Géopolitique de la lutte contre l’étalement urbain – GELULE
Le projet GELULE vise à analyser les modalités de diffusion et de mise en œuvre de « bonnes pratiques » en matière de développement urbain durable ainsi que leurs enjeux et les tensions politiques, économiques et sociales qu’elles impliquent. La lutte contre l’étalement urbain peut en effet être interprétée et mise en œuvre de diverses manières. Elle s’incarne dans la diffusion internationale d’un ensemble de mesures variées, aux effets parfois imprévus, voire contradictoires. Par ailleurs, dans cette diversité se logent de nombreuses possibilités de servir certains intérêts plutôt que d’autres, de construire des compromis ou de cristalliser des oppositions.
Plus précisément, si la lutte contre l’étalement urbain est souvent présentée comme une action purement technique, l’hypothèse centrale du projet GELULE est que sa mise en œuvre est le produit de conflits et de compromis entre des acteurs variés, et que ses effets, qui dépassent largement la seule question environnementale, offrent un angle particulièrement pertinent pour analyser la fabrique, souvent contradictoire, de la métropole contemporaine. Par ailleurs, les dynamiques de l’étalement urbain varient profondément selon les contextes, conduisant les stratégies visant à limiter le phénomène à affecter des acteurs et des groupes variés, et produisant en retour des politiques urbaines elles-mêmes hétérogènes quant à leur contenu et leur finalité et débouchant souvent sur des effets inattendus. Le projet GELULE propose dès lors de mobiliser une approche par la géopolitique de l’aménagement du territoire, inspirée entre autres des travaux de Philippe Subra. La lutte contre l’étalement rencontre en effet des gouvernements locaux. Face à une injonction qui les dépasse, ceux-ci réagissent de manière diverse en fonction de leurs intérêts, des alliances qu’il leur est possible de nouer et des rapports de force qu’ils peuvent constituer. Le projet interrogera donc tant les inputs que les outputs de la lutte contre l’étalement urbain. Il examinera également, en termes théoriques et normatifs, ce que peut être le droit à la ville pour des habitants d’espaces d’« entre-deux », qui revendiquent une part d’identité campagnarde. Il s’intéressera ainsi aux tensions et contradictions entre ce que pourraient être les droits des périurbains et les exigences de lutte contre l’étalement urbain.
Pour investiguer ces questionnements, GELULE propose de contextualiser et comparer la lutte contre l’étalement urbain en analysant finement quatre terrains contrastés, deux au Nord (Lyon et Saint-Étienne) et deux au Sud (Rabat-Salé-Témara et Casablanca). Cette approche permettra à l’équipe du projet, qui mêle expertise urbaine et expertise rurale, de prendre en compte l’ensemble des échelles de diffusion et de mise en œuvre (internationale, nationale, locale) de la lutte contre l’étalement urbain. Mobilisant une équipe pluridisciplinaire (science politique, géographie, urbanisme, sociologie et économie) composée de jeunes chercheurs français et marocains encadrés par des chercheurs plus expérimentés, le projet utilisera une méthode mixte (quantitative et qualitative) pour analyser les effets prévus ou non de la lutte contre l’étalement urbain.
Coordination du projet
Max Rousseau (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement)
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Partenaire
CIRAD Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Aide de l'ANR 313 998 euros
Début et durée du projet scientifique :
October 2016
- 36 Mois