DS0801 - Innovations

Mobilités, territoires, et mutations sociopolitiques dans le Centre-Ouest de la Mésoamérique – MESOMOBILE

Résumé de soumission

Depuis une trentaine d’années, un groupe de chercheurs français d’ArchAm s’intéresse, en lien avec des équipes mexicaines et nord-américaines, à une région clé pour comprendre les mutations sociales et politiques de la Mésoamérique ancienne : ses marges septentrionales et, plus précisément le Centre-Ouest. Cette région se trouve, dès le 1er millénaire av. J.-C., au cœur d’un vaste réseau d’interactions régionales et interrégionales, au sein duquel l’axe fluvial du Lerma a joué un rôle déterminant. Cette position a aussi favorisé des processus migratoires d’ampleur variable qui prennent, sur le long terme, la forme d’une succession de phases d’expansion et de contraction démographique. Ceux-ci sont observés, d’un point de vue archéologique, par les indicateurs suivants :
1) des changements perçus comme rapides dans les organisations territoriales, qui se matérialisent par des réductions ou augmentations du nombre d’établissements ; ces reconfigurations spatiales sont souvent mises en relation avec des fluctuations d’ordre démographique;
2) des changements significatifs dans la culture matérielle, notamment dans l’architecture, les pratiques funéraires, les systèmes techniques, et l’accès aux ressources.
Loin d’être marginaux, ces phénomènes prennent tout leur sens une fois replacés dans le contexte des dynamiques pan-mésoaméricaines : ils auraient joué un rôle dans l’évolution de plusieurs entités culturelles de Mésoamérique (Proto-toltèques et Toltèques à l’Epiclassique et Postclassique ancien, et Tarasques et Aztèques au Postclassique récent). L’archéologie tend à démontrer que la mobilité migratoire constitue un trait récurrent de l’histoire du Centre-Ouest mésoaméricain, et, par là-même, à corroborer les sources écrites indigènes ou espagnoles du XVIe siècle qui octroient aux Toltèques, Aztèques et Tarasques une origine étrangère, issue des régions semi-arides des marges septentrionales de la Mésoamérique. Mais, si les grandes lignes de ces phénomènes commencent à être mieux documentées par l’archéologie, la nature des processus en jeu demeure mal connue.
C’est pourquoi ce projet cherche à en comprendre les mécanismes sur le temps long et dans une région stratégique du nord du Michoacan formant un transect N/S depuis la plaine alluviale du Lerma jusqu’au bassin lacustre de Zacapu. Cette région, d’environ 1000 km2, constitue une unité spatiale qui bénéficie de 30 ans d’acquis scientifiques. Si l’étude sur le temps long est indispensable pour capter les périodes de stabilité comme l’Epiclassique (650 – 900 apr.J.-C.), le projet mettra aussi l’accent sur des périodes de transition perçues par l’archéologie comme des phases de mutation rapide marquées par des mouvements démographiques significatifs : la fin du Préclassique (100 av. J.-C.- 300 apr.J.-C.), le début du Postclassique ancien 800/900 apr.J.-C.), et sa transition au Postclassique récent (à partir de 1200 apr.J.-C.).
Le projet propose de:
1) caractériser le changement rapide,
2) comprendre les mécanismes du changement social et politique en lien avec les phénomènes migratoires,
3) montrer les capacités d’adaptation et d’innovation des sociétés concernées dans l’organisation de leurs habitats et de leurs activités économiques.
Il croise pour cela 4 indicateurs (fluctuations diachroniques des réseaux d’habitats, marqueurs bio-anthropologiques, systèmes techniques, réseaux de circulation) dont la compréhension impose un contrôle chronologique fin.
Son caractère innovant tient à son aspect interdisciplinaire et au recours conjugué à des technologies de pointe, destinées à préciser la résolution chronologique et spatiale des phénomènes de mobilité ancienne. L’approche systémique, au cœur de laquelle se trouvent les questions des territoires et des processus de leur structuration, constitue un aspect novateur pour l’archéologie mésoaméricaine. Dans ce sens, le projet a pour ambition de fournir un modèle d’approche «exportable» à d’autres contextes mésoaméricains, et ailleurs.

Coordination du projet

Véronique DARRAS (Archéologie des Amériques)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CEMCA - UMIFRE 16 Centre d'Etudes Mexicaines et Centraméricaines
UMR 8096 Archéologie des Amériques

Aide de l'ANR 298 202 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 36 Mois

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