Utilisation de composés sémiochimiques combinée à de la protection physique pour concevoir un système de production écologiquement intensif. – ECO-PLUS

En 2050, la population mondiale atteindra les 9,1 milliards (FAO, 2009a). Pour nourrir cette population plus importante, plus riche et plus urbaine, la production agricole devra augmenter de 70 pourcent, ce qui cause de sérieux problème de sécurité alimentaire. L’augmentation de cette production viendra de l’augmentation des rendements et de l’expansion des terres agricoles. D’après la FAO, l’agriculture africaine a le plus grand potentiel de croissance (FAO, 2009b). La production de légumes est en pleine croissance pour nourrir les populations urbaines grandissantes des régions sub-saharienne. Pour augmenter le rendement, une solution est de diminuer l’impact des ravageurs. Or non seulement les insectes ravageurs sont très abondants dans les zones tropicales mais la résistance aux insecticides et l’arrivée de nouvelles espèces pose de gros problème en terme de contrôle. Or nous devrons produire plus mais également produire mieux. Aujourd’hui pour protéger les cultures horticoles contre les ravageurs, les producteurs africains utilisent surtout et de plus en plus les insecticides de synthèse qui polluent l’environnement et menacent la santé publique. Le projet ECO+ se propose de concevoir une méthode de protection horticole agroécologique, qui permettra de produire plus et mieux tout en limitant les impacts sur l’environnement. Ce projet a pour objectif de contribuer à la compréhension des interactions chimiques entre les plantes et les insectes qui servira de base pour proposer une méthode de protection des cultures horticoles qui soit agroécologique et adaptée aux conditions climatiques tropicales mais aussi et surtout profitable aux petits producteurs. Pour concevoir un système de production viable et durable, trois méthodes de protection seront comparées et combinées : la protection physique, la lutte biologique par conservation et la protection par les molécules sémiochimiques.
Ce projet se focalisera sur la tomate, qui est la culture horticole la plus cultivée au monde, et sur deux insectes invasifs en Europe et en Afrique : Tuta absoluta et Bemisia tabaci. Le comportement de recherche et de sélection de la plante hôte pour ces insectes sera étudié grâce aux outils de l’écologie chimique. Ces connaissances permettront de trouver des stimuli attractifs et répulsifs afin de créer un système push-pull manipulant la distribution des insectes. La lutte biologique par conservation et la protection physique viendront en complément afin de réduire l’abondance des populations de ravageurs. Les régulations biologiques seront favorisées en étudiant les interactions chimiques entre l’auxiliaire et le ravageur mais également entre l’auxiliaire et les plantes. Enfin l’impact de l’utilisation d’un filet sur l’abondance des ravageurs mais également des auxiliaires sera étudié, qu’il soit non traité ou traité par un composé sémiochimique. Pour évaluer l’amélioration du rendement, de l’impact sur l’environnement et de la faisabilité de la technique, une analyse de cycle de vie de la production de tomate ainsi qu’une analyse socio-économique seront faites en comparant un système traditionnel au système agro écologique intensif.
La mise en évidence qu’un système de production plus respectueux de l’environnement permet de produire autant voire plus permettrait de faire changer les opinions et pourrait favoriser certaines politiques agricoles en faveur de l’environnement.