DS0804 - Création, cultures et patrimoines

ÉCRIT ET GOUVERNANCE : TRANSFERTS CULTURELS ENTRE FRANCE ET EMPIRE (XIIIE-XVIE S.) – TRANSSCRIPT

Résumé de soumission

Le présent projet compte apporter une contribution bien spécifique aux recherches sur la pratique de l’écrit aux derniers siècles du Moyen Âge, en la situant au croisement de deux champs d’étude : d’une part le champ de la gouvernance des États médiévaux à l’échelon régional et d’autre part le domaine des transferts culturels entre régions situées de part et d’autre de la frontière linguistique. Pour explorer ces deux champs de recherche, le projet entend situer l’analyse du développement de la scripturalité dans le contexte géopolitique des principautés territoriales de l’ancien espace lotharingien à la frontière entre le Royaume de France et l’Empire (une partie de l’actuelle Grande Région Saar - Lor - Lux - Rhénanie - Palatinat - Wallonie incluant Communauté germanophone de Belgique) et dans le contexte culturel du premier développement de l’écrit administratif et du passage progressif du latin aux langues vernaculaires.
Le duché de Lorraine et le comté puis duché de Luxembourg seront au cœur du projet, avec l’édition en ligne des actes princiers lorrains et luxembourgeois du milieu du XIIIe au dernier quart du XIVe siècle. Le projet éditorial sera complété par une étude de l’évolution des institutions princières lorraines et luxembourgeoises dans la longue durée, du XIIIe siècle à la fin du Moyen Âge, dont l’objectif principal sera une histoire socio-culturelle et comparative des institutions. Par son approche liant édition de textes, histoire institutionnelle, analyse comparative et étude des transferts culturels, celle-ci se différenciera résolument d’études antérieures, et ce sur trois points :
- la démarche d’histoire comparée et d’analyse des transferts culturels permettra de compléter l’histoire interne de l’État par une histoire externe en dégageant les influences entre États;
- elle intégrera aussi les pouvoirs territoriaux urbains et seigneuriaux infra-princiers (noblesses et chevalerie, abbayes) à l’analyse du pouvoir proprement princier pour déterminer leur rôle dans la formation des États pré-modernes. Le projet vise ainsi à donner tout son sens à la notion de gouvernance en englobant dans le gouvernement de l’État des acteurs auxquels l’historiographie traditionnelle refuse le caractère « public » ;
- enfin, elle accordera un rôle important aux modes de représentation du pouvoir d’ordre symbolique ou identitaire (vocabulaire, formes diplomatiques et caractères externes des chartes, sceaux et monnaies, armoiries, généalogies, sépultures, …), ainsi qu’à l’espace matériel et idéel de communication politique (la cour, les traités, les négociations et les arbitrages).
Le point d’entrée de cette enquête sera le concept de scripturalité, c.-à-d. la production et l’usage des documents écrits. « Écriture » et « compte » sont deux procédés utilisés dans le gouvernement et la gestion des terres et des personnes. Par le biais de leur étude, l’historien peut approcher la réalité des pouvoirs médiévaux. De par leurs aspects formels, « écrire » et « compter » sont des procédés perméables aux transferts culturels (origines des habitudes, question de la « normalisation » comme témoin de l’établissement d’administration publique, etc.). Loin de se limiter à un état figé de texte, ils mettent en lumière des protagonistes et médiateurs d’une communication politique autant que sociale, active et complexe, dont ils portent le discours idéologique.
Abordé sous l’angle des productions écrites administratives, institutionnelles et politiques, l’espace médiéval de la Grande Région constitue, au-delà de la fragmentation politique et de la frontière linguistique, une bonne étude de cas pour l’analyse des transferts culturels du XIIIe au XVIe siècle.
Le projet contribue ainsi à mieux saisir la formation d’identités régionales multiples, dynamiques et perméables aux influences réciproques à l’époque des États médiévaux et donc à mieux comprendre le développement de la culture européenne dans la diversité.

Coordination du projet

Isabelle GUYOT-BACHY (Centre de Recherche Universitaire Lorrain d'Histoire)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CRULH Centre de Recherche Universitaire Lorrain d'Histoire
Uni.lu Institut d'Histoire

Aide de l'ANR 185 411 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 48 Mois

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