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Les inégalités au travail: étudier les mécanismes locaux des inégalités au sein des entreprises françaises – ineq_at_work

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Les inégalités au travail: étudier les mécanismes locaux des inégalités au sein des entreprises françaises

Analyser les mécanismes des inégalités au travail

Le creusement des inégalités est devenu une source importante de préoccupations politiques, sociales et scientifiques au cours des dernières décennies. Bien que l’évolution des inégalités commence à être maintenant bien documentée dans de nombreux pays, on connait encore trop peu de choses sur leurs mécanismes sous-jacents. Dans ce projet, nous adoptons d’abord une approche contextuelle en se concentrant sur le milieu de travail en tant que principal lieu de production des inégalités. Les travaux dans cette veine soulignent en effet que l’évolution de la structure organisationnelle de la production a conduit à une polarisation croissante de la distribution des compétences entre les entreprises et à une accentuation des capacités de certaines parmi elles à attirer les revenus du marché. Ces évolutions ont poussé les travaux récents à s’intéresser aux composantes inter- et intra-entreprises des inégalités salariales. De plus, le milieu de travail n’est pas seulement une source principale d’inégalité en raison de son rôle productif ; il fonctionne aussi comme un «climat social» et un «contexte relationnel» qui agit sur la reproduction des inégalités. Deuxièmement, nous analyserons les inégalités au travail selon différentes dimensions (sexe, citoyenneté, éducation, profession, situation géographique, etc..). Étudier ces dimensions ensemble nous permet d’évaluer le rôle relatif de l’ascription/achievement dans les parcours individuels en France et d’examiner le degré de congruence à l’échelle de l’entreprise des différents facteurs inégalitaires.

Troisièmement, notre projet de recherche est comparatif et s’appuie sur une collaboration étroite avec un réseau international de recherche impliquant 11 pays ce qui nous permettra d’étudier les variations de l’inégalité au travail et d’analyser ses facteurs explicatifs dans différents contextes nationaux et institutionnels.
Pour atteindre ces trois objectifs, nous mobiliserons une diversité de données et de méthodes. Nous évaluerons le rôle du milieu de travail dans la production des inégalités en exploitant les données administratives à grande échelle (les données issues des Déclaration Annuelle de Données Sociales(DADS) liant les employeurs aux employés, données longitudinales issues des recensements, etc.). En plus des inégalités salariales, nous cherchons à mesurer l’effet du contexte de la firme sur les mécanismes inégalitaires de type «opportunity hoarding« et ce en produisant des données massives et nouvelles sur la discrimination à l’embauche en France. En utilisant les sites de recherche d’emploi en ligne, nous mènerons une étude de testing qui sera fusionnée avec des données au niveau de l’entreprise.

Les inégalités entre les établissements sont en augmentation dans la majorité des pays analysés et cette tendance est associée à l’affaiblissement de la protection institutionnelle du travail. En dépit de l’effet du sorting, les inégalités salariales entre les femmes et les hommes pour le même emploi au sein de la même entreprise (within job) restent importantes dans la plupart des pays (en moyenne 50% des inégalités brutes). La discrimination à raison du genre est en moyenne nulle dans le recrutement en France mais on mesure une très grande hétérogénéité selon la qualification des métiers et leur degré de féminisation. La discrimination à raison de l’origine maghrébine reste systématiquement élevée quel que soit le secteur d’activité et le niveau de qualification.

Les travaux comparatifs sur les inégalités dans l’entreprise seront poursuivis et affinés. Un article sur les inégalités entre travailleurs natifs et immigrés dans les 15 pays étudiés est actuellement en cours de rédaction. Les auteurs restent aussi concentrés sur le cas français et étudient les données DADS conjointement avec d’autres données pour analyser les mécanismes des inégalités salariales.

Les résultats des différents testings nous ont conduits à réfléchir sur les outils permettant de réduire les discriminations. Deux autres projets actuellement en cours permettent de mesurer les discriminations pour évaluer les politiques publiques existantes voire influer sur les décisions : 1) évaluer les formations “anti-discrimination” pour agir directement sur les biais des recruteurs à l’aide d’une expérimentation randomisée et 2) évaluer si cela est possible de réduire les discriminations à l’embauche en informant les entreprises qui discriminent sur leurs pratiques (via un testing).

Deux articles ont été publiés dans des revues interdisciplinaires de premier plan. Ils reposent tous les deux sur l’insertion de Mirna Safi et Olivier Godechot dans une large équipe internationale qui a harmonisé des données d’entreprises dans 15 pays différents. Un premier article a été publié en 2020 dans PNAS et un deuxième en 2022 dans Nature, Human Behavior. Trois autres articles ont été publiés dans des revues disciplinaires de premier plan et plusieurs autres articles sont rédigés, soumis ou en cours de soumission.

L’équipe a aussi mené une étude expérimentale de large envergure et plusieurs rapports ont été rédigés exposant les premiers résultats. Ces travaux permettent de mettre à jour les mesures de discriminations selon le genre, à raison de l’origine maghrébine et leur interaction et d’analyser leurs mécanismes. Des articles issus de cette étude expérimentale et destinés à des revues académiques sont en cours de préparation.

Le creusement des inégalités est devenu une source importante de préoccupations politiques, sociales et scientifiques au cours des dernières décennies. Bien que l’évolution des inégalités commence à être maintenant bien documentée dans de nombreux pays, on connait encore trop peu de choses sur leurs mécanismes sous-jacents. La contribution de ce projet à la recherche sur les inégalités est triple. Nous adoptons d’abord une approche contextuelle en se concentrant sur le milieu de travail en tant que principal lieu de production des inégalités. Les travaux dans cette veine soulignent en effet que l’évolution de la structure organisationnelle de la production a conduit à une polarisation croissante de la distribution des compétences entre les entreprises et à une accentuation des capacités de certaines parmi elles à attirer les revenus du marché. Ces évolutions ont poussé les travaux récents à s’intéresser aux composantes inter- et intra-entreprises des inégalités salariales. De plus, le milieu de travail n’est pas seulement une source principale d’inégalité en raison de son rôle productif ; il fonctionne aussi comme un «climat social» et un «contexte relationnel» qui agit sur la reproduction des inégalités. Deuxièmement, nous analyserons les inégalités au travail selon différentes dimensions (sexe, citoyenneté, éducation, profession, situation géographique, etc..). Étudier ces dimensions ensemble nous permet d’évaluer le rôle relatif de l’ascription/achievement dans les parcours individuels en France et d’examiner le degré de congruence à l’échelle de l’entreprise des différents facteurs inégalitaires. Troisièmement, notre projet de recherche est comparatif et s’appuie sur une collaboration étroite avec un réseau international de recherche impliquant 11 pays ce qui nous permettra d’étudier les variations de l’inégalité au travail et d’analyser ses facteurs explicatifs dans différents contextes nationaux et institutionnels.
Pour atteindre ces trois objectifs, nous mobiliserons une diversité de données et de méthodes. Nous évaluerons le rôle du milieu de travail dans la production des inégalités en exploitant les données administratives à grande échelle (les données issues des Déclaration Annuelle de Données Sociales(DADS) liant les employeurs aux employés, données longitudinales issues des recensements, etc.). En plus des inégalités salariales, nous cherchons à mesurer l’effet du contexte de la firme sur les mécanismes inégalitaires de type "opportunity hoarding" et ce en produisant des données massives et nouvelles sur la discrimination à l’embauche en France. En utilisant les sites de recherche d’emploi en ligne, nous mènerons une étude de testing qui sera fusionnée avec des données au niveau de l’entreprise. Notre projet sera ainsi le premier à fournir des preuves systématiques et approfondies sur les inégalités au travail en France, tant en termes de rémunération que d’accès à l’emploi.

Coordination du projet

Mirna Safi (FOND NAT DES SCIENCES POLITIQUES)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

FNSP FOND NAT DES SCIENCES POLITIQUES
CES - UMR8174 (UP1/CNRS) Centre d'économie de la Sorbonne

Aide de l'ANR 301 644 euros
Début et durée du projet scientifique : novembre 2017 - 48 Mois

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