Modulation et évaluation de la flexibilité mentale de l'opérateur de systèmes à risques – MODEX

Des recherches récentes en neuroergonomie et des bilans d'analyses en sécurité dans les systèmes à risques ont montré que les opérateurs pouvaient, dans certaines situations, présenter des troubles décisionnels par manque de flexibilité mentale. Des facteurs contextuels tels qu'une forte pression temporelle, un conflit ou une charge de travail élevée peuvent interférer avec les fonctions exécutives, processus cognitifs qui permettent le maintien d'une flexibilité mentale. Il est reconnu aujourd'hui que ces interférences au cours de situations critiques représentent la cause principale de nombreux accidents dans les systèmes à risques. Ces mêmes troubles s'observent de façon chronique et aggravée chez des patients ayant des lésions du lobe frontal et ce en l'absence de pression externe. Pour permettre à ces patients de retrouver une certaine flexibilité mentale, leur rééducation fonctionnelle passe par la pratique régulière d'exercices impliquant le contrôle exécutif, couplée ou non à des sessions de stimulation transcrânienne non invasive. Une des régions clés impliquée est le cortex préfrontal. De plus, de précédentes études ont montré qu’un gain de flexibilité mentale lors de tâches multiples et complexes requiert l’intégration dynamique de nombreuses régions cérébrales interconnectées à différents niveaux. Ces aires en coopération peuvent être sollicitées par une intervention multimodale, par exemple une tâche cognitivo-motrice couplée à une stimulation transcrânienne. Ainsi, la mise en place de telles modalités d'entraînements dans le domaine de la gestion des systèmes à risques pourrait permettre aux opérateurs de conserver une résistance aux interférences contextuelles.
Par conséquent, ce projet vise à élaborer de nouveaux paradigmes de flexibilité mentale et à évaluer leurs apports dans la gestion des situations critiques par rapport à la formation existante chez les opérateurs évoluant dans des systèmes à risques. Des modalités d'entraînements inspirées des domaines aéronautique et clinique ainsi que des outils de mesures objectives des modifications cérébrales à moyen terme que ces programmes peuvent induire, seront développés et validés.

Atteindre ces objectifs se fera par :

1. L'identification des réseaux cérébraux de la flexibilité mentale. Les paramètres des réseaux fonctionnels au repos et en activité seront comparés entre les patients ayant des lésions du lobe préfrontal et des personnes saines.
2. La quantification des effets induits par la passation de tâches multimodales sollicitant les fonctions exécutives couplées ou non à une stimulation transcrânienne corticale non invasive. Les variations comportementales (performances aux tâches) et cérébrales (paramètres des réseaux au repos et en activité) seront quantifiées.
3. L'évaluation du transfert d'apprentissage vers la conduite de systèmes à risques. L'activité de pilotage en situations critiques sera utilisée comme paradigme expérimental.
4. L'identification de marqueurs prédictifs de la flexibilité mentale. Les paramètres initiaux et individuels issus de méthodes de connectivité fonctionnelle au repos et en activité seront confrontés aux variations de flexibilité mentale après un entraînement adapté.

Ce projet vise un impact sur l'amélioration de la sécurité dans les systèmes à risques et des conditions de vie des patients cérébro-lésés, impact qui pourrait à terme, s'étendre plus largement à d'autres types de populations.