FRAL - Franco-allemand en sciences humaines et sociales

Politique et corruption : Argent immoral et influence politique en France et en Allemagne (XIXe-XXe s.). – POCK2

Résumé de soumission

Nous demandons la prolongation d’un projet de recherche, déjà financé par l’ANR et la DFG, sur l’histoire de la corruption politique en France et en Allemagne aux XIXe et XXe siècles (POC/K). Au vu des recherches historiques récentes en Europe, la corruption ne renvoie pas à des pratiques spécifiques de certains gouvernants, que l’on pourrait définir par des critères simples (vénalité des échanges p.ex.), mais à des perceptions critiques du pouvoir, voire des accusations. Les réseaux de patronage existants et les pratiques de faveurs individuelles jusqu’alors coutumières ne sont plus socialement acceptés, mais condamnés au nom de normes culturelles et politiques en évolution. C’est ce que signalent certains termes neufs, comme le mot « favoritisme » apparu en français entre 1815 et 1830 ; c’est ce que signale surtout le mot ancien de « corruption », qui se charge de sens nouveaux. S’interroger sur l’augmentation ou la diminution de la corruption depuis plusieurs siècles est donc un non-sens : la corruption est un curseur qui marque les limites à partir desquelles certaines pratiques de faveurs, de collusions et de patronage sont condamnées dans une société à un moment donné. Sont corrompues les formes d’influence, ou de gestion d’intérêts par des détenteurs de mandats publics, jugées contraires à une morale civique qui fait l’objet de transactions et de débats. Autant que les spécificités nationales, les configurations des débats sont une clé pour comprendre pratiques et normes. Ce nouveau projet est construit avec des enquêtes comparatives franco-allemandes orientées dans trois directions de recherches :
1. Intérêts privés, intérêt général, intérêt national (1870-1939). L’argent immoral et les profiteurs de la guerre. Cette direction d’enquêtes se concentre sur les accusations de corruption lancées contre les entreprises qui ont réalisé des profits élevés en temps de guerre ou immédiatement après.
2. Les faveurs au village et dans le quartier. La corruption au niveau local (1900 – 1980). Il s’agit d’analyser dans une perspective localisée les affaires de corruption en lien avec les réseaux d’influence qui sont dénoncés.
3. Les réseaux des „chevaliers blancs“. L‘histoire des critiques de la corruption (1900 – 1980). Cette enquête met l’accent sur les acteurs qui ont assuré le rôle de critiques spécialisés de la corruption, et sur leur influence.
Ces trois directions d’enquêtes conjuguent deux approches différentes. Elles permettent une analyse avec des jeux d’échelle entre un niveau national (macro), des études localisées (méso), et une perspective micro à hauteur d’hommes. Elles offrent aussi une voie d’accès à des situations sociales et politiques très spécifiques : les situations de guerre, exceptionnelles et denses en événements historiques, les activités politiques à l’échelle locale, dans des sociétés marquées par des logiques de proximité, enfin le rôle des médias modernes et de leurs protagonistes dans l’organisation des débats publics. En conséquence, nous nous attendons à ce que la tolérance sociale à l’égard des déviances, ou des transgressions de normes, soit particulièrement faible dans le cas de l’économie de guerre, mais beaucoup plus élevée dans le cas des politiques locales. Cela signifierait que les pratiques s’inscrivent, du côté des élites locales, dans une continuité relative, que l’on ne retrouve pas pour l’industrie de l’armement, soumise à une pression plus pesante. En ce qui concerne les dénonciateurs de la corruption, ou « chevaliers blancs », nous supposons que leurs propres réseaux d’information et d’influence étaient particulièrement dissimulés au public. L’existence de ces réseaux, maintenus dans l’ombre, influençait, vraisemblablement, la manière dont ces acteurs dénonçaient des transgressions au nom de la lutte contre la corruption. Si ces hypothèses viennent à se confirmer, il faudrait sans parler de seuils de tolérance variables, liés à une casuistique pratique, plus qu’à des conflits normatifs.

Coordination du projet

Frédéric MONIER (Université d'Avignon - CNE-HEMOC UMR 8562) – frederic.monier@univ-avignon.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CNE-HEMOC Université d'Avignon - CNE-HEMOC UMR 8562
IRICE UMR 8138 Université Paris-Sorbonne IRICE UMR 8138
CNRS DR12_LAMES Centre National de la Recherche Scientifique Délégation Provence et Corse_Laboratoire méditerranéen de sociologie
TU Darmstadt Institut für Geschichte Technische Universität Darmstadt
Goethe Universität Frankfurt am Main Historisches Seminar Goethe Universität

Aide de l'ANR 166 244 euros
Début et durée du projet scientifique : août 2014 - 36 Mois

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