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Pragmatique et Confiance dans la Communication chez le jeune Enfant – PragTICAL

Pragmatique et Confiance dans la communication chez le jeune enfant

Les humains accordent un certain crédit à ce qui leur est communiqué, et cela même lorsque leurs informateurs sont de parfaits inconnus, qui pourraient être dans l’erreur, ou mentir. D’où vient cette confiance ? Bien que ce problème ait été soulevé il y a plus de deux cents ans (Hume, 1748), il n’a toujours pas été résolu, principalement par manque de données empiriques pertinentes. Le projet PRAGTICAL a visé à répondre à ce manque en s’appuyant sur les outils de la psychologie du nourrisson.

D'où vient la confiance dans la communication?

L’étude du scepticisme chez les enfants de maternelle a connu de grands progrès au cours des dix dernières années. En revanche on en sait toujours très peu sur le développement des sources de la confiance dans la communication au tout début de la vie. L’ambition du projet PRAGTICAL était de déterminer les constituants primitifs, l’étendue, et les origines de la confiance humaine dans la communication, support central de l’apprentissage et de la transmission culturelle. Ces objectifs principaux étaient (1) de décomposer les attentes qui guident l’interprétation et l’acceptation des informations communiquées, et d’étudier (2) comment ces attentes se développent et interagissent au début de la vie, (3) comment elles sous-tendent la conception humaine naïve de la vérité, (4) comment elles interagissent avec la représentation des croyances et buts d’autrui, (5) comment elles interagissent avec la formation de relations sociales, et (6) de déterminer dans quelle mesure la formation de ces attentes dépend de l’expérience.

Deux sources de confiance ont fait l’objet d’une attention particulière : les attentes de compétence et de bienveillance associées à la communication. Pour tester les nourrissons, des protocoles expérimentaux d’une complexité minimale ont été utilisés, en combinaison avec une variété de méthodes : paradigmes de violation d’attentes, études comportementales interactives, et mesures du niveau d’éveil. Le projet a également visé à déterminer les origines développementales et les limites de la confiance dans la communication au cours de la première année de vie.

Ce programme de recherche intrinsèquement multidisciplinaire a été réalisé au sein de l’UMR5304 de l’Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod, en collaboration avec des philosophes, des experts de la pragmatique, et de la communication chez l’adulte, et des spécialistes de la cognition sociale enfantine.

PRAGTICAL a permis une étude systématique du développement de la confiance dans la communication dans les toutes premières années de vie. Ces travaux ont révélé, en accord avec une hypothèse contre-intuitive proposée pour la première fois par D. Hume, que (i) les nourrissons sont moins crédules de que les enfants âgés de 2 à 3 ans, et que (ii) cette hausse de confiance reflète un changement dans la fiabilité attribuée aux actes communicatifs, y compris lorsque ces derniers sont entièrement nouveaux. Les travaux menés dans le cadre du projet PRAGTICAL ont également montré que dès leur deuxième année de vie, la confiance des jeunes enfants dans la communication est suffisamment forte pour leur faire complètement oublier ce qu’ils ont vu directement. Cette forme de confiance forte, postulée par de nombreuses théories de l’apprentissage humain, n’avait jamais été montrée à un si jeune âge. Elle est nécessaire pour la transmission de croyances contre-intuitives (par exemple dans le domaine scientifique ou religieux). Le projet a également mis en lumière les conséquences de cette confiance forte pour l’apprentissage par les très jeunes enfants. Il a révélé que les jeunes enfants ont des représentations du savoir, et du vrai et du faux, très précoces, et comparables à celles observées chez l’adulte. Il a également montré que les jeunes enfants peuvent se représenter les aspect compétitif, mentalistes, et épistémiques du mensonge. De plus, le projet PRAGTICAL a montré que malgré cette sensibilité à la compétence et à la bienveillance des adultes, les jeunes enfants n’utilisent pas ces capacités dans bien des situations, parce qu’ils font confiance à leurs informateurs. Enfin, le projet PRAGTICAL a permis d’étudier comment la confiance des jeunes enfants guide leur interprétation d’actes communicatifs nouveaux.

D’un point de vue institutionnel, le projet PRAGTICAL a en outre permis la mise en place du laboratoire d’étude des nourrissons de l’Institut des Sciences Cognitives Marc Jeannerod, et la réinsertion de son coordinateur (O. Mascaro) dans l’espace de recherche français. Ce projet a ouvert de nombreuses perspectives de recherches, notamment l'étude des bases sociales et épistémiques de la déférence chez le nourrisson, et leurs variation inter-individuelles.

Articles scientifiques issus du projet:
- Mascaro, O., Morin, O., & Sperber, D. (2017). Optimistic expectations about communication explain children's difficulties in hiding, lying, and mistrusting liars. Journal of Child Language, 44(5), 1041-1064. doi.org/10.1017/S0305000916000350
- Mascaro, O. & Sperber, D. (2016). Pragmatic inference in infancy. Proceedings of Trends in Experimental Pragmatics, 95-102.
- Mascaro, O., & Morin, O. (2015). Epistemology for Beginners: Two-to Five-Year-Old Children's Representation of Falsity. PloS one, 10(10), e0140658.
(4 autres articles issus du projet sont soumis; d'autres sont en cours de rédaction)

Les humains accordent un certain crédit à ce qui leur est communiqué, et cela même lorsque leurs informateurs sont de parfaits inconnus, qui pourraient être dans l’erreur, ou mentir. D’où vient cette confiance ? Bien que ce problème ait été soulevé il y a plus de deux cents ans (Hume, 1748; Reid, 1764), il n’a toujours pas été résolu, principalement par manque de données empiriques pertinentes. Ce projet va répondre à ce manque en s’appuyant sur les outils de la psychologie du nourrisson. L’étude du scepticisme chez les enfants de maternelle a connu de grands progrès au cours des dix dernières années (voir Einav & Robinson, 2014). En revanche on en sait toujours très peu sur le développement des sources de la confiance dans la communication au tout début de la vie.

Ce projet va déterminer les constituants primitifs, l’étendue, et les origines de la confiance humaine dans la communication, support central de l’apprentissage et de la transmission culturelle. Ces objectifs principaux sont (1) de décomposer les attentes qui guident l’interprétation et l’acceptation des informations communiquées, et d’étudier (2) comment ces attentes se développent et interagissent au début de la vie, (3) comment elles soutendent la conception humaine naïve de la vérité, (4) comment elles interagissent avec la représentation des croyances et buts d’autrui, (5) comment elles interagissent avec la formation de relations sociales, et (6) de déterminer dans quelle mesure la formation de ces attentes dépend de l’experience.

Deux sources de confiance feront l’objet d’une attention particulière : les attentes de compétence (TACHE 1) et de bienveillance (TACHE 2) associées à la communication. Pour tester les nourrissons, des protocoles expérimentaux d’une complexité minimale seront utilisés, en combinaison avec une variété de méthodes : paradigmes de violation d’attentes, études comportementales interactives, et oculométrie. Le projet va également déterminer les origines développementales et les limites de la confiance dans la communication au cours de la première année de vie (TACHE 3). Les effets de la maturation seront évalués en comparant les fenêtres développementales de la confiance dans la communication chez des nourrissons prématurés et nés à terme. Les effets de l’expérience seront déterminés en testant le développement très précoce de la confiance sélective.

Ce programme de recherche intrinsèquement multidisciplinaire sera réalisé au L2C2 (CNRS UMR5304), en collaboration avec des philosophes, des experts de la pragmatique, et de la communication chez l’adulte, et des spécialistes de la cognition sociale enfantine. Chaque tâche et leur intégration théorique globale seront réalisées par des équipes distinctes composées de chercheurs de l’institut d’accueil, et de collaborateurs externes :

Tâche 1 : Equipe COMPETENCE (A. Kovacs, O. Mascaro, J.-B. Van der Henst)
Tâche 2 : Equipe BIENVEILLANCE (O. Mascaro, H. Mercier, A. Reboul, D. Sperber)
Tâche 3 : Equipe ORIGINES (G. Csibra, O. Mascaro, A. Reboul)
Tâche 4 : Equipe THEORIES (O. Mascaro, O. Morin, A. Reboul, D. Sperber)

Le projet va donc établir un réseau resserré d’experts internationaux travaillant sur les origines des capacités communicatives humaines. Il aura notamment pour effet de créer un partenariat de long terme entre l’institution d’accueil, et le département de Sciences Cognitives de l’Université d’Europe Centrale, un centre de recherche en pointe sur l’étude cognition sociale. Le renforcement de l’établissement d’accueil sera également assuré par la mise à flot de son laboratoire bébé, et par le développement de nouvelles directions de recherches complémentaires des recherches sur la pragmatique, le raisonnement, et l’argumentation en cours au L2C2. Enfin, le projet permettra la réintégration en France de son coordinateur, Olivier Mascaro, et créant les conditions de son recrutement permanent dans l’institution d’accueil.

Coordination du projet

Olivier Mascaro (Laboratoire sur le Langage, le Cerveau et la Cognition)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

L2C2 Laboratoire sur le Langage, le Cerveau et la Cognition

Aide de l'ANR 329 991 euros
Début et durée du projet scientifique : juin 2015 - 36 Mois

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