INOV - Sociétés innovantes

L’innovation dans l’expertise. La modélisation et la simulation comme modes d’action publique – INNOX

L'innovation dans l'expertise: modélisation et simulation numérique dans l'action publique

Modéliser pour simuler, scénariser, prédire: ces pratiques et technologies feraient leur entrée dans l'action publique. Elles portent une double promesse : celle d’accroitre l’efficacité de ses interventions, sa fiabilité ou sa capacité à traiter des enjeux de grande échelle ; celle aussi, de pouvoir agir de manière dynamique, voire en anticipation des évènements.<br />

Vérifier les promesses de la modélisation et simulation numériques

La modélisation et la simulation numériques, en tant qu'innovation, supposent d’une part l’introduction de nouvelles technologies, et donc de changements de compétences, de pratiques et de connaissances dans l’action des agences publiques et administrations concernées ; elles reposent sur des développements technologiques dans le monde de la recherche et de l’industrie ; elles font aussi de l’action publique un lieu d’innovation dans la mesure où elle fait l’objet d’un discours sur les bénéfices de l’innovation technologique et sur les nécessaires transitions technologiques à mener à bien.<br /><br />INNOX poursuit deux objectifs. Le premier est d’expliquer comment la modélisation numérique s’est imposée comme une forme innovante d’expertise pour l’action publique. Le deuxième objectif est d’évaluer la portée des changements qui accompagnent la pratique plus intensive de la modélisation et de la simulation informatiques. Ce deuxième objectif consiste à se mettre en capacité d’analyser les sources et l’ampleur des changements ou de l’innovation annoncée, et la plausibilité des promesses qui accompagnent ces changements techniques. Les changements en cours ou souhaités dans chacun des trois domaines sont des changements majeurs, et portent parfois une redéfinition complète de ceux-ci. Le projet vise plutôt à vérifier quels changements adviennent parallèlement ou en lien avec ces innovations techniques, du point de vue des pratiques et connaissances impliquées dans la décision et l’action ; des rapports entre acteurs intervenant dans l’action publique ; des paradigmes d’action publique, c’est-à-dire des manières publiques de concevoir et de parler des problèmes publics et des solutions apportées.

Trois dossiers seront étudiés: la simulation en matière de contrôle du crime et d’activité policière ; la scénarisation dans le domaine de l’énergie ; la modélisation des voies de toxicité à des fins d’évaluation prédictive et à grande échelle des substances chimiques.

Chacun des dossiers fera l’objet d’une triple interrogation : quels sont les acteurs experts et industriels qui développent la modélisation, et quelles relations entretiennent-ils entre eux et avec les autorités publiques (axe 1, « Production et marchés de la modélisation ») ; dans quelle mesure la modélisation modifie-t-elle les compétences, formes de connaissance et modes d’organisation des autorités publiques pour la prise de décision (axe 2, « Administration et décision ») ; dans quelle mesure la modélisation forme-t-elle un nouveau répertoire d’action collective et affecte-t-elle les paradigmes d’action publique ? (axe 3, « espace public, mobilisations et controverses »).

Une série de neuf terrains a été définie (un terrain pour chaque croisement d’un dossier et d’un axe), qui seront couverts par un ou deux chercheurs. Les terrains concernent des organismes industriels ou scientifiques, gouvernementaux ou associatifs qui sont en position avancée dans la production ou mobilisation de technologies de modélisation et de simulation. Les terrains sont situés en France, Allemagne, Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Les résultats qui sont anticipés tiennent à la mise en évidence de la diversité des pratiques de modélisation et simulation numériques, à la manière dont elles sont organisées et déployées par les administrations, mais aussi à leur mise en politique. Dans l'ensemble, le projet doit permettre de dépasser l'idée selon laquelle ces techniques, par elles-mêmes, accroitraient l'efficacité de l'action publique, vers une compréhension plus fine de ce qu'elles peuvent ou ne peuvent pas accomplir.

Le projet concourt au développement des recherches dans le champ de l'étude de l'innovation en société.

Il aboutira à un ensemble de productions en sciences sociales - articles et ouvrage collectif, ainsi qu'à des publications destinées aux acteurs des mondes étudiés.

La modélisation et la simulation numériques sont de plus en plus utilisées pour agir sur les risques, et plus généralement sur tous les problèmes complexes, incertains et de grande échelle. La modélisation est une expertise que les scientifiques qui conseillent les autorités publiques mobilisent depuis longtemps, quel que soit le domaine d’expertise ou de science de gouvernement que l’on considère. Mais les technologies numériques et informatiques accélèrent le recours à la modélisation à des fins de simulation, de scénarisation ou de prédiction, et conduisent à une systématisation de ces pratiques et formes de connaissance.
Le projet INNOX s’intéresse à la modélisation et à la simulation numériques ou informatiques comme une forme d’innovation dans l’expertise d’action publique. Le projet cherche à réaliser trois objectifs : 1/ Expliquer comment la modélisation s’est imposée comme une forme innovante d’expertise pour l’action publique ; 2/ Evaluer la portée des changements qui accompagnent la pratique plus intensive de la modélisation et de la simulation informatiques ; 3/ Faire de la question de la modélisation et de l’action publique un objet de recherche à part entière du domaine des STIS (sciences, technologies et innovation en société), et utiliser les acquis et outils des sciences sociales, encore peu mobilisés à ce jour sur ce sujet.
Ces objectifs seront remplis par l’investigation de trois dossiers : la simulation en matière de contrôle du crime et d’activité policière; la scénarisation dans le domaine de l’énergie; la modélisation des voies de toxicité à des fins d’évaluation prédictive et à grande échelle des substances chimiques.
Chacun des dossiers fera l’objet d’une triple interrogation : quels sont les acteurs experts et industriels qui développent la modélisation, et quelles relations entretiennent-ils entre eux et avec les autorités publiques (axe 1, « Production et marchés de la modélisation ») ; dans quelle mesure la modélisation modifie-t-elle les compétences, formes de connaissance et modes d’organisation des autorités publiques pour la prise de décision (axe 2, « Administration et décision ») ; dans quelle mesure la modélisation forme-t-elle un nouveau répertoire d’action collective et affecte-t-elle les paradigmes d’action publique ? (axe 3, « espace public, mobilisations et controverses »). Une série de neuf terrains a été définie, qui seront collectivement investigués par une équipe de 9 chercheurs ou enseignants-chercheurs, ainsi que deux chercheurs contractuels, répartis dans deux laboratoires de recherche actifs dans le champ de recherche sur les sciences, technologies et innovations en société (STIS). Des partenaires non-académiques parties-prenantes d’un des trois dossiers examinés sont associés aux recherche sur chaque dossier.
Les retombées attendues de ce projet sont les suivantes. D’une part, les recherches doivent d’une part éclairer les transitions en cours dans chaque secteur, et accroitre la compréhension des acteurs. D’autre part, on attend du projet une capacité de compréhension de la place exacte que prennent les modèles dans l’action publique et dans la décision, pour contre-balancer les promesses comme les discours critiques en la matière. De plus, le projet doit produire un schéma d’analyse sur l’innovation et l’action publique qui puisse être réutilisé par ailleurs, et devenir un cadre de référence. Le projet doit aussi faire de l’équipe réunie ici un centre de référence dans la recherche sur l’expertise, la modélisation et l’action publique.

Coordination du projet

David Demortain (INRA Sciences en sociétés)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

ONDRP Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales
CAAT Europe Centre for Alternatives to Animal Testing Europe
INRA SENS INRA Sciences en sociétés
LATTS Laboratoire Techniques Territoires et Sociétés

Aide de l'ANR 296 180 euros
Début et durée du projet scientifique : février 2014 - 42 Mois

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