DS0802 -

LES CRIMES DE GUERRE NAZIS DANS LE PRÉTOIRE- EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE 1943-1991. ENTRE CONDAMNATION DE LA VIOLENCE ET VOLONTE DE RECONCILIATION NATIONALE – WW2CRIMESONTRIAL1943-1991

WW2CRIMESONTRIAL1943-1991

Les crimes nazis en procès, Europe orientale, 1943-1991

Faire une histoire à parts égales des procès publics est-européens

Les innovations pénales initiées par le procès de Nuremberg en 1945-1946 ont fait l’objet de nombreuses études tant dans le champ du droit international que de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. En élargissant le périmètre aux pays de l’Europe centrale et orientale et à la Russie, et la période étudiée de 1943 à 1991, le projet vise à révéler les éventuelles singularités des trajectoires politiques, sociales et symboliques des procès publics est-européens envisagés pour la première fois sur une durée longue, au regard de leurs homologues ouest-européens. Une attention particulière est ainsi portée aux divers acteurs qui coproduisent l’action judiciaire et les récits que cette dernière contribue à promouvoir dans l’espace public au sein des pays étudiés comme à l’étranger. La toile de fond sur laquelle se détachent ces événements n'est pas négligée. La recherche revient sur la notion « d’événements-écran » souvent appliquée aux procès politiques, en approfondissant le questionnement portant sur les fonctions, usages, (ré)appropriation des procès publicisés dans l’ensemble des procédures visant les criminels de guerre. Dans le même temps, il s’agit d'envisager des circulations entre Est et Ouest : de modèles juridiques, de cadres normatifs, de pratiques et d'imaginaires de la justice, mais aussi, plus concrètement d'hommes, de preuves et documents, de récits.

La recherche combine trois approches principales. Une approche politique et judiciaire, par pays étudié : il s'agit d'identifier, sur cinquante ans, les enjeux politiques mouvants de ces procès publics / médiatisés, mais aussi d'examiner les lois et dispositifs mis en place. Une attention particulière est accordée aux années 1958-1970, théâtre d'une nouvelle vague de procès dans plusieurs pays de l'Est mais aussi d'un affrontement Est / Ouest au sujet du sort à réserver aux criminels nazis (et leurs complices) encore impunis. Une approche sociale et culturelle : quels individus, groupes, professionnels et institutions sont impliqués dans l'organisation de ces procès ? Quelle place est accordée aux procès dans l'espace public de ces pays, qu'il s'agisse de la sphère publique officielle « acclamative », des sphères publiques de niveau intermédiaire ou des niches de dissidence ? Quels récits de la Seconde Guerre mondiale et quels portraits de ses victimes et de ses bourreaux dessinent-ils, notamment par l'intermédiaire des médias et des arts ? Une approche transnationale : au-delà de l'affrontement Est-Ouest sur cette question, qu'il importe d'analyser en détails et dans une grande rigueur chronologique, quelles coopérations, circulations peut-on observer tant à l'intérieur du bloc soviétique qu'entre ce dernier et d'autres acteurs internationaux ?
Ces trois approches seront conduites dans un dialogue constant avec l'historiographie des procès tenus à l'Ouest (Europe, Israël, Etats-Unis, Canada, Australie)

Le projet aboutira à la création d'un site multimédia en anglais abritant une base de données établie à partir du dépouillement d'une trentaine de journaux, son analyse cartographique, des notices analytiques de ces journaux, des études de cas, des focus thématiques, et trois créations sonores élaborées par un.e historien.ne et une réalisatrice. Plusieurs publications scientifiques, principalement en anglais, sont en préparation. Une collection de films de procès est-européens est en constitution à la BNF, des projections commentées seront organisées.

Le projet pourra être déployé dans d'autres espaces que ceux précédemment cités : par exemple dans le documentaire historique, dans la formation des enseignants, etc.

3 articles dans des revues à comité de lecture
5 chapitres d’ouvrage
2 Communications (conférence)

Les innovations pénales initiées par le procès de Nuremberg en 1945-1946 ont fait l’objet de nombreuses études tant dans le champ du droit international que de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. L’historiographie des épurations occidentales a de son côté enregistré depuis trente ans un profond renouvellement, croisant approches nationales, régionales et continentales et s’intéressant aussi bien aux logiques politiques et juridiques de ces processus qu’à leurs dimensions socioculturelles. Notre connaissance d’un phénomène déployé à l’échelle mondiale souffre néanmoins d’un déséquilibre persistant, malgré l’ouverture des archives est-européennes dans les années 1990 et la publication de quelques travaux, entre Europe de l’Ouest et Europe de l’Est. En s’appuyant sur un corpus de sources incluant dossiers policiers et judiciaires, archives des institutions politiques de différents niveaux et médias textuels comme audiovisuels, ce programme propose de restituer la partie est-européenne d’une histoire écrite jusqu’à lors d’un point de vue occidental négligeant souvent les circulations transnationales et l’expérience de sortie de guerre encore douloureusement actuelle des pays de l’Est.
En élargissant le champ géographique aux pays de l’Europe centrale et orientale et à la Russie, et chronologique, en couvrant la période s’étendant de 1943 à 1991, l’objectif est de mettre en évidence les éventuelles singularités des trajectoires politiques, sociales et symboliques des procès publics est-européens envisagés pour la première fois sur une durée longue, au regard de leurs homologues ouest-européens. Dans le même temps, il s’agira de questionner la possible circulation Est-Ouest (et inversement) des modèles juridiques, des cadres normatifs et des imaginaires de la justice. Une équipe de spécialistes des pays concernés, dont un coordinateur à temps plein sur le programme, procèdera aux recherches, à la supervision de la collecte des données, et s’investira activement dans les rencontres scientifiques du projet mais aussi dans la dissémination des résultats au moyen de quatre livrables complémentaires, s’adressant à différents publics.
Le choix de traiter de façon privilégiée les procès tenus en public ou évoqués dans la presse vise à interroger cet objet d’étude dans ses dimensions juridiques, politiques, sociales et mémorielles, notamment dans les relations internationales. Une attention particulière sera ainsi portée aux divers acteurs qui coproduisent l’action judiciaire et les récits que cette dernière contribue à promouvoir dans l’espace public au sein des pays étudiés comme à l’étranger. La toile de fond sur laquelle se détachent ces événements ne sera pas négligée ; la recherche questionnera la notion « d’événements-écran » souvent appliquée aux procès politiques et fera saillir la singularité des procès "publicisés" dans l’ensemble des procédures visant les criminels de guerre présumés.
À cette fin, le projet consiste d’abord à établir un inventaire des procès "publicisés" de l’espace est-européen de 1943 à 1991 afin d’en dessiner une cartographie diachronique et d’en dégager les temporalités politiques et judiciaires. Le deuxième axe porte sur la "publicisation" des procès, les aspects sociaux de leur production et de leur réception. Il s'attachera à analyser les processus d'élaboration de récits publics sur la guerre et couvrira la multiplicité d'acteurs impliqués à différentes échelles. Enfin, le dernier axe s’intéressera aux rapports entre la question des criminels de guerre et les relations internationales. On écrira une histoire des circulations des hommes et des documents, ainsi que des pratiques et représentations au sein du bloc de l’Est, mais également au-delà. Le programme rendra ainsi possible une analyse inédite des usages politiques du passé de guerre dans les relations internationales.

Coordination du projet

Vanessa Voisin (Centre d'étude des mondes russe, caucasien et centre-européen)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNRS Centre d'étude des mondes russe, caucasien et centre-européen
CNRS DR PARIS B Centre d'étude des mondes russe, caucasien et centre-européen

Aide de l'ANR 344 957 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2016 - 48 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter