Encoder et transmettre des savoirs avec une ficelle : étude comparée des usages culturels de pratiques mathématiques dans la réalisation de figures de fil (Océanie, Amérique du Nord, Amérique du Sud). – ETKnoS

Ce projet porte sur la pratique qui consiste à exécuter, avec les doigts, une succession d’opérations engendrant l'obtention d'une figure à partir d'une boucle de fil. Connue dans de nombreuses sociétés de tradition orale (océaniennes et américaines notamment), et souvent identifiée comme une activité ludique, cette pratique des "jeux de ficelle" met en œuvre à la fois des séquences gestuelles assimilables à des algorithmes et l'énonciation de termes voire de récits (ou récitatifs) spécifiques. L'objectif général du présent projet est de saisir les dimensions mathématiques de cette pratique (et notamment les expressions d'une rationalité mathématique associée à celle-ci), en la considérant dans ses inscriptions dans des contextes culturels (et linguistiques) particuliers. Inscrite dans une double perspective ethnomathématique et anthropologique, et fondée sur la réalisation d'ethnographies et d'analyses ethnolinguistiques dans des sociétés océaniennes (Vanuatu, Iles Trobriand), sud-américaines (Mapuche, Guarani-Ñandeva) et nord-américaines (principalement chez les Inuit), l'étude proposée vise plus spécifiquement à interroger les relations entre les séquences opératoires (procédures, sous-procédures) et les termes (oralité) liés à leur réalisation, afin de mieux comprendre en quoi la pratique des jeux de ficelle constitue/-ait, dans ces sociétés, un mode d'organisation et de transmission de savoirs (mythologiques, cosmologiques, sociologiques, géographiques...), impliquant l'usage de concepts mathématiques.