Collectifs socio-techniques et transition énergétique – COLLENER
Le projet de recherche COLLENER étudie l'émergence des collectifs socio-techniques au coeur de la transition énergétique contemporaine
La transition énergétique émerge au travers des processus sociaux de développement et de déploiement des technologies. Leur analyse est structurée autour des dynamiques transnationale, nationale et locale qui les portent. Elle prend pour objet sept nouvelles technologies de l'énergie (NTE) : le solaire, l'éolien terrestre, l'éolien offshore, les réseaux intelligents, la capture et la séquestration du CO2, le bois-énergie et les bâtiments performants
Suivre les collectifs socio-techniques pour comprendre les enjeux de la transition énergétique
L’objectif principal de ce projet de recherche est de préciser les enjeux de la transition énergétique au-delà de sa dimension quantitative (réduction de la demande, pénétration de telle ou telle technologie) et dans leurs liens aux dynamiques d’innovation comprises comme des processus de recomposition sociale autour de l’émergence de nouvelles technologies. <br />Notre objectif se décline à travers 5 objectifs de rang secondaire :<br />1. Décrire les dynamiques de la transition énergétique à différentes échelles et leurs interactions. <br />2. Analyser les enjeux de ces interactions, en décrivant les configurations technologiques portées par les collectifs sociotechniques qui sont au cœur de ces dynamiques de la transition énergétique. <br />3. Décrire les recompositions sociales qui se jouent autour de l’émergence des NTE, en décrivant les nouveaux assemblages et les conflits / tensions ou accords qui les accompagnent. <br />4. Revisiter les notions de potentiel et de transition.<br />5. Examiner les implications de cette redéfinition quant aux représentations et à la gestion actuelle de la transition énergétique (statut conféré aux modèles et aux scénarios ; instruments des politiques EnR ; théorie du « transition management»).<br />
La transition énergétique renvoie à une diversité de scénarios qui ouvre un débat sur la nature du bouquet énergétique du futur, les systèmes sociotechniques engagés et la conduite de cette transition. Le cadrage bien souvent économique ou techniciste des débats peine cependant à saisir les dimensions sociale et territoriale de ces processus. L’analyse de ces dimensions semble devoir passer par une clarification de la notion de potentiel, pour la dégager d’une vision restreinte comme « potentiel de déploiement technologique » - au sens d’un possible déterminé par avance - et la rapporter à une émergence de nouveaux collectifs et de nouveaux modes de gestion de l’énergie.
La technologie n'est pas une réalité isolée. C’est un mode d'assemblage d'éléments hétérogènes qui se rapporte tout autant à la technologie qu'au social. La technologie n'est donc pas dotée d'un potentiel de développement intrinsèque mais elle opère sa territorialisation et émerge en tant que réalité nouvelle au travers de collectifs socio-techniques émergents.
Pour explorer la transition énergétique, nous proposons donc de suivre des collectifs socio-techniques émergents, à trois niveaux : l'émergence de coalitions d'acteurs et de processus transnationaux, l'émergence de politiques climat-énergie, l'émergence de communautés énergétiques durables
Ces trois entrées ne constituent pas des niveaux stabilisés de la transition énergétique ; elles sont ici proposées comme trois entrées pour l’analyse des dynamiques d’innovation et des recompositions de nos sociétés qui sont au cœur de cette transition, et de leurs articulations.
Le principal résultat escompté est de comprendre les dynamiques d’innovation en cours sur plusieurs NTE, les configurations d’innovations qui sont en jeu au travers de ces dynamiques, les collectifs qui les portent et les recompositions sociales qui leurs sont associées, de manière à contribuer par l’analyse comparée à la compréhension des enjeux de la transition énergétique, au-delà de la dimension quantitative de pénétration de NTE.
Les critères d’évaluation et de succès du projet sont les suivants :
. La consolidation, le développement et la mise en œuvre d ‘un cadre commun d’analyse des différentes dynamiques d’innovations des NTE permettant de saisir les enjeux de recompositions sociales qui leur sont liés,
. Un apport final dans le débat sur la gestion de la transition énergétique, notamment quant à la spécification empirique et la redéfinition théorique des notions de potentiel et d’émergence comme dimensions de la transition énergétique,
. Ce faisant le projet contribuera à répondre au manque d’analyse des processus de développement et de déploiement des NTE, pointé par le GIEC dans son dernier rapport sur les énergies renouvelables (GIEC, 2011),
cf ci-dessus
à venir
La transition énergétique renvoie à une diversité de scénarios qui ouvre un débat sur la nature du bouquet énergétique du futur, les systèmes sociotechniques engagés et la conduite de cette transition. Le passage de ces visions quantifiées (les scénarios) à des futurs soutenables dépend largement des modalités (collectifs, échelles, rythme…) qui présideront au développement de nouvelles technologies de l’énergie (NTE), tant pour la diversification de l’offre que pour la maîtrise de la demande.
Un argument central de ce projet est que le potentiel de la transition ne se restreint pas au « potentiel technologique » – défini comme la capacité d’une technologie à contribuer à la production d’énergie (e.g. les 25 GW de l’éolien en France). Ce potentiel est à construire. Il émerge au travers des processus sociaux de développement et de déploiement des technologies. Le projet COLLENER fait porter l’analyse, au moyen des méthodes et concepts des sciences sociales, sur les collectifs sociotechniques qui sous-tendent cette émergence.
Ce faisant, le questionnement sur la transition énergétique ne se limite plus aux conditions de l’opérationnalisation des scénarios qui la sous-tendent. Il examine si les NTE, du fait de leur modularité et de leur potentiel de décentralisation, sont à mêmes de redisposer les pouvoirs, les richesses et les risques, et d’être à l’origine d’un potentiel de développement soutenable à l’occasion de la décarbonisation de notre économie. Il s’agit donc autant d’apprendre sur la transition énergétique en cours, avec le déploiement des NTE, que sur le potentiel de recomposition sociétales et environnementales dont elle peut être porteuse.
L’analyse est structurée autour de trois dynamiques (transnationale, nationale et locale) qui sont au cœur de la transition énergétique :
- l’émergence de coalitions d’acteurs et de processus transnationaux dans le secteur des NTE et de leur financement, visant à instaurer un cadrage politique et règlementaire qui permette le développement des NTE à large échelle ;
- l’émergence des politiques climat-énergie par passage progressif de politiques énergétiques sectorielles (e.g. éolien, solaire,…), soumises à de fortes tensions dans différentes pays, à des politiques climat-énergie plus territorialisées ;
- l’émergence de « communautés énergétiques durables » correspondant à des initiatives locales ou en réseau d’invention de futurs énergétiques durables.
Notre objectif est d’aboutir à une compréhension de la transition énergétique par l’analyse des jeux d’acteurs, des visions, des propositions et des forces qui orientent le devenir des collectifs sociotechniques qui portent ces innovations, en tentant de saisir les ramifications institutionnelles, territoriales et sociales des dynamiques à l’œuvre. Le projet de recherche propose d’explorer sur cette base les processus suivants : solaire, éolien terrestre, offshore (éolien, énergies marines), captage et stockage géologique du CO2, réseaux intelligents, bois-énergie et bâtiments énergétiquement performants.
La comparaison des processus empiriques étudiés sera organisée autour de la description de « configurations d’innovations » selon un nombre restreints de dimensions (temporalité de l’innovation, diffusion de l’innovation, partage de l’innovation). Il s’agit là, à dessein, non pas d’une notion stabilisée et affiliée à un champ disciplinaire ou un pas de temps spécifié, mais d’un infra-langage destiné à permettre une saisie et un suivi des enjeux sur les différentes NTE analysées, et une élaboration commune, à la croisée d’objets, de disciplines et de partenaires non scientifiques, sur le projet COLLENER.
Coordinateur du projet
Monsieur Alain NADAÏ (Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement) – nadai@centre-cired.fr
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
EDF R&D Electricité de France Recherche et Développement
CERPA Centre d’Etude et de Recherche sur les Paysages
Cemagref / Irstea Bordeaux Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture Bordeaux
PACTE / UJF Politiques publiques, Action politique, Territoires / Université Joseph Fourier
CNRS - EVS Environnement Ville Société
CIRED Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement
Aide de l'ANR 295 999 euros
Début et durée du projet scientifique :
mars 2012
- 36 Mois