyFaceSpeech

Dès leur naissance, les nourrissons sont exposés à des visages parlant. Au cours de leur première année, ils vont devenir experts de leur langue maternelle ainsi que des visages du même type que celui de leurs parents (Européen/Asiatique). L’apprentissage de la langue maternelle s’appuie sur des informations auditives et visuelles. Bien qu’un parallèle soit souvent évoqué entre l’émergence de la parole et celle du traitement des visages, aucune étude systématique du développement de ces deux compétences cognitives n’existe. Notre but est de répondre à ce manque en étudiant l’interaction entre le traitement de la parole et des visages chez le nourrisson. Nous évaluerons dans quelle mesure l’affinage perceptif, qui existe pour la parole et les visages, module cette interaction et nous examinerons l’influence du bilinguisme. Afin de répondre à ces questions, nous présenterons des visages de différents types, et des sons de la en langue maternelle ou non à des nourrissons français et allemands, mono- et bilingues. Cette population de nourrissons exposés au même type de visage (européen) nous permettra d’étudier l’influence de la variation du type de visage et de la langue, en maintenant constant le type de visage ambiant. Nous nous proposons de décrire l’interaction des traitements de la parole et des visages à travers plusieurs séries d‘expériences. Nous évaluerons d’abord la modulation de l’intégration audiovisuelle chez les nourrissons lorsque les visages appartiennent à un type ethnique non familier et lorsque les enfants sont en environnement bilingues. On s’intéressera ensuite au rôle de la langue sur l’émergence du biais racial implicite chez le nourrisson. Nous essaierons tout d’abord de déterminer si la langue maternelle est plus susceptible d’être associée à un visage du type des parents qu’à un autre type et si cette association langue-visage influence le biais racial. Puis nous testerons l’effet du bilinguisme sur ce biais. Notre collaboration franco-germanique nous permettra de répondre efficacement à ces questions en étudiant deux populations uniformes sur le plan des visages mais possédant des langues typologiquement distinctes. L’ étude basée sur deux pays nous garantira un accès à une grande population d’enfants bilingues. Sur le plan théorique, notre projet permettra de mieux comprendre les interactions entre traitements de la parole et des visages au cours du développement et le rôle modulateur du bilinguisme sur l’affinage perceptif multimodal. Notre projet peut aussi avoir des retombées cliniques, en produisant des normes développementales du traitement de la parole et des visages nécessaires aux diagnostics plus précoces, adaptés à des populations d’enfants à risque de déficits langagiers ou de traitement des visages, comme la prosopagnosie ou la phonagnosie développementale. Ce projet aura aussi des retombées sociétales puisque nous décrirons certains facteurs pouvant influencer le développement du biais racial implicite.