SOCENV - FACING SOCIETAL, CLIMATE AND ENVIRONMENTAL CHANGES

Monitoring environnemental, santé, société et pétrole en Equateur – MONOIL

Monitoring des activités pétrolières en Equateur : une approche interdisciplinaire Environnement santé et société. Des réponses scientifiques en aide à la décision

Le développement mal contrôlé des activités pétrolières en Equateur depuis la fin des années 60 a eu de forts impacts environnementaux, sanitaires et sociaux notamment en Amazonie et sur la côte pacifique.Depuis 2008, la Constitution de l'Équateur exige que l'État prenne des mesures immédiates pour réparer les dommages et réduire la vulnérabilité sociale et à donner pour ce faire une large place aux recherches scientifiques pour le développement.

Réparer les impacts et prévenir les risques : vers des réponses scientifiques

L'objectif central du projet MONOIL est l’analyse couplée de la vulnérabilité et de la résilience des systèmes économiques et sociaux et des systèmes environnementaux aux contaminations pétrolières mais aussi aux impacts de l’activité pétrolière sur les autres activités économiques comme l'agriculture ainsi que sur le bien-être des ménages. L'objectif de MONOIL est d’améliorer la compréhension, le suivi, la réduction et la prévention des contaminations pétrolières et de leurs impacts sur la société sur l'environnement et la santé. MONOIL cherchera à évaluer, sur plusieurs sites d'étude en Amazonie et sur la côte pacifique et en comparant des sites pétroliers et des sites non exploités (sites de contrôle) :<br />1/ la contamination environnementale (air, eaux, sédiments, sols, chaînes trophiques aquatique et terrestre, produits cultivés)<br />2/ les impacts sur le développement socioéconomique des territoires pétroliers, en la replaçant dans le cadre plus large de l’impact de l’activité pétrolière sur le développement des territoires concernés,<br />3/ les vulnérabilités et dispositions sociétales pour y faire face à différentes échelles d’action (nationale, régionale, «paroissiale», familiale) <br />4/ Il cherchera aussi à développer des solutions techniques et organisationnelles concrètes pour y répondre. Le résultat global attendu de MONOIL est une réponse scientifique interdisciplinaire permettant de renforcer la capacité des acteurs équatoriens, à différentes échelles allant du niveau national à l’espace domestique, à contrôler les contaminations et à réduire leur vulnérabilité, grâce à la production et diffusion d’instruments et de connaissances visant à améliorer la gestion et la prévention des processus socio-environnementaux générés par l’exploitation d’hydrocarbures et à renforcer ainsi la sécurité environnementale

Des campagnes de terrain collectives sont organisées sur deux sites d'étude dans les provinces pétrolières d'Amazonie et un site de contrôle situé dans la zone sud, non exploitée pour ses ressources en hydrocarbures. Les impacts environnementaux des activités pétrolières sur l'air, l'eau, les sols et les végétaux cultivés comme le cacao, sont quantifiés par des analyses des concentrations en métaux lourds et en hydrocarbures aromatiques polycycliques de ces matrices environementales ; des capteurs passifs permettent de capturer les contaminants existant dans les cours d'eau afin de mesurer quelle part est biodisponible pour la chaine trophique; en outre la qualité de l'air est également mesurée à proximité de torchères au moyen de 3 stations situées sur le toit des maisons ou des écoles. Parallèlement des enquêtes qualitatives auprès des habitants des sites d'étude, sont mises en place pour caractériser la place des risques sanitaires et environnementaux liés au pétrole dans la vie quotidienne des populations, parmi d'autres types de risques et ainsi comprendre leur éventuelle vulnérabilité mais aussi les stratégies des ménages pour y faire face. Des cartographies à dires d'acteurs permettront des spatialiser les représentations des conditions de vie sur les territoires d'étude. Pour compléter l'approche qualitative et spatiale du rapport aux risques et impatcs sanitaires et sociaux des activités pétrolières, des enquêtes par questionnaires sont également implémentées pour quantififer les risques perçus par les populations exposées et leur rapport global à la santé en fonction de leur niveau de dépendance aux activités pétrolières, mais aussi leurs stratégie de défense. Sur cet aspect, un système novateur de décontamination de l'eau pour les hydrocarbures aromatiques polycycliques présents dans les eaux de consommation est également en cours de développement. L'ensemble des données recueillies doivent être intégrées pour élaborer des scénarios prospectifs.

Tant qu’il n’y a pas eu d’expérience directe de la contamination avec impacts au niveau personnel voire familial, il n’y a pas de changements de pratiques des populations exposées: « Faire face » suppose l’existence d’une « culture d’urgence » chez les populations métisses qui instrumentalisent les activités pétrolières et leurs impacts pour assurer leur vie quotidienne, minimisant les risques sanitaires et environnementaux au regard des bénéfices potentiels attendus. D'une part ,l’activité pétrolière a facilité la diversification des activités et des sources de revenu. D'autre part, une demande multiforme de services et de biens (emplois; santé et éducation ; formation; matériel agricole) témoigne de l'acceptation des risques liés à la qualité de l’eau de consommation et à la distance par rapport aux lieux jugés contaminés. Le cadre de régulation des activités pétrolières existant renforce cette équation entre impacts négatifs (contamination) et impacts positifs (emplois, développement) qui force l'acceptabilité sociale des risques induits : la redistribution de la rente pétrolière depuis 2010 refonde l'action publique dans la RAE sur l'idée de justice sociale et de «bien vivre«. Du point de vue environnemental, les eaux de surface ne présentent pas de valeurs critiques en éléments toxiques métalliques ou organiques;les sédiments présentent des concentrations en HAPs très élevées en 2 sites (raffinerie d'esmeraldas et Camp Sachas). Les sols, en ceratins sites, présentent des niveaux de concentrations en éléments trace métalliques (V, Cr, Co, Cu, Zn et Ba) dépassant les limites autorisées par la réglementation équatorienne. Les concentrations en Cd dépassent la norme européenne dans le cacao. Le systéme de décontamination développé par le projet et fondé sur des matériaux locaux (cires et huiles végétales testées) d'abord testé en laboratoire permettrait de piéger 83 à 97% de certains HAPs (pour le naphtalène et le phénanthrène respectivement).

Renforcement du partenariat scientifique et politico-institutionnel avec notamment signature d'un accord de consortium (9 partenaires initialement élargi à 3 universités équatoriennes supplémentaires et 2 laboratoires français, et les tutelles IRD CNRS INP Universités), validé le 07/01/2015 par l’ANR ; 4 conventions spécifiques entre l’IRD et les partenaires équatoriens; Une convention particulière de cofinancement en cours de signature entre l’IRD et le partenaire EP Petroecuador. Trois doctorants non financés par l’ANR sont arrivés dans le projet avec des bourses de thèse étrangères (2 équatoriennes et une péruvienne). Du point de vue opérationnel, les matériaux organogels utilisés pour développer le système de décontamination de l'eau de consommation peuvent être développés en parallèle pour mettre au point une méthode de dosage facile à opérer en Amazonie pour le dosage des métabolites des HAPs dans l’urine et ainsi disposer d'un test clinique facilement utilisable et transportable. Le projet a participé à la mise à jour de la loi de protection environnementale équatorienne : mise en place d’une norme pour le suivi des sédiments de rivière (qui, au début du programme MONOIL, ne faisaient pas partie des compartiments de contrôle environnemental).

Juteau G., Becerra S., Maurice L. (2014) « Ambiente, petróleo y vulnerabilidad política en el Oriente Ecuatoriano: ¿hacia nuevas formas de gobernanza energética? », Revue America latina Hoy.

Le projet transdisciplinaire MONOIL participe à la description scientifique de la vulnérabilité humaine aux changements environnementaux induits par l’activité pétrolière en Equateur. Habituellement, la pollution pétrolière est envisagée lors des crises environnementales qui suivent les accidents de transport ou d’exploitation et donnant lieu à ce qu’on appelle communément des «marées noires». Dans le cas équatorien, la problématique de la contamination est apparue il y a quelques décennies avec l’arrivée des compagnies pétrolières en Amazonie, même si sa médiatisation a débuté avec le procès Texaco au début des années 90. Elle caractérise depuis lors la vie quotidienne des populations locales.
L’objectif principal de MONOIL est d’améliorer la compréhension, le suivi, la réduction et la prévention des contaminations pétrolières et de leurs impacts sur la société et sur l'environnement pour permettre la co-construction de stratégies de réduction de cette vulnérabilité ou d’adaptation écologiquement durables, économiquement viables, sociologiquement adaptées et politiquement pertinentes.
Face aux enjeux actuels et aux contraintes liées au développement durable, un autre défi du projet est de participer à l'élaboration d'outils d'aide à la gouvernance énergétique et environnementale, en soutien aux industriels et à l’action publique.
Plus spécifiquement, MONOIL cherchera à évaluer : 1) la contamination environnementale en deux sites d’étude en Amazonie et au niveau de la raffinerie d’Esmeraldas (côte Pacifique), 2) les impacts sur le développement socioéconomique des territoires pétroliers, en la replaçant dans le cadre plus large de l’impact de l’activité pétrolière sur le développement des territoires concernés, 3) les vulnérabilités et dispositions sociétales pour y faire face à différentes échelles d’action (national, régional, «paroissial», familial) et 4) à développer des solutions techniques et organisationnelles concrètes pour y répondre. L’approche écosystémique et la méthodologie interdisciplinaire associant des chercheurs en sociologie, géographie, économie, épidémiologie, hydrologie, géochimie, toxicologie, biologie, et des acteurs opérationnels équatoriens, permettront d’atteindre les objectifs scientifiques du projet et d’en assurer le transfert opérationnel. Grâce à ce transfert, le projet participera plus largement à la mise en œuvre d’une action publique davantage intégratrice des enjeux de qualité de l’environnement, de santé publique et de développement durable.

Coordination du projet

Sylvia BECERRA (Géosciences Environnement Toulouse) – sylvia.becerra@get.obs-mip.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

GET - IRD Géosciences Environnement Toulouse
LEREPS / U-Tlse1 Laboratoire d’Etude et de Recherche sur l’Economie, les Politiques et les Systèmes sociaux
GEODE - DR14 CNRS Géographie de l'environnement
HSM - IRD Hydrosciences Montpellier
EPOC - U-Bdx1 Environnement et Paléo-environnement Océanographiques et Continentaux
EPN Ecole Polytechnique Nationale d’Equateur
EP PETROECUADOR Entreprise publique Petroecuador
PRAS Programma de Reparación Ambiental y Social
UCE UNIVERSIDAD CENTRAL DE ECUADOR
IMRCP - DR14 CNRS Interactions moléculaires et réactivité chimique et photochimique

Aide de l'ANR 861 000 euros
Début et durée du projet scientifique : janvier 2014 - 42 Mois

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