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Analyse linguistique des noms de personnes grecs antiques : dictionnaire numérique et imprimé – LGPN-Ling

LGPN-Ling

analyse linguistique des noms de personnes grecs antiques.<br />Dictionnaire numérique et imprimé

Donner sens aux noms de personnes grecs antiques

Le principal objectif du projet est de donner sens aux quelque 35 000 noms différents portés par plus de 350 000 personnes grecques antiques ayant vécu dans l’ensemble du bassin méditerranéen, des débuts de l’époque alphabétique à l’époque byzantine, et connues essentiellement par les inscriptions. Ces personnes sont répertoriées dans le dictionnaire prosopographique en 8 volumes qu’est le Lexicon of Greek Personal Names (LGPN) d’Oxford (http://clas-lgpn2.classics.ox.ac.uk/cgi-bin/lgpn_search.cgi), auquel est adossé notre projet LGPN-Ling.<br /> <br /> Pour donner sens à ces noms ou anthroponymes, l’objectif est de faire leur analyse notamment linguistique, c’est-à-dire de rechercher leur étymologie et d’en déduire leur morphologie (forme exacte des bases de dérivation ou de composition et des suffixes ajoutés à ces bases). Cette analyse doit être faite directement en ligne, où chaque nom est dûment segmenté en bases et suffixes, en distinguant suffixes lexicalisant les bases et suffixes les convertissant en anthroponymes. <br /><br />Le projet doit aboutir aussi à un produit imprimé, sous la forme d’un dictionnaire étymologique des noms de personnes organisé comme le Dictionnaire étymologique de la langue grecque de P. Chantraine (1e éd. 1984): par familles étymologiques classées dans l’ordre alphabétique. Ce volume est destiné à remplacer les Historische Personennamen des griechischen de Fr. Bechtel (1917), livre rendu obsolète par l’accroissement des données et les progrès réalisés en linguistique. <br /><br />Le principal présupposé scientifique est l’étroite connexion entre lexique et onomastique anthroponymique, de sorte que le projet a aussi été conçu comme une extension au Dictionnaire de P. Chantraine qui, bien conscient de l’apport de l’onomastique à la connaissance de l’histoire des mots du lexique, avait dès son époque commencé à y faire figurer des noms de personnes.

L'analyse sémantique vise à rendre clairs étymologie, morphologie et signification de ces noms. Pour chacun, quelle que soit sa structure, essentiellement mono- ou di-thématique, la grille d'analyse procure les informations suivantes, dont certaines sont directement extraites de la base de données du LGPN d'Oxford:
(1-6) forme du nom en grec et en translittération, évaluation de sa productivité par le nombre de ses attestations, genre grammatical, aires dialectales et fourchette chronologique d'emploi.
(7-13) : analyse étymologique permettant sa segmentation morphologique en bases (de 1 à 3, préfixes compris) et suffixes proprement anthroponymiques (de 1 à 4).
(14-16) : structure grammaticale du nom, et, pour les composés, structure sémantico-syntaxique, pour distinguer entre leurs différents types ; sémantisme du radical pour le nom simple ou des radicaux pour le nom composé ; rapprochements avec les mots et éventuelles collocations corrélés, en grec historique, en mycénien ou dans toute autre langue, indo-européenne ou autre, en mettant à profit tous les types de sources (littéraires, épigraphiques et papyrologiques) ;
(17) : rapprochement du nom avec l’onomastique de l’environnement de l’individu qui le porte (théonymes, toponymes, hydronymes, noms de mois, de fêtes locales) ; une bibliographie onomastique complète l'ensemble.

1. L’un des résultats majeurs déjà observable est le suivant :
– les noms inscrits en alphabet grec, même rencontrés aux confins du monde grec, sont majoritairement de langue grecque plutôt que de langue minoritaire ;
–même l’hybridation entre bases de composés, notamment dans les zones de contacts interlinguistiques, n’est que faiblement représentée.
2. Il est frappant, même si typologiquement attendu, de voir à quel point tout mot du lexique est susceptible d’avoir été simplement converti ou dérivé en anthroponyme : près de la moitié des noms de personnes consistent en sobriquets faits le plus souvent sur des mots à base unique.
3. Le jeu des suffixes employés est alors déterminant puisqu’il permet seul de distinguer effectivement le nom de personne du mot : c’est le suffixe qui crée l’individu.
4. La composition nominale est l’autre sujet central dans le développement de notre projet.
C'est l'autre mode de formation, complémentaire de la dérivation suffixale, par lequel l'anthroponymie se distingue le plus du lexique. Cet aspect n'a pour l'instant pas encore donné lieu à publication sur le plan théorique, mais la richesse de la composition nominale, plus libre que dans le lexique, est patente.
5. Le travail en partenariat avec l'équipe de LGPN d'Oxford nous a fait comprendre, dès la présentation de lancement du projet ANR en novembre 2017 à Oxford, que l’étude du nom de personne avait à être autant onomastique qu'étymologique et morphologique: au stade actuel, il est en effet apparu, pour un tiers peut-être de notre corpus, que le contexte écologique au sens étymologique du terme (le milieu de vie de chaque individu porteur du nom, nécessairement en interaction avec son environnement, qui peut être reconstitué par l'étude de l'histoire politique, économique, sociale, religieuse et culturelle, et de la géographie principalement) éclairait, au moins autant que l'étymologie, sémantique et pragmatique de la dénomination personnelle.

Les 4 années de financement initialement demandé correspondent aux étapes successives de la recherche, dont l'organisation se conforme en partie à l'ordre alphabétique des anthroponymes, en commençant par ceux des HPN de Bechtel et en élargissant à ceux qui ont été répertoriés depuis dans les volumes du LGPN.
La première année a ainsi été consacrée aux lettres A-E (environ 7500 noms) ; la deuxième, à Z-L (environ 7500) ; la troisième année sera consacrée à M-S (environ 8000) et la dernière, à T-O (environ 7000). La progression pourra être d'autant mieux respectée qu'une fois qu'un radical a été traité, le renseignement des données devient automatique lorsqu'il réapparaît. Plus de 16.500 noms différents ont d'ores et déjà été analysés.

Le travail majeur qui sera mené dans la seconde partie du projet consistera, parallèlement aux éditions des noms des dernières tranches mentionnées, à rédiger le dictionnaire imprimé, c'est-à-dire à organiser les noms analysés sous leur lemme étymologique, conformément au schéma du dictionnaire de P. Chantraine.

Par ailleurs, un colloque final prendra place l’été 2021. Deux sujets sont envisagés : l’un, plus central, dans le cadre de ce projet, sur: composition nominale et onomastique anthroponymique; l’autre, plus marginal, puisqu’il concerne surtout les noms interlinguistiques: celui-ci pourrait prendre plutôt la forme d’une journée d’études, sur l’acculturation par le nom en zones de contacts interculturels.

Livres collectifs:
1. La suffixation des anthroponymes grecs antiques (770p.), 2017, éd. A. Alonso, L. Dubois, Cl. Le Feuvre, S. Minon, avec la collaboration d'Ed. Chiricat
2. Changing Names. Tradition and Innovation in Ancient Greek Onomastics, éd. R. Parker, Oxford, 2019 (avec la contribution de Jean-Sébastien Balzat, LGPN, et Dan Dana, laboratoire ANHIMA).
Articles parus:
1. Nieto, « Macédonien Agerros », REG 130, 2017, 723-728.
2. Dana, « Sur quelques noms daces de Tyras et d’Olbia du Pont », Voprosy Onomastiki 14 (3), 2017, p. 35-51.
3. Dana: supplément annuel en ligne (http://www.anhima.fr/spip.php?article1078) de son livre: Onomasticon Thracicum, Athènes, 2014.
4. Minon, « Amphidios Charillideo (Thasos, VIe s. a. C.) : un nom dérivé en -id-ios, un composé en -dios ou -idios ou un composé tronqué en -i-d-ios?», REG 131, 2018, 733-754.
5. Minon: notices onomastiques du Bulletin épigraphique de la REG: 2017 and 2018.
Articles remis, en cours de publication:
1. Minon, « D’Arsinoé à Theudagoras en passant par Akestokypros. Le projet LGPN-Ling de réfection de Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit de Friedrich Bechtel (HPN 1917) » (VIIe congrès de dialectologie grecque, Bâle, Lausanne, juin 2017; à paraître en 2020).
2. Minon, « De eschatia au neutre echtar, en passant par ek(s)tasis: béot. Echthatios et cyrén. Echthatian(?), deux noms ‘border-line’ » (remis en janvier 2019 pour les Mélanges Ch. de Lamberterie, éd. D. Petit et Cl. Le Feuvre, à paraître en 2020).
3. Minon, « De Babylone à l’Occident méditerranéen : le nom d’homme hellénisé sous la forme Zôpyros » (remis en mars 2019 pour les Mélanges R. Wachter, éd. F. dell Oro, M. de Vaan et A.Viredaz, à paraître en 2020)
4. Minon, « Dérivation en -a:- ou en -o- : critères distributionnels. Le cas des anthroponymes en Agora- vs -agoras, -êgoros », (colloque Dérivation nominale et innovations dans les langues indo-européennes anciennes, Rouen, 11-12 octobre 2018; à paraître en 2020).

Notre projet LGPN-Ling consiste à procurer un développement linguistique à la base de données prosopographique interrogeable en ligne du Lexicon of Greek Personal Names d'Oxford et à en extraire un dictionnaire imprimé qui remplacera "Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit" de Fr. Bechtel (HPN, 1917), aujourd'hui dépassé du fait de l'accroissement des données et des progrès réalisés en linguistique. Sur les environ 35.000 noms de personnes identifiés (350.000 individus répertoriés dans le LGPN), 30.000 peuvent être considérés comme assurément grecs.

L'analyse linguistique vise à rendre clairs étymologie, morphologie et sémantisme de ces noms. Pour chacun, quelle que soit sa structure, essentiellement mono- ou di-thématique, la grille d'analyse procurera les informations suivantes, dont certaines sont déjà fournies par la base de données d'origine : (1-6) forme du nom en grec et en translittération, évaluation de sa productivité par le nombre de ses attestations, genre grammatical, aires dialectales et fourchette chronologique d'emploi. (7-13) : analyse étymologique permettant sa segmentation morphologique en radicaux (de 1 à 3) et suffixes (de 1 à 4). (14-16) : structure grammaticale du nom, et, le cas échéant, sémantico-syntaxique, pour distinguer entre les différents types de composés ; sémantisme du radical pour le nom simple ou des radicaux pour le nom composé ; rapprochements avec les lexèmes et éventuelles collocations corrélés, en grec historique, en mycénien ou dans une autre langue, indo-européenne ou autre, en mettant à profit tous les types de sources (littéraires, épigraphiques et papyrologiques) (17) : une bibliographie onomastique complètera l'ensemble.

Trois registres indissociables et complémentaires motivent le projet : 1. Une recherche fondamentale inédite en même temps qu'innovante, d'intérêt à la fois scientifique et patrimonial ; 2. La formation d'étudiants à la recherche par la recherche dans le cadre d'un partenariat entre trois établissements et trois laboratoires de réputation internationale dans le domaine des sciences de l'Antiquité : l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, section des sciences historiques et philologiques, dans laquelle la coordinatrice est directeur d'études, l'Université Paris-Sorbonne, UFR de Grec et la Faculté de Classics de l'Université d'Oxford ; et l'UMR 8210 Anthropologie et histoire des mondes antiques (ANHIMA), l'UMR 8167 Orient et Méditerranée et The Stelios Ioannou School for Research in Classical and Byzantine Studies, Lexicon of Greek Personal Names ; 3. Une double valorisation de la recherche par la mise en ligne de données actives, interrogeables grâce au langage XML et au standard international d'encodage de la TEI, et l'extraction d'un dictionnaire imprimé.

Les 4 années de financement demandé correspondent aux étapes successives de la recherche, dont l'organisation se conformera en partie à l'ordre alphabétique des anthroponymes, en commençant par ceux des HPN de Bechtel. La première année sera consacrée aux lettres A-E (environ encore 7000 noms) ; la deuxième, à Z-? (environ 7500) ; la troisième, à ?-? (environ 7500) et la dernière, à ?-O (environ 8000). La progression exponentielle s'explique par le fait qu'une fois qu'un radical a été traité, le renseignement des données devient automatique lorsqu'il réapparaît.

Ce projet a été avalisé par l'IUF en 2014, par la nomination de sa coordinatrice comme membre, avec un soutien de 15000 euros annuels pendant 5 ans. Il a aussi reçu le soutien de l'équipe d'Oxford, sous la forme d'un an de financement (2015-2016) pour la construction de l'interface, l'étude de 1500 noms en A- et la préparation de l'interconnexion des deux bases de données et de leur interopérabilité. Les deux instruments, l'un numérique, l'autre imprimé, doivent être utiles à la communauté scientifique comme au grand public, dont l'intérêt pour les noms propres est d'ordre culturel et patrimonial.

Coordination du projet

Sophie Minon (Anthropologie et histoire des mondes antiques)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ANHIMA Anthropologie et histoire des mondes antiques
ANHIMA Anthropologie et histoire des mondes antiques
Orient et Méditerranée Orient et Méditerranée, textes - archéologie - histoire
LGPN Lexicon of Greek Personal Names
Orient et Méditerranée, textes - archéologie - histoire

Aide de l'ANR 324 326 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2017 - 48 Mois

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