FRAL - Programme franco-allemand en SHS

La vie des portraits grecs / Das Leben griechischer Porträts – EIKON

EIKON, la vie des portraits grecs/das Leben griechischer Porträts

Le projet de recherches porte sur les statues portraits du monde grec antique du Ve au Ier siècle av. J.-C. Il étudie les processus dynamiques de transmission, de réception et de changements, de leur érection jusqu’à leur destruction : les « pratiques du portrait », tels les couronnements, les réfections ou les honneurs, et leur « recontextualisation », c’est-à-dire les modifications de leur environnement ou de leurs utilisations.

Reconstituer la « vie » des portraits grecs

EIKON s’attache à reconstituer la « vie » de ces portraits.<br />Les portraits en ronde-bosse, c’est-à-dire les représentations plastiques de personnages historiques, constituent l’un des traits caractéristiques de la culture visuelle du monde antique gréco-romain, et ce dès l’époque archaïque. Dans les humanités classiques, les portraits grecs ont surtout fait l’objet d’une approche stylistique. Depuis un quart de siècle, les chercheurs les examinent d’un œil neuf, selon un angle typologique et iconographique privilégiant les analyses catégorielles (par ex. les statues de chefs politiques et militaires, de femmes ou d’intellectuels), ou selon une approche fonctionnelle qui met en évidence les usages auxquels ils étaient destinés – en tant que statues de culte, portraits votifs ou effigies honorifiques. Une troisième voie les considère encore d’après leur réception par les spectateurs antiques et leur développement littéraire dans le genre de l’ekphrasis.<br />Le caractère innovant du projet est de mettre délibérément l’accent sur la vie des statues après leur exposition – c’est-à-dire sur la communication et le rapport que les acteurs sociaux entretiennent avec les portraits. Ceux-ci seront étudiés en tant que médias de la mémoire et de la durée d’une représentation individuelle dans une perspective matérielle, spatiale, urbanistique, topographique et mentale. La durée de leur présence physique est ainsi interprétée en relation avec les transformations de leurs contextes concrets d’utilisation et de réception<br />

EIKON porte sur les processus de réception et d’appropriation des portraits grecs, ainsi que sur les contextes médiatiques, religieux et sociaux de ces processus. Il faut donc prendre en considération deux sphères fondamentales qui concernent l’existence des portraits grecs : les actions performatives du traitement des portraits (les pratiques du portrait) et les changements dans leur placement, ou dans leurs contextes mentaux (la recontextualisation). On désigne comme pratiques du portrait les formes directes d’utilisation, d’entretien, de complément, de transformation, etc. de statues portraits, jusqu’à leur transport dans de nouveaux contextes d’exposition ou jusqu’à leur destruction. Cette étude inclut leur utilisation lors des actes rituels.

L’étude commence avec le début du Ve siècle, car c’est le moment où l’individualisation physionomique des portraits devient un phénomène important dans la sémantique des portraits, qui changent de signification dans l’espace politique de la polis. La période qui s’étend du IVe au I er siècle voit l’apogée du portrait grec, en particulier sous la forme des statues honorifiques, qui peuplèrent en grand nombre les places publiques et les temples. Le corpus examiné dans le cadre d’EIKON ne va pas au-delà du Ier siècle av. J.-C. et exclut expressément l’époque impériale, qui est bien étudiée et où le phénomène de la copie, bien établi, crée un tout autre contexte. Si l’accent est mis sur des lieux emblématiques du monde grec, qui offrent un riche matériel mis au jour (notamment Délos, Athènes, les sanctuaires panhelléniques et Pergame), des cas moins connus sont également exploités : dans la longue durée, les colosses de Memnon offrent l’exemple d’une contextualisation aux marges du monde grec à desitnation des Grecs.
Le manuel sur la vie des portraits (Das Leben griechischer Porträts / La vie des portraits grecs) combinera les approches méthodologiques et les études de cas en exposant les phénomènes de transmission et les pratiques des portraits et recontextualisations, avant d’aborder les étapes des vies du portrait, de la naissance, à la destruction ; seront développées les études sur l’entretien, le culte ; les inscriptions additionnelles et transformation des inscriptions, les réfections et transferts et recontextualisaitons. Dans les études de cas, caractéristiques sur des sites et des portraits emblématiques, des essais, donnant une vision synthétique (et non pas un inventaire systématique) sont prévus pour Délos, les sanctuaires panhelléniques et les Tyrannoctones ou Théogénès de Thasos.

Le projet a une perspective large qui doit aboutir à une synthèse sur les questions générales de la vie des portraits antiques dans leur environnement social et topographique. Il doit aboutir à des publications : un manuel (voir ci-dessus), une dissertation sur les couronnements (du côté français), une monographie sur les réparations (du côté français) et des articles particuliers. Le manuel ne doit pas comprendre de catalogue, mais doit étudier le phénomène. Rappelons que la notion de portrait s’applique à des représentations de personnes sans tenir compte du degré de similitude ou de ressemblance réaliste, du Ve au Ier siècle av. J.-C.

Manuel prévu et articles ; brevets : rien

Le projet « EIKON – Das Leben griechischer Bildnisse / La vie des portraits grecs » réunit un groupe de recherche franco-allemand de spécialistes des sciences de l’Antiquité, en particulier d’archéologie classique. Le thème de recherche porte sur les statues portraits du Ve au Ier siècle av. J.-C., qui ont fortement marqué la culture visuelle de la Grèce antique par leur omniprésence. L’érection des statues, qui a été souvent traitée dans la recherche, ne constitue pas l’objet central, mais, pour la première fois, c’est la « vie » des portraits grecs à partir de leur érection jusqu’à leur destruction qui constitue le thème central (et pas seulement marginal) de la recherche : le traitement de leurs transformations, appropriations, re-sémantisations et re-contextualisations successives par des actes rituels, des réfections, des réutilisations, de nouvelles expositions etc. Il s’agit d’étudier les processus dynamiques de transmission, de réception et de changements qui caractérisent les portraits grecs. Ils doivent se comprendre dans leurs contextes de communication, culturels et socio-politiques.

Ce projet combine des études systématiques et paradigmatiques. Son caractère innovant réside dans la problématique qui, pour la première fois, ne porte pas sur les circonstances et les messages primaires, mais sur la (ré)utilisation concrète des portraits antiques et contribue ainsi à dégager clairement la dynamique de leur fonction culturelle et de communication. Dans une approche moderne de l’étude des portraits, on combinera étude contextuelle et utilisation systématique des sources et perspectives archéologiques, épigraphiques et historiques. Cette démarche amènera à confronter de manière critique des traditions scientifiques très différentes entre la France et l’Allemagne. Deux perspectives principales sont donc au centre de la démarche : l’étude concrète des portraits (les « pratiques du portrait »), comme les couronnements, les réfections, les coutumes honorifiques etc., et leurs conditions de réception qui se modifient au fil du temps dans différentes réutilisations, contextes d’exposition et médias (« recontextualisation »).

Les résultats du projet seront présentés dans des monographies sur des aspects particuliers encore inexplorés dans ce champ d’étude et dans un ouvrage synthétique et systématique sous forme d’un manuel. En outre, on élaborera avec l’Ecole française d’Athènes pour la première fois une base de données exhaustive et disponible à l’avenir pour la recherche sur les portraits de tous les témoignages qui ont trait aux portraits antiques à Délos, qui est l’un des sites les plus importants pour l’étude du portrait grec. On confrontera aussi dans un colloque, suivi d’une publication, les résultats obtenus sur deux sites urbains centraux pour la recherche contextuelle des statues-portraits grecques, Délos et Pergame, où des institutions allemande et française mènent depuis longtemps une exploration archéologique. On mettra ainsi en exergue une étude de cas sur les fonctions et la « vie » des portraits dans deux centres urbains majeurs du monde hellénistique, qui sont étudiés par des groupes de chercheurs inscrits dans des traditions allemande et française.

Coordinateur du projet

Monsieur François QUEYREL (Histara (Histoire de l'art, Histoire des représentations et archéologie de l'Europe), puis UMR 8546 (AOROC) à partir du 01/01/2014) – f.queyrel@orange.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Histara-AOROC (EPHE) Histara (Histoire de l'art, Histoire des représentations et archéologie de l'Europe), puis UMR 8546 (AOROC) à partir du 01/01/2014
A.C.P. (Université Paris-Est Marne-le-Vallée) Analyse Comparée des Pouvoirs
C.R.I.S.E.S. (Université Montpellier 3) Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences humaines et sociales

Aide de l'ANR 198 249 euros
Début et durée du projet scientifique : mars 2013 - 36 Mois

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