Inhibition, Défixation et Exploration: étude des bocages neurocognitifs dans la créativité et l'innovation. – IDéfixE

Quelles sont les conditions qui conduisent un collectif d’acteurs à s’enfermer sur des idées ou des paradigmes technologiques qui ont montré leurs limites et ne permettent pas de susciter des avancées innovantes ? Cette question est d’autant plus importante que l’on observe des difficultés à innover dans certains contextes industriels alors même que de nombreuses conditions favorables pour innover - dont la structuration de pôles de compétitivité - sont réunies.
Ce projet de recherche s’inscrit dans la continuité des travaux collaboratifs engagés entre le partenaire 1 (Lapsydé, Paris Descartes) et le partenaire 2 (CGS, Mines ParisTech) soulignant qu’une cause possible au blocage des dynamiques industrielles peut s’inscrire comme un phénomène cognitif. Ainsi, comme cela a pu être montré dans le domaine de la prise de décision, il existe des biais cognitifs et un grand nombre d’études ont souligné que la capacité à générer de nouvelles idées pouvait être contrainte par des routines, des heuristiques intuitives conduisant à des effets de fixation.
Dans ce contexte, l’objectif général de ce projet sera d’identifier les processus cognitifs clés impliqués dans la génération d’idées créatives, et d’examiner dans quelle mesure il est possible de penser et de développer des classes d’outils de gestion permettant de dépasser ces effets de fixation dans un contexte industriel. Dès lors, l’originalité d’un tel projet réside d’emblée dans la forte interdisciplinarité qu’il impose, réunissant pour la première fois des spécialistes en sciences de gestion (CGS, Mines ParisTech), en psychologie et en neurosciences cognitives (Lapsydé, Paris Descartes), ainsi que des experts de terrain fortement investis dans le pilotage collectif d’écosystème innovant dans le secteur des technologies de la santé (Cluster I-Care, région Rhône-Alpes).
Afin de mettre en évidence le rôle clé du processus d’inhibition dans la génération d’idées créatives et la capacité à dépasser les effets de fixation, le Partenaire 1 et le Partenaire 2 effectueront une étude comportementale en adaptant le paradigme d’amorçage négatif (diagnostic de l’implication de l’inhibition cognitive) au domaine de la créativité. Dans un deuxième temps, nous examinerons les bases neurales des effets de fixation dans une recherche en neurosciences cognitives impliquant des expérimentations en électro-encéphalogramme (EEG) afin d’identifier la dynamique neurocognitive des fonctions exécutives d’inhibition et d’exploration dans la créativité. Nous développerons et testerons ensuite expérimentalement un protocole d’apprentissage basé sur les résultats comportementaux et cérébraux de la première étape, visant à développer les capacités d’inhibition et d’exploration. En effet, si l’inhibition cognitive et l’exploration sont effectivement des processus fondamentaux pour la génération d’idées créatives, alors une procédure d’apprentissage visant à renforcer l’efficience exécutive devrait avoir un effet bénéfique sur la performance en créativité. Afin d’évaluer l’efficacité de cette procédure, nous utiliserons un paradigme classique de pré-test/apprentissage/post-test et examinerons l’impact sur la performance créative, ainsi que sur les changements neuro-anatomiques mesurés en IRMa (Partenaire 4). La cinquième étape consistera à concevoir une appropriation des résultats expérimentaux dans des contextes industriels en partenariat avec des experts de terrain du Partenaire 3. Il s’agira notamment de s’appuyer sur les procédures d’apprentissages développées dans la seconde étape pour construire des outils de gestion impactant les capacités d’inhibition et d’exploration dans la sphère industrielle et institutionnelle. En outre, nous organiserons trois workshops pluridisciplinaires dans le cadre du « Special Interest Group on Design Theory of the Design Society » afin de diffuser et discuter les résultats et les orientations du projet avec des experts internationaux.