DS0804 -

Bias d'auto-évaluation de sa compétence scolaire: risques et opportunités pour le succès du parcours académique future? – SchoolBias

Surestimer sa compétence : un atout pour l’adaptation scolaire

Un problème souvent évoqué dans les rapports de l’OCDE est la présence de croyances négatives de compétence chez certains élèves qui peuvent être un frein à l’acquisition des apprentissages fondamentaux indispensables à leur avenir scolaire. Le programme SchoolBias s’est focalisé sur cette difficulté. Il visait à étudier la dynamique des jugements biaisés négativement ou positivement que les élèves ont de leur propre compétence scolaire et de leurs effets sur les apprentissages fondamentaux.

Les biais d’auto-évaluation dans les apprentissages fondamentaux et leur relation avec la réussite et l’adaptation scolaire

Les croyances de compétence peuvent être chez certains élèves un frein et chez d’autres un atout pour l’acquisition des apprentissages fondamentaux indispensables à leur avenir scolaire et social. Le programme SchoolBias s’est focalisé sur les jugements que les élèves ont de leur propre compétence scolaire, en particulier sur la différence entre leur potentiel réel et l’évaluation qu’il font de leur compétence. Cette différence rend compte du biais d’auto-évaluation de compétence scolaire. Ce biais peut être positif (surestimation de sa compétence scolaire) ou négatif (sous-estimation). Le programme comprend deux niveaux d'analyse distincts. A un niveau intra-individuel (élève), il s’agissait de recueillir des informations sur la dynamique des biais d’auto-évaluation de compétence scolaire (positif et négatif) et leurs effets sur les apprentissages fondamentaux à différents niveaux de la scolarité. A un niveau inter-individuel (jugement de l'enseignant), nous avons étudié comment les enseignants jugeaient les élèves ayant une évaluation biaisée, positive ou négative, de leur compétence scolaire. Enfin, nous avons étendu l’examen de l’impact de ces croyances à d’autres cultures.

Dans le cadre du programme SchoolBias 22 études ont été réalisées, toutes conduites en situation ordinaire de classe. Ces études ont impliqué plus de 5000 élèves de niveaux scolaires variés (de l’école élémentaire au collège) et plus de 200 enseignants.
Ce programme repose sur l’articulation de méthodologies mixtes quantitatives et qualitatives. Les études ont combiné aussi bien des approches longitudinales (analyses de trajectoires développementales) et transversales que des devis expérimentaux et corrélationnels. Nous avons aussi utilisé une méthode d’entretiens cognitifs structurés adaptée aux enfants afin d’analyser les schémas de pensée des élèves biaisés positivement et négativement après avoir rappelé une situation de réussite et/ou d’échec. Examiner les croyances de compétence des élèves dans différentes cultures (Chine, France, Québec et Russie) a également nécessité de mobiliser une méthodologie de validation transculturelle des échelles et du matériel utilisé. Les études ayant impliqué plus de 5000 élèves de niveaux scolaires variés (de l’école élémentaire au collège) et plus de 200 enseignants, la réussite du programme a reposé sur la coordination avec le partenaire institutionnel, le rectorat de l’académie de Grenoble.

Les résultats soulignent clairement que, toutes choses égales par ailleurs, surévaluer sa compétence scolaire est bénéfique à l’élève alors que la sous-estimer est délétère pour son adaptation scolaire. Au niveau intra-individuel, les élèves qui se surestiment sont plus motivés, s’auto-régulent bien, sont plus actifs dans leurs apprentissages et réussissent mieux que leurs pairs biaisés négativement. Au niveau inter-individuel, apparaissant plus en conformité avec les attentes du système scolaire, les enseignants leur accordent une plus-value et les jugent mieux que les autres. Ce pattern se retrouve aussi dans d’autres systèmes culturels. Enfin, nous avons aussi observé que les enseignants ne sont pas vraiment en mesure d'identifier correctement les élèves ayant des préjugés positifs et négatifs.

Ce travail invite les acteurs du milieu éducatif à mieux saisir la complexité des évaluations de soi des élèves et leur implication dans les apprentissages des élèves et le jugement des enseignants. Il ouvre aussi des pistes de réflexions pour améliorer la prise en charge des élèves ayant des perceptions irréalistes négatives d’eux-mêmes.

Au-delà des communications scientifiques présentées dans des congrès (inter)nationaux et des publications réalisées ou en cours d’évaluation, nous avons, avec le concours de l’Académie de Grenoble, accordé une place particulière à la communication des résultats du projet auprès des professionnels de l'éducation, par exemple lors des Journées de l’Éducation Prioritaire de l’Académie de Grenoble. De nouvelles actions sont envisagées, comme par exemple pour 2022, la création de ressources numériques à destination des enseignants.

A suivre les conclusions de PISA (2012), un des problèmes majeurs auquel le système éducatif français est confronté semble être l’élaboration de croyances négatives de compétence chez certains élèves et, corollairement, le fait de ne pas arriver à leur faire acquérir les apprentissages fondamentaux indispensables à leur avenir scolaire et social. Ce programme de recherche se situe précisément à ce niveau. Il vise à étudier les jugements que les élèves ont de leurs propres compétences scolaires et leurs effets sur les apprentissages fondamentaux en français (e.g., langage, lecture et écriture) et en mathématiques (e.g., calcul, raisonnement logique). Dans ce projet, nous considérons la différence entre le potentiel réel de l'élève (mesurée à partir de tests standardisés) et l’auto-évaluation de sa compétence scolaire (potentiel subjectif), cette différence rendant compte du biais d’auto-évaluation de compétence scolaire (voir pour revue, Bouffard et Narcisse, 2011; Bouffard, Pansu, & Boissicat, 2013). Ce biais peut être positif (surestimation de sa compétence scolaire) ou négatif (sous-estimation de sa compétence scolaire) et plus ou moins important. L'objectif du présent programme comprend deux niveaux d'analyse distincts. Premièrement, à un niveau intra-individuel (l’élève), il s’agit de recueillir des informations sur la dynamique des biais d’auto-évaluation de compétence scolaire (positif et négatif) et leurs effets sur les apprentissages fondamentaux à différents niveaux de la scolarité. Pour ce faire, nous suivrons deux groupes d'âge sur un plan longitudinal : 9-12 ans et 15-18 ans. Nous étudierons la manière dont l’auto-évaluation de compétence scolaire des élèves se forme ou se reforme à chaque étape de la scolarité. Nous examinerons également pour qui, quand, et comment le biais d’auto-évaluation de compétence scolaire affecte les apprentissages fondamentaux et les performances en français et en mathématiques. Deuxièmement, à un niveau inter-individuel (le jugement de l'enseignant sur l'élève), nous étudierons comment les enseignants perçoivent les élèves ayant un biais d'auto-évaluation de compétence scolaire (positif ou négatif) comparativement à ceux qui ne présentent pas un tel biais. Cela nous conduira à examiner la relation entre le biais d'auto-évaluation de compétence scolaire de l’élève et l'évaluation correspondante des enseignants. À ce jour, si des résultats récents suggèrent que les jeunes élèves qui surestiment leurs propres compétences sont évalués plus positivement par leurs enseignants et ceux qui les sous-estiment sont évalués de façon plus négative, cette question doit être clarifiée et vérifiée à chaque étape de la scolarité. Pour ces raisons, nous allons examiner comment et dans quelles conditions les biais d'auto-évaluation de compétence scolaire peuvent conduire les enseignants à émettre des jugements plus ou moins favorables sur leurs élèves. Enfin, la généralisation interculturelle de ces résultats aux niveaux intra et inter-individuels sera prise en compte dans le présent programme. Cela nous permettra de vérifier les corrélats des biais d’auto-évaluation de compétence scolaire et leur perception d'une culture à une autre. En conclusion, ce programme de recherche vise une meilleure compréhension de la dynamique du biais d’auto-évaluation de compétence scolaire chez certains élèves et de la manière dont cette auto-évaluation biaisée agit dans les apprentissages aux niveaux intra-et inter-individuels. Sur un plan pragmatique, les nouvelles connaissances issues de ce programme de recherche pourront contribuer à guider les réflexions sur les pratiques d'enseignement et améliorer ainsi l'efficacité des acteurs du système éducatif français.

Coordination du projet

Pascal Pansu (Laboratoire des Sciences de l'Education)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Rectorat de l'Académie de Grenoble Rectorat de l'Académie de Grenoble / Inspection de l'Education Nationale Haut Grésivaudan
URAMAS Unité de Recherche sur l'Affectivité, la Motivation et l'Apprentissage Scolaires, Université du Québec A Montréal
LSE - U-GRENOBLE ALPES Laboratoire des Sciences de l'Education
CLLE-LTC / CNRS Midi Pyr. Cognition, Langues, Langage, Ergonomie-Laboratoire Travail et Cognition

Aide de l'ANR 128 991 euros
Début et durée du projet scientifique : octobre 2016 - 36 Mois

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