DS0801 - Rapport au risque et innovation sociale

Risque systémique et Grande Dépression en France dans les années 1930 – SYSRI-30

SYSRI-30 Risque systémique dans les années 1930

Risque Systémique et la grande Dépression en France pendant les années 1930s / Ce projet étudie par une approche interdisciplinaire les causes et les conséquences économiques et financières des crises bancaires des années 1930 en France, avec une attention particulière à l’action de la Banque de France et à son impact sur la gestion des crises. L’étude se fonde principalement sur l’exploitation d’une base de données originale sur les bilans des banques françaises

Comprendre et gérer les crises bancaires

La défaillance dans la gestion des risques bancaires mine la résistance de la société et des citoyens face à des chocs futurs ainsi que leur aptitude à innover. Ce projet se propose d’étudier par une approche interdisciplinaire les causes et les conséquences économiques et financières des crises bancaires des années 1930 en France, avec une attention particulière aux modifications des représentations de la finance et à leur impact sur la gestion des crises. L’étude se fonde sur l’exploitation qualitative et quantitative de sources archivistiques. Les sources françaises permettent la construction d’une base de données originale qui, adossée à l’Equipex DFIH, rend possible les premières études quantitatives d’envergure sur ce sujet. Ces travaux non seulement renouvellent l’historiographie française en la matière mais feront également contrepoids à la recherche centrée sur les Etats Unis qui domine jusqu’ici le débat sur la gestion des crises, dans la perspective d’un projet européen.

Ce projet se développe sous l’égide des sciences sociales digitales: il rallie historiens, économistes et informaticiens.
Les informaticiens ont développé outils digitaux pour collecter de façon efficace les données à partir de sources historiques. En se fondant sur les techniques de reconnaissance automatique des caractères, ils ont développé un logiciel d’extraction des noms et des adresses des banques et des banquiers français à partir d’annuaires des professions. Par ailleurs, ils ont mis à point des masques de saisi pour accélérer la collecte de données (bilans bancaires et données sur les insolvabilités bancaires) à partir de sources manuscrites.
La littérature empirique et théorique montre que différentes variables peuvent agir sur stabilité bancaire, mais d’abord la structure bilancielle des banques : en bref, une liquidité et des ratios capitalistiques élevés peuvent rendre une banque plus robuste, mais réduire sa capacité de financement de l’économie. En outre, les règles de gouvernance (déjà renseignées dans la base de l’Equipex DFIH) peuvent empêcher une banque d’assumer des risques excessifs. L’économétrie de panel est mobilisée pour analyser ces dimensions. Une analyse quantitative et qualitative spécifique sera menée sur l’action de la Banque de France pendant les périodes de crise. Les réseaux d’administrateurs qui relient (ou pas) banques et industrie peuvent expliquer la relative faiblesse d’une banque. Networks analysis and économétrie de panel sont mobilisés pour capturer ces dimensions.
L’analyse qualitative de la littérature et des archives éclaire les institutions. Malgré l’absence de régulations bancaire en France pendant la période, d’autres règles peuvent jouer un rôle (système fiscal, loi sur les faillites, jurisprudence, accès aux fenêtres d’escompte). Les représentations de la finance qui se forment à la suite de crises bancaires et financière sont étudiées par une approche qualitative.

Suite à la construction d’une base de données originale constituée des bilans de près de 500 banques de 1910 à 1939, des premiers résultats importants émergent et remettent en cause l’histoire traditionnelle de la crise bancaire des années 1930 en France. L’opinion commune est que la France a échappé à la crise financière des années 1930, au contraire de l’Allemagne et des États-Unis par exemple. Les premières analyses de SYSRI montrent au contraire que si les principales banques de dépôts ont maintenu leur activité pendant la crise, le reste du système bancaire a quant à lui fait l’expérience d’un choc majeur entraînant une baisse drastique des crédits à l’économie. L’économie française a donc été fortement et durablement affectée par une crise bancaire commencée en 1929-1931.

Les principaux objectifs du projet de recherche sont multiples. Tout d'abord, nous évaluons l’ampleur de la crise en étudiant où ont été placés les dépôts retirés du système bancaire. Ensuite, nous étudions les déterminants des défaillances bancaires et essayons d'évaluer si les expositions interbancaires, les ratios de liquidité ou les ratios de capital étaient associés aux faiblesses individuelles des banques. Enfin, nous étudions le rôle de la banque centrale lors de la crise bancaire. La principale question est de comprendre pourquoi la banque centrale n'a pas sauvé une partie du système bancaire.

La principale production à ce stade a été la construction de la base de données des bilans bancaires. Les premiers résultats du projet ont fait ou feront objet de présentation à la Federal Reserve Bank of St Louis, à la Business History Conference à Baltimore, et au Congrès Mondial d’Histoire Economique à Boston.
Deux principaux logiciels ont été développés dans le cadre de ce projet. L’un permet la saisie manuelle des bilans comptables des banques et banquiers et leur réélaboration selon un plan comptable homogène dans la base de l’Equipex DFIH. L’autre logiciel, actuellement en phase de test, permet la saisie automatisée de données sur les banques et banquiers durant l’entre-deux-guerres, en vue de constituer une démographie bancaire. Il s’appuie sur une technique de reconnaissance optique des caractères (OCR). Les test de saisie automatique sont actuellement très concluants. Un succès notable du projet a été l’organisation de la conférence internationale Building up Historical and Financial Databases tenue à PSE en avril 2016. Celle-ci a entraîné la formation d’un consortium en vue de la soumission du projet EURHISFIRM dans le cadre du programme INFRADEV - H2020. Cette soumission a été fructueuse et la première tranche de financements européens a été obtenue. Porté par le coordinateur de cette ANR et par l'institution qui l’administre, le projet européen voit parmi ses protagonistes, les autres membres du comité de pilotage de cette ANR, ainsi que d’autres de ses membres.
Les trois publications des membres du projet portent notamment sur les pratiques comptables et le rôle de la dette publique pendant l’entre-deux-guerres.

Ce projet vise à étudier, en se fondant sur une approche interdisciplinaire concrète, les crises bancaires pendant la Grande Dépression en France, leur impact sur la croissance à niveau national et local, ainsi que la gestion du risque systémique de la part des autorités monétaires, à travers une exploitation quantitative et qualitative des sources primaires et secondaires. La défaillance dans la gestion des risques bancaires mine le bien-être des citoyens, affaiblit leur résistance face à des chocs futurs, suscite méfiance vis-à-vis de décideurs et académiques. Les crises bancaires affectent ainsi la capacité à innover et l’ouverture de la société, tentée par le repli et le refus des défis que des changements rapides et globaux lui imposent.
En réunissant historiens, économistes, sociologues, experts en comptabilité et informaticiens, ce projet propose de mener, pour la première fois en Europe, une étude systématique des crises bancaires d’un pays pendant la Grande Dépression, sujet jusqu’ici dominé par la littérature sur les Etats Unis. On sait ce que, aux États-Unis, les réponses à la crise financière actuelle doivent à l’étude de la crise bancaire des années 1930. L’absence d’études systématiques en Europe peut amener les décideurs à projeter sur le Vieux Continent les résultats des recherches étasuniennes, sans évaluer les spécificités des deux continents. Pour étudier ce sujet, l’équipe de recherche construit des jeux de données originaux qui, fusionnés avec les données déjà contenues dans la base de données DFI-H, constitueront un ensemble de données comparable à celui étasunien et permettra pour la première fois des études quantitatives d’envergure. D’autre part, l’analyse qualitative des sources primaires et secondaires permettra de découvrir le fonctionnement concret du système bancaire et les relations de pouvoir entre les parties prenantes qui président aux décisions des autorités.
Ce projet bénéficie des données de l’Equipex DFI-H, mais aussi de ses équipements déjà en place et de ses méthodes innovantes de digitalisation des sources. Il coopère avec les TGIR Progedo et Huma-Num pour disséminer les données collectées et mettre en ligne les images des sources. Le projet vise différents publics auprès desquels valoriser ses résultats. D’abord, il informe les décideurs engagés dans le débat sur la gestion du risque systémique, notamment à travers des présentations aux séminaires et conférences organisés par les banques centrales de l’Eurosystème, par les liens institutionnels de l’Ecole d’Economie de Paris avec la Banque de France et par l’affiliation de certains membres de ce projet à cette institution. Il dissémine ses résultats par des présentations à conférences internationales et des publications dans les meilleures revues. Il communique à la société civile les résultats par un site web ad hoc documenté. Finalement, il contribue aux formations de l’enseignement supérieur en prédisposant une documentation adaptée aux étudiants universitaires, sans oublier de préparer des supports pour les étudiants de terminal.
Le porteur de ce projet a acquis une significative expérience de gestion dans le cadre de l’Equipex DFI-H. Ses recherches portent sur les systèmes financiers italiens et français au XIX et XX siècle. Sa méthode, fondée sur l’exploitation de sources primaires (il a co-rédigé le répertoire des archives des bourses de Paris et Lyon), est centré sur l’étude du fonctionnement concret des institutions financières et des interactions qui les lient à travers méthodes quantitatives et une critique serrée des séries statistiques. Après avoir étudié les marchés financiers, il a récemment entamé des recherches sur les crises bancaires. Il fonde sa démarche sur une approche interdisciplinaire : il est qualifié par le CNU en histoire contemporaine, économie et gestion alors que son co-auteur plus fréquent est un sociologue.

Coordination du projet

Angelo RIVA (Ecole d'Economie de Paris)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

EEP-PSE Ecole d'Economie de Paris

Aide de l'ANR 494 373 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2015 - 48 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter