Espaces privés religieux: individus, expériences ordinaires et dynamiques religieuses en Afrique de l'Ouest – Priverel
priverel
Espaces privés religieux : individus, expériences ordinaires et dynamiques religieuses en Afrique de l’Ouest
Impact des dynamiques religieuses sur le quotidien des croyants
Son objectif, dans une démarche résolument comparative, répond à une préoccupation centrale des sciences sociales : dépassant l’analyse du religieux dans l’espace public, il évaluera la portée, sur les croyants, des normes édictées par les acteurs religieux (chrétiens et musulmans) dans trois pays ouest-africains (Sénégal, Burkina Faso et Bénin). Appréhender ainsi les pratiques religieuses dans les sphères privées et intimes des individus permettra, en retour, de mieux cerner l’impact réel ou fictif des dynamiques religieuses qui s'expriment dans les espaces publics de nombreux pays ouest-africains.
Les travaux seront axés sur des enquêtes de terrain longues et en immersion (observation participante, entretiens, …), seule méthode qui permette d’être proche des croyants, de vivre leur quotidien et de partager leur intimité : cette ethnographie méticuleuse rendra alors possible l’observation des différences de comportements entre public/privé, entre discours et attitudes, et permettra de saisir le sens réel que les individus donnent à leurs pratiques spirituelles, en dehors de tout groupe public. Chaque chercheur du programme, déjà bon connaisseur de son terrain d’étude, activera alors ses propres réseaux relationnels pour réaliser ce travail.
Dans chacun des trois pays, quatre thématiques seront privilégiées: la place de ces militantismes religieux dans la sphère domestique (normalisation de la vie familiale, conflits liés aux conversions …) ; le religieux comme ressource (économique, sanitaire…) face à la crise ; le religieux comme objet de valorisation des cadets sociaux (jeunes, femmes…) ; le religieux comme voie de salut pragmatique (logiques de transhumances/cumuls religieux). Les résultats attendus mettront en évidence la quotidienneté du religieux dans ses dimensions économiques, juridiques et identitaires.
Le programme mesurera comment le religieux peut constituer une garantie de sécurité sociale, médicale et économique dans un contexte de crise aiguë; mais également une voie possible de reconnaissance sociale, travaillant l’identité des croyants mus par un nouvel idéal social, voire politique. Au-delà des pays étudiés et grâce au dépassement des clivages confessionnels permettant de considérer les dimensions militantes communes aux différentes religions, ce travail répondra à la demande fréquente d’acteurs de la société civile/politique (ONG, programmes de développement) d’avoir une idée plus précise sur l’importance accrue du fait religieux dans les systèmes de représentation des individus.
- Séminaire scientifique de démarrage du 5 janvier 2012
- Création du site internet
- Publications:
. BA Mame-Penda, 2012, “La diversité du fondamentalisme sénégalais. Elements pour une sociologie de la connaissance.”, Cahiers d’études africaines, n° 206-207: 575-602.
. Brégand, Denise, “Circulation dans les “communautés” musulmanes plurielles du Bénin. Catégorisations, auto-identifications.”, Cahiers d’études africaines, n° 206-207: 471-492.
. Languewiesche, Katrin, ” Émancipation et obéissance: Religieuses catholiques au Burkina Faso durant un siècle.” Autrepart, n°61 (1) : 117-136.
. Samson, Fabienne, 2012, (dir.) L’Islam au delà des catégories, Cahiers d’études africaines , n° 206-207
. SAMSON Fabienne, 2012, « Introduction : La question des classifications en islam », in « L’islam, au-delà des catégories », numéro spécial n°206-207 Les Cahiers d’Etudes Africaines.
. Saint-Lary, Maud, 2012, “Du wahhabisme aux réformismes génériques. Renouveau islamique et brouillage des identités à Ouagadougou.”, Cahiers d’études africaines , n° 206-207: 449-470
. Saint-Lary, Maud, 2012, “Quand le droit des femmes se dit à la mosquée. Les voies islamiques d’émancipation au Burkina Faso”, Autrepart n°61 (1) : 137-155.
. Vitale, Mara, 2012, “Trajectoires d’évolution de l’islam au Burkina Faso”, Cahiers d’études africaines , n° 206-207:367-388
Porté par le Centre d’Etudes Africaines à Paris (IRD/EHESS) en collaboration avec l’université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal), l’Université de Ouagadougou (Burkina Faso) et l'Université d'Abomey-Calavi de Cotonou (Bénin), le programme Priverel constituera une équipe de 18 chercheurs européens, américains et africains, issus de six disciplines différentes (anthropologie, sociologie, histoire, science politique, démographie et économie). Son objectif, dans une démarche résolument comparative entre approches quantitative et qualitative, répond à une préoccupation centrale des sciences sociales : celle de cerner l’impact réel ou fictif des dynamiques religieuses s'exprimant dans les espaces publics de nombreux pays ouest-africains. Dépassant ainsi l’analyse du religieux dans l’espace public, discutée dans le laboratoire d’accueil, il s'agira d'évaluer la portée, sur les croyants, des normes édictées par les acteurs religieux (chrétiens et musulmans) dans trois pays ouest-africains (Sénégal, Burkina Faso, Bénin), et d'appréhender alors les pratiques religieuses dans les sphères privées et intimes des individus.
En Afrique comme ailleurs, les militantismes religieux connaissent une importance croissante depuis une vingtaine d’années : disciples et responsables usent de l’espace public pour diffuser des normes, rectifier des pratiques et inculquer des valeurs morales, afin de réactiver la ferveur des croyants, transformer leur rapport au monde et impulser de nouvelles formes de solidarité. L’heure est à la réforme religieuse et au réenchantement des sociétés. Ces dynamiques se traduisent par une fragmentation des autorités, une intensification des concurrences religieuses et une autonomisation accrue des fidèles. Face à ce constat, il devient nécessaire de se pencher sur l’impact de ces militantismes sur la transformation des mondes sociaux, et d’évaluer l’intériorisation des normes religieuses par les fidèles. En somme, comment se traduit cette effervescence religieuse dans les pratiques cultuelles et individuelles des croyants, dans leurs relations interpersonnelles, dans leurs parcours confessionnels ? C’est ce à quoi s’attellera Priverel en appréhendant ces dynamiques en "réception".
Le caractère novateur de ce programme tient au questionnement sur l’efficacité des discours publics et sur la pénétration des normes jusque dans le quotidien et le vécu des croyants, seul moyen de cerner les logiques de réappropriation/détournement des messages produits dans l’espace public. Ce glissement analytique du public vers le privé sera débattu dans les trois pays choisis parce que les religions catholique, protestante et musulmane y sont représentées dans des proportions différentes. Dans chacun des trois pays, quatre thématiques seront privilégiées: la place de ces militantismes religieux dans la sphère domestique (normalisation de la vie familiale, conflits liés aux conversions …) ; le religieux comme ressource (économique, sanitaire…) face à la crise ; le religieux comme objet de valorisation des cadets sociaux (jeunes, femmes…) ; le religieux comme voie de salut pragmatique (logiques de transhumances/cumuls religieux). Les résultats attendus mettront en évidence la quotidienneté du religieux dans ses dimensions économiques, juridiques et identitaires. Le programme mesurera comment le religieux peut constituer une garantie de sécurité sociale, médicale et économique dans un contexte de crise aiguë; mais également une voie possible de reconnaissance sociale, travaillant l’identité des croyants mus par un nouvel idéal social, voire politique. Au-delà des pays étudiés et grâce au dépassement des clivages confessionnels permettant de considérer les dimensions militantes communes aux différentes religions, ce travail répondra à la demande fréquente d’acteurs de la société civile/politique (ONG, programmes de développement) d’avoir une idée plus précise sur l’importance accrue du fait religieux dans les systèmes de représentation des individus.
Coordination du projet
FABIENNE SAMSON (ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES)
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
Partenaire
CEAf ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES
Aide de l'ANR 193 198 euros
Début et durée du projet scientifique :
December 2011
- 48 Mois