DS0802 - Inégalités, discriminations, intégration

Les préférences pour la redistribution: fondements, représentation et implications pour les décisions sociales – RediPref

Les préférences pour la redistribution

Fondements, représentations et implications pour les décisions sociales

Comprendre les déterminants de ces préférences, définir rigoureusement la notion d’amélioration sociale puis proposer des critères de comparaison de distributions qui reflètent ces jugements

L’accroissement des inégalités sociales est une source majeure de préoccupation pour la plupart des pays occidentaux. Si tous les citoyens s’accordent sur ce constat, les positions sur les attitudes que les pouvoirs publics devraient avoir à cet égard sont diverses. Comment les citoyens perçoivent ces inégalités ? Toutes les inégalités doivent elles être considérées comme injustes ? Pourquoi les positions sur la redistribution diffèrent d’un pays à l’autre ? Comment définir une modification des résultats sociaux (comme les revenus) qui soit perçue comme améliorant sans ambiguïté le bien-être social ? L’objectif de ce projet est d’apporter un éclairage nouveau sur ces différentes questions. Il consiste tout d’abord à identifier les différentes dimensions qui impactent les préférences pour la redistribution, et comment ces dernières interagissent. Sur cette base un deuxième objectif est de fournir des critères de comparaison sociale, qui reflètent fidèlement ces préférences.

La compréhension des préférences pour la redistribution passe en premier lieu par une maîtrise des principales contributions existantes dans la littérature. Une veille scientifique a donc été mise en place tout au long du projet. Le principe est d’identifier les déterminants des préférences qui apparaissent robustes, c’est-à-dire confirmés par des études adoptant des approches diverses. Aussi la compréhension de ces préférences passe par une exploitation des bases de données disponibles, d’enquêtes essentiellement, rendue possible par les outils traditionnels de l’économétrie appliquée. Afin d’identifier les positions des individus sur les transformations de résultats sociaux, jugées comme améliorant le bien-être social dans les travaux théoriques, la méthode expérimentale est requise car elle permet de contrôler intégralement l’environnement dans lequel l’individu est amené à émettre des choix ou jugements. Enfin une grande partie des travaux ont consisté à proposer des modèles théoriques, visant à fournir des critères de comparaison de distributions de résultats sociaux compatibles avec les préférences identifiées.

Une première contribution du projet est un article de synthèse sur
les déterminants des préférences pour la redistribution, qui jette les bases d’une monographie en cours de rédaction. Ce travail a également fait l’objet de deux leçons dans des écoles doctorales, dont l’une à l’international. A travers plusieurs articles nous avons proposé des critères de comparaisons (en termes de bien-être social) de distributions de résultats sociaux, applicables notamment sur des variables comme l’éducation ou la santé. Nous avons appliqué ces critères sur des données empiriques dans ces domaines, dans une perspective de comparaison internationale. Ces différents travaux ont initié un projet ANR PRC (OrdIneq, 2016-2022) ainsi qu’un projet international (ChallIneq, 2019-2021) impliquant trois pays européens et l’Inde.

Si certaines parties du projet ont été développées plus que ce qui été attendu au départ, d'autres aspects n'ont pas encore été finalisés. Un premier concerne la redistribution vue comme une forme d'assurance sociale. Indépendamment de la situation actuelle de l'individu, ce dernier peut défendre la redistribution aujourd'hui uniquement car ses perspectives personnelles, sur moyen au long terme, lui paraissent défavorables. De fait la demande de redistribution peut être positivement déterminée par l'aversion au risque de l'individu. Une première ambition sera de mieux comprendre ce possible lien de corrélation à travers de nouvelles études expérimentales. Sur cette base, une modélisation des préférences individuelles pourrait être proposée, en considérant que l'individu base ses décisions sur les risques sociaux auxquels il est confronté. Une deuxième dimension, relativement absente dans les travaux finalisés, est la prise en considération de la transmission intergénérationelle. Il s'agit tout d'abord de la transmission intergénérationelle des préférences, qui semble être un déterminant robuste. Il s'agit ensuite de la transmission intergénérationelle du capital social (à travers l'éducation des parents notamment), qui semble être une des causes majeures de l'accroissement de l'inégalité des chances. Ces différentes questions font l'objet de travaux en cours dans le cadre du consortium RediPref, légèrement élargi.

Ce projet a fait l’objet de 8 publications dans des revues scientifiques à comité de lecture, plus quelques documents de travail en cours de finalisation à la clôture du projet. Il s’agit d’abord de 4 articles théoriques publiés dans des revues de tout premier plan en théorie économique et/ou microéconomie (Journal of Economic Theory, Economic Theory, 2 dans Social Choice and Welfare). Viennent ensuite 3 articles empiriques qui ont été publiés dans des revues généralistes en économie (Applied Economics, Scandinavian Journal of Economics, Review of Income and Wealth). Enfin un article de synthèse a été publié dans une revue généraliste française (Revue Française d’Économie).

Le succès international du récent ouvrage de Thomas Piketty (Piketty, 2014, Capital in the Twenty-First Century, Harvard University Press) indique clairement que les inégalités restent une préoccupation majeure à travers le monde. L'accroissement sur le long terme des inégalités de richesse tel que présenté par Piketty dans son ouvrage est renforcé, récemment, par un vif accroissement des inégalités de revenu. Néanmoins, bien que tout le monde accepte que les inégalités se soient accrues, des positions très différentes existent en ce qui concerne l'attitude que les gouvernements devraient adopter à cet égard. Comment les individus perçoivent-ils les inégalités ? Toutes les inégalités sont-elles injustes ? Parallèlement à la dégradation des inégalités de revenu et, au sens large, de richesses, les dernières décennies ont été caractérisées par un accroissement des risques sociaux. Ceci résulte essentiellement des modifications profondes que le marché du travail a connu, auxquelles est associée une détérioration des taux de chômage. De fait, même si les individus ont de réelles préoccupations de justice, il n'est pas évident de savoir dans quelle mesure les préférences pour la redistribution doivent leurs être associées. La redistribution peut être perçue comme une forme d'assurance sociale, et donc il est possible que l'aversion au risque rentre en jeu. Ce projet a pour objectif d'apporter un éclairage sur les préférences pour la redistribution, en proposant une description fine des perceptions individuelles concernant les inégalités et les risques sociaux. L'intérêt pour la société d'un tel projet serait de fournir aux planificateurs sociaux des critères de décisions, concrètement utilisables et applicables dans l'élaboration des politiques publiques, qui reflèteraient les préférences individuelles pour la redistribution.

Coordination du projet

Brice Magdalou (Centre d’Economie de l’Environnement Montpellier)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CEE-M Centre d’Economie de l’Environnement Montpellier

Aide de l'ANR 144 560 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2015 - 48 Mois

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