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Rôle de l’environnement prénatal dans le développement de la néophobie alimentaire : régulation olfactive et hormonale chez l’oiseau – FeedPhobic

L’expérience prénatale influence-t-elle l’expression de néophobie alimentaire chez les oiseaux ?

Influences des stimulations olfactives et des hormones d’origine maternelle dans l’œuf sur l’expression de néophobie alimentaire (peur des aliments nouveaux) chez les jeunes oiseaux d’élevage.

D’où vient la néophobie alimentaire ? peut-on proposer des outils pour la réguler ?

Ce projet vise à déterminer dans quelle mesure l’expérience prénatale des embryons peut prédisposer les jeunes oiseaux à exprimer de la néophobie alimentaire ainsi qu’à identifier les bases biologiques sous-jacentes à ce comportement. En plus d’apporter des connaissances fondamentales sur l’origine de ce trouble du comportement alimentaire très répandu chez les vertébrés, ce projet apportera des perspectives appliquées en agronomie où la peur des aliments nouveaux reste un levier à lever.

Ce projet allie des approches allant de l’Ethologie (étude des comportements), à la neurobiologie (étude du système nerveux central) et à la génétique. Nous identifierons un circuit qui, dans le cerveau, est impliqué dans la non-acceptation d’aliments nouveaux. Nous tenterons aussi d’identifier les gènes qui contribuent potentiellement à réguler le comportement de néophobie alimentaire.

Nos travaux montrent que les jeunes oiseaux utilisent leur mémoire olfactive pour orienter leur comportement alimentaire face à un aliment nouveau. De manière inattendue il est aussi apparu que l’alimentation maternelle pourrait moduler l’expression de la néophobie chez les descendants. Ces résultats ouvrent une nouvelle piste de recherche sur la qualité de l’alimentation maternelle.

Les premiers résultats sur l’analyse des comportements ouvrent une nouvelle perspective de recherche portant sur l’influence de la qualité de l’alimentation maternelle sur le comportement et les capacités cognitives des descendants. Des travaux vont être entrepris afin d’analyser de plus près le rôle des acides gras polyinsaturés qui passent directement de l’alimentation de la mère au jaune de l’œuf (source alimentaire de l’embryon).

A ce jour les travaux menés sur l’influence de l’expérience olfactive ont conduit à la publication d’un article dans une revue internationale à comité de lecture en 2013. Une conférence invitée lors d’un congrès international va être donnée en 2014. Une autre conférence invitée (France) sera donnée lors d’une journée scientifique destinée aux professionnels de l’élevage en 2014. 3 posters ont également été présentés.

La néophobie alimentaire est une réaction émotionnelle induite lorsque les individus sont confrontés à des aliments nouveaux. Cette peur des aliments nouveaux est décrite chez un grand nombre de taxa incluant l’homme mais les facteurs développementaux impliqués dans la régulation de ce comportement restent méconnus. Dans ce cadre, nous proposons un programme de recherche fondamentale qui visera à déterminer si les stimulations chimiosensorielles et les hormones d’origine maternelle présentes in ovo peuvent spécifiquement réguler l’expression de la néophobie alimentaire. Le modèle oiseau est un modèle de choix pour étudier ces effets prénataux étant donné que l’environnement embryonnaire peut être plus facilement contrôlé qu’in utero. Une première étape de ce projet consistera à déterminer si les embryos de poulet forment une mémoire des propriétés olfactives/gustatives provenant de l’alimentation maternelle. Nous testerons l’hypothèse qu’une continuité olfactive entre l’alimentation de la mère et l’alimentation du jeune peut réduire l’expression de la néophobie alimentaire. Cette démonstration se fera en donnant une signature olfactive spécifique à l’alimentation maternelle (ajout d’huile de colza aromatisée avec de l’acétate d’isoamyl). Le transfert des lipides de l’alimentation maternelle vers le jaune des œufs devrait exposer les embryons à un environnement chimiosensoriel spécifique. Chez les oiseaux, les hormones d’origine maternelle présentes dans le jaune des œufs ont récemment été identifiées comme de puissants régulateurs de la propension des descendants à exprimer des comportements de peur. Elles peuvent également interférer dans les apprentissages perceptifs in ovo. En conséquence, la deuxième étape de ce projet sera de caractériser l’effet interactif de l’environnement chimiosensoriel et des hormones d’origine maternelle dans la formation de la mémoire olfactive et l’expression de la néophobie alimentaire. Pour se faire nous élèverons expérimentalement les concentrations en stéroïdes dans le jaune des œufs. L’étape finale de notre projet sera de caractériser les circuits neuronaux et d’identifier les gènes impliqués dans la régulation de la néophobie alimentaire. Le but final du projet sera de proposer un nouveau modèle de la régulation de la prise alimentaire chez l’oiseau qui prendra en compte l’expérience prénatale, la mémoire et le circuit des émotions. Pour accomplir l’ensemble de ces tâches, ce projet sera réalisé par de jeunes chercheurs de disciplines complémentaires : l’éthologie, la neurobiologie et la biologie moléculaire. Cette approche complémentaire nous permettra d’avoir une vue intégrative des processus allant des cellules, aux gènes, aux circuits neuronaux, aux signaux de l’environnement et au comportement. Notre projet contribuera fortement à apporter des connaissances nouvelles dans le champ des effets maternels et des comportements alimentaires chez les vertébrés. Il pourra également apporter des applications agronomiques à court terme. En combinant les connaissances et techniques de pointe dans chacun des champs disciplinaires, ce projet regroupe toutes les conditions nécessaires à son bon accomplissement.

Coordination du projet

Aline BERTIN (INSTITUT NATIONALE DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE) – aline.bertin@tours.inra.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

INRA INSTITUT NATIONALE DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE

Aide de l'ANR 175 000 euros
Début et durée du projet scientifique : octobre 2012 - 36 Mois

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