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Métaphysique de la science : niveaux, individus et dispositions à l’aune de la science actuelle – Metascience

Métaphysique de la science : niveaux, individus et dispositions à l’aune de la science actuelle

Le but du projet Metascience est de faire une contribution significative à la métaphysique des sciences, à partir d’une analyse détaillée de concepts clés des sciences expérimentales contemporaines, surtout de la physique, de la biologie et de la psychologie. Le but de la « métaphysique des sciences » est l’analyse des concepts fondamentaux qui structurent la recherche scientifique, tels que les concepts d’individu, de cause ou de disposition.

La métaphysique des sciences révèle la structure conceptuelle sous-jacente à la science, plutôt que celle sous-jacents au sens commun

Notre but est de révéler la structure conceptuelle qui est sous-jacente aux théories et pratiques scientifiques. Notre approche appartient à ce que Strawson appelle « la métaphysique révisionniste » : dans la mesure où la science s’oppose souvent au sens commun, nous choisissons l’adéquation à la science comme critère principal, et non l’adéquation au sens commun. Si, par exemple, le concept d’individu qui est à l’œuvre en biologie inclut dans un organisme individuel tous les organismes qui vivent en symbiose avec lui, alors que le sens commun les en exclut, nous ignorons le sens commun et prenons au sérieux la biologie. Plus généralement, notre projet vise à analyser les concepts scientifiques, tels qu’ils sont à l’œuvre dans les sciences, même s’ils entrent en conflit avec l’ontologie du sens commun.

L’objectif de l’axe 1 sur les niveaux de réalité est d’explorer les manières dont différents niveaux s’articulent en physique et en biologie. Nous examinerons différents concepts d’émergence à l’égard de leur fonction à l’intérieur de sciences particulières, mais surtout à l’égard de leur contribution à la compréhension des relations entre différentes sciences. Nous analyserons le concept de réalisation et ses liens avec les concepts de causalité et d’explication. Dans l’axe 2 qui porte sur les objets individuels en physique et biologie, nous établirons des contacts avec des scientifiques. Nous explorerons avec des physiciens et des biologistes leurs conceptions de ce qui compte comme « objet » et « individu », en particulier dans différentes branches de la biologie : biologie évolutionniste, écologie, physiologie, en particulier immunologie et biologie du développement. Le but de l’axe 2 est d’élaborer une image scientifique unifiée et aussi cohérente que possible. L’aspect le plus original qui a été largement négligé par la philosophie jusqu’ici, est la détermination de convergences, chevauchements et de conflits entre les perspectives métaphysiques élaborées à partir de sciences différentes. L’axe 3, sur les dispositions en physique et philosophie, analysera l’ontologie de la perception, à la lumière de la description dispositionnelle des qualités sensibles (telles que les couleurs), et des capacités perceptives, telles que les capacités de discrimination. Nous mettrons le concept de « qualia » en rapport avec l’espace (subjectif) de représentation et avec les qualités objectives des objets perçus. Nous comparerons la structure des notions dispositionnelles en physique et en psychologie. Est-ce que la difficulté d’analyser les dispositions en termes d’états catégoriques et manifestations observables a les mêmes raisons dans les deux sciences ? Exemples : la mémoire iconique en psychologie cognitive et chaleurs spécifiques en physique.

L’objectif du projet est de produire plusieurs articles de recherche, de volumes collectifs et de monographies à l’intérieur de chacun des trois axes. Dans l’axe 1, nous prévoyons de publier une série d’articles sur la compositionnalité et l’émergence, à partir des résultats des colloques organisés sur ce thème, en insistant sur la comparaison entre physique, biologie et neurosciences. Dans l’axe 2, nous publierons un volume sur « les Individus en biologie et en physique ». Nous soumettrons un article collectif sur les spécificités de l’individuation en biologie et physique à une revue de philosophie des sciences. Dans l’axe 3, nous avons l’intention de publier un volume intitulé « Comparer les dispositions » dans les différentes sciences. Une partie de notre production portera sur plusieurs axes. Nous avons par exemple l’intention de publier un recueil sur « Dispositions, mechanisms and compositionality » qui rassemblera des recherches conduites ans les axes 1 et 3.
Nous avons aussi le projet d’élaborer un Companion ou Handbook of Metaphysics of Science qui devrait servir d’ouvrage de référence pour la recherche future dans ce domaine. Nous inviterons, entre autres, les chercheurs qui auront contribué à nos activités (colloques et séminaires, congrès final du projet).
Nous développerons une bibliographie étendue sur la métaphysique des sciences sur internet. Il existe déjà des bibliographies (avec de liens vers des articles disponibles) qui sont très utilisés par les étudiants et les chercheurs. Nous suivrons l’exemple du site web créé par D. Chalmers pour la philosophie de l’esprit. consc.net/people.html).

Metascience a pour but de renouveler le champ de la métaphysique des sciences, grâce à un certain nombre de stratégies novatrices.
1. Plutôt que de se limiter à l’analyse conceptuelle a priori, nous analysons quels objets et quelles relations sont postulés par les sciences réelles. Nous aurons bien entendu recours à l’analyse conceptuelle, mais nous l’appliquerons aux concepts réellement utilisés dans les sciences, plutôt qu’aux concepts du sens commun.
2. Metascience ne présuppose rien en ce qui concerne les résultats attendus. L’analyse des sciences réelles pourrait révéler des complexités qui avaient été cachées par des présupposés philosophiques.
3. Metascience poursuit une stratégie comparative. La plupart des projets métaphysiques se concentrent sur une seule science (la plupart du temps, la physique), alors que nous étudions plusieurs disciplines (physique, biologie, psychologie), avec le but de voir si les résultats portant sur un domaine peuvent être généralisés sur d’autres domaines, ou si certaines conceptions entrent en conflit. Si cela est le cas, il s’agit d’examiner comment de tels conflits peuvent être surmontés.
4. Metascience se concentre sur des domaines de « chevauchement » où plusieurs sciences étudient ce qui semble être les mêmes objets. Metascience pourrait aider à démêler des situations complexes où différentes sciences offrent des descriptions ontologiques distinctes et parfois incompatibles.
5. Metascience ne se limite pas à un seul genre d’entités (par exemple les gènes) ou relations (la réduction), mais considère plusieurs genres différents d’entités et de relations. Cela devrait nous permettre de saisir des structures communes insoupçonnées.
6. Nous nous concentrerons surtout sur « l’image scientifique » produit par les différentes sciences ; mais nous analyserons également les relations entre cette image et ce que l’on pourrait appeler l’image « manifeste » ou l’image du « sens commun » du monde.

voir rubrique « Résultats »

L’objectif du projet Metascience est de contribuer de manière significative à la métaphysique des sciences à partir d’une analyse détaillée de concepts clés dans les sciences expérimentales actuelles, au premier rang desquelles la physique, la biologie et la psychologie. Le but de la « métaphysique des sciences » est l’analyse des concepts fondamentaux qui structurent la recherche scientifique, comme les notions d’individu, de cause, ou de disposition.
Notre stratégie peut être comprise par opposition à la perspective aujourd’hui dominante en métaphysique qui procède pour l’essentiel par pure analyse conceptuelle. Cette stratégie de recherche philosophique est défendue de manière explicite sous l'appellation de « métaphysique descriptive » (due à Strawson 1959) : son objectif est de rendre explicite la structure conceptuelle sous-jacente au sens commun, à partir de l’analyse conceptuelle des propositions du langage ordinaire et des intuitions qu’elles expriment. Cette approche structure, par exemple, une partie importante des recherches sur la causalité. Dans la mesure où le sens commun ignore le savoir scientifique, s’il n'y est pas carrément opposé, la science n’a pas de rôle à jouer dans la réalisation de la tâche de la métaphysique descriptive.
Ce projet propose un type d’investigation métaphysique totalement différent. Notre intérêt principal ne réside pas dans l’analyse de la structure conceptuelle qui sous-tend le sens commun, mais dans la mise au jour de la structure conceptuelle sous-jacente aux théories et à la pratique scientifiques. Dans l’exacte mesure où la science va souvent à l’encontre du sens commun, notre choix d’adopter comme principal critère d’adéquation d'une proposition métaphysique l’accord avec la science, inscrit notre approche dans la perspective de ce que Strawson appelle la « métaphysique révisionniste ». En effet, nous suggérons que les sciences expérimentales peuvent offrir une « image du monde », qui peut fort bien entrer en conflit avec l’image du monde de tout un chacun, fondée principalement sur nos perceptions et intuitions. Pour prendre un seul exemple, si le concept d’individu à l’œuvre en biologie inclut dans l’organisme individuel tous les microorganismes qui vivent en symbiose avec lui alors que le sens commun les exclut, nous ignorerons la suggestion de ce dernier et prendrons au sérieux le premier. Plus généralement, notre projet a pour objectif d’analyser les concepts scientifiques à l’œuvre dans la science. L’analyse de tels conflits est cruciale pour notre projet.
La caractéristique la plus originale de ce projet est notre approche pluridisciplinaire vis-à-vis des sciences expérimentales : notre objectif est d’analyser différents concepts métaphysiques cruciaux en évaluant le rôle qu’ils jouent dans la structuration et la justification des activités scientifiques dans plus d’une discipline. À de très rares exceptions près, pratiquement toute la recherche en métaphysique des sciences prend en considération seulement une science, la plupart du temps la physique. À l’opposé, nous pensons que comparer les rôles qu’un même concept joue dans différentes sciences pourrait permettre de mettre au jour sa structure et ses caractéristiques fondamentales d’une manière plus pertinente qu’une analyse qui reste limitée à une discipline unique.
Le projet Metascience est structuré autour de trois axes. Notre stratégie consiste en l’analyse du rôle que jouent trois notions clés dans les sciences expérimentales d’aujourd'hui : 1) les niveaux de réalité, 2) les objets ou individus, et 3) les dispositions. À partir de cette analyse, nous souhaitons tirer des conclusions quant à la structure de la réalité telle que se la représente la science, sur les possibles conflits entre la représentation scientifique du monde et la vision du monde de sens commun, ainsi que sur la constitution de notre système conceptuel.

Coordination du projet

Maximilian KISTLER (INSTITUT D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES (IHPST)) – mkistler@univ-paris1.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

IHPST - UMR8590 INSTITUT D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES (IHPST)

Aide de l'ANR 200 000 euros
Début et durée du projet scientifique : décembre 2012 - 36 Mois

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