Un nouveau coronavirus humain (MERS-CoV) a été identifié en 2012 au Moyen Orient comme l’agent étiologique d’un syndrome aigu de détresse respiratoire pouvant être fatal. Depuis, 211 cas d’infections ont été constatés chez des patients, dont 88 sont décédés. Plusieurs clusters de transmissions inter-humaine ont été décrits, aussi bien en milieu hospitalier que communautaire. Cependant, l’émergence de ce nouveau coronavirus humain préoccupe les autorités de santé, car il pourrait constituer un risque majeur épidémique à l’image du virus SRAS-CoV en 2003. Le contrôle de tels virus pathogènes constitue ainsi un enjeu majeur de santé publique. Malgré la nécessité de thérapies efficaces, aucun traitement antiviral ni vaccinal n’est disponible et rien n’indique qu’ils le seront dans un futur proche. De nouvelles stratégies innovantes sont donc nécessaires pour combattre ces coronavirus émergents.
Dans cette dynamique, l’objectif du projet CoV-SigN est d’identifier de nouvelles molécules antivirales qui ciblent l’hôte plutôt que les déterminants viraux, sur la base de signatures transcriptomiques cellulaires. Cette stratégie se base en effet sur le postulat que les profils d’expression génique sont le reflet de l’effet des molécules ou de la pathologie. Cette preuve de concept a été validée avec succès dans le cas des virus influenza, et a d’ailleurs conduit à un essai clinique visant à évaluer un médicament déjà sur le marché pour cette nouvelle indication anti-infectieuse.
Le projet CoV-SigN a pour ambition d’identifier les signatures transcriptomiques in vitro et in vivo des infections par ces coronavirus. L’établissement des signatures transcriptomiques des deuxpatients infectés par le virus MERS-CoV pris en charge au CHRU de Lille en mai-juin 2013 constituera une valeur ajoutée au projet en apportant une dimension physiologique à l’étude transcriptomique. Ces signatures d’infection seront utilisées pour un criblage in silico de banques de données publiques afin d’identifier des molécules associées à des signatures cellulaires inverses. Les composés ainsi sélectionnés seront ensuite évalués en tests cellulaires de référence pour leur propriété antivirale supposée contre les virus MERS-CoV et SARS-CoV.
L’utilisation de tels antiviraux ciblant la cellule, devrait permettre de réduire les risques d’apparition de résistance tout en étant bien adaptés à des traitements courts dans le cadre de pathologies aigues respiratoires telles les infections par les coronavirus. Ce projet constitue ainsi une approche idéale dans la stratégie de repositionnement de médicaments, dont les avantages financiers et réglementaires sont évidents en coparaison du coût et des délais de développement de novo de molécules.
La force de ce projet repose sur la complémentarité et la synergie des expertises en recherche fondamentale, translationnelle et clinique des quatre partenaires. De plus, les collaborations déjà en place entre partenaires et le savoir-faire expérimental et méthodologique acquis dans le cadre de l’étude pilote menée par le coordinateur, constituent les atouts clé pour la bonne réalisation et le succès du projet CoV-SigN en termes de retombées en recherche fondamentale et d’application médicale.
Monsieur Manuel ROSA-CALATRAVA (Virologie et Pathologie Humaines)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
INSTITUT PASTEUR (BP)
CHRU Lille Laboratoire de Virologie
CIIL Centre d'Infection et d'Immunité de Lille
EA 4610 Virologie et Pathologie Humaines
Aide de l'ANR 417 638 euros
Début et durée du projet scientifique :
octobre 2014
- 36 Mois