ESPACE ET TERRITOIRE - ESPACE ET TERRITOIRE : LES ENIGMES SPATIALES DE LA VIE EN SOCIETE.

Sociétés, mobilités et déplacements : les territoires de l'attente (le cas des mondes américains, d'hier à aujourd'hui) – TERRIAT

L’attente, définie comme état de la mobilité, s’inscrit et se vit dans des territoires spécifiques ou inattendus.

Il s’agit d’examiner ces territoires, la multiplicité de formes qu’ils revêtent (entre les dispositifs définis spécifiquement pour la mise en attente et les espaces inattendus où l’attente crée un autre usage des lieux), leurs temporalités spécifiques, ainsi que la variété des jeux économiques et sociaux qui s’y déploient.

Changer de paradigme : de l’analyse de la mobilité à celle de l’attente et de ses territoires

Ce projet se propose de défricher plus particulièrement trois champs d’études, qui s’offrent comme autant d’opportunités pour expérimenter un changement de focale analytique, non plus mobilisée par l’observation des mobilités, des déplacements et autres migrations, mais par les temps d’arrêt, de pause et d’attente qui ponctuent ces flux.<br />- Typologie des territoires de l’attente : il s’agit ici d’analyser les configurations territoriales des situations d’attente en comparant deux modalités de l’attente : celle dramatique et exceptionnelle des émigrants, migrants et réfugiés, et celle plus ordinaire qui prend place dans les brèches qui s’ouvrent dans le quotidien des sociétés. Il s’agit également de dresser une typologie des territoires qui abritent des situations d’attente : depuis le camp – spécialement dessiné et destiné à cette fonction – jusqu’à la voie rapide urbaine embouteillée, sans oublier non plus les paysages de la clandestinité.<br />- Economie de l’attente : il s’agit ici de s’interroger sur l’ordinaire des jours ou des heures dans un lieu d’attente : quelles activités sociales ou économiques naissent dans ces lieux confinés où est éprouvée l’expérience d’un « temps élastique » ? Entre la prostitution et la vente ambulante, il importe de décrire et comprendre les formes spatiales de la « débrouillardise ». Un pan important du questionnement concerne l’étude des transformations des pratiques et identités sociales dans ces territoires de l’attente.<br />- Mémoires et identités: loin d’être des «non-lieux », ces territoires, où des individus partagent une attente commune, peuvent au contraire être des lieux de formation d’identités. Plus tard, certains deviendront des lieux de mémoire, comme Ellis Island aux Etats-Unis, témoignant de l’importance de ces lieux dans la formation identitaire des immigrants.<br />

Le travail s’est organisé en deux temps : il s’agissait d’abord de définir des cas d’études, en variant les approches disciplinaires et les situations, pour éprouver un certain nombre d’hypothèses et défricher les enjeux de cette notion. Un certain nombre de ces cas d’études sont apparus dans échanges nés à la suite de conférences ou discussions réalisées dans le cadre de missions.
Voici quelques cas d’études :
- les architectures de l’attente : lazaret, dépôts, entrepôts et hôtelleries d’immigrants, maisons d’accueils pour migrants, acampamentos de sans terre, camps de réfugiés, salle d’attente d’un service administratif, quais du métro, la favela comme territoire de l’attente ; les refuges pour migrants.
- les territoires inattendus : pont du navire, route embouteillée, îles d’attente des Huguenots, des Acadiens, les conventillos de Buenos Aires.
- De l’art d’utiliser un embouteillage pour se livrer à une activité économique
- De l’art d’attendre sur un quai de métro
- Le corps en attente – expériences dans un train de banlieue de Rio
- Des musiques nées dans les territoires de l’attente : Jazz, samba, rumba, tango
- D’émigrant à immigrant : des mutations de statut opérées dans les hôtelleries d’immigrants
- De la reconstruction de l’estime de soi dans les acampamentos de sans-terre au Brésil
- De la narration de soi dans les salles d’attente des services administratifs pour domestiques au Brésil
- L’attente (de la pluie, de la migration…) dans les paroles de la musique populaire nordestine au Brésil

Dans un deuxième temps, qui commence juste, il s’agit de s’appuyer sur les résultats obtenus grâce aux cas d’étude pour identifier les principaux enjeux thématiques d’une étude des territoires de l’attente. Ils serviront de grandes parties à l’ouvrage de synthèse en cours de préparation.

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Cette enquête invite à prendre en compte les temps et lieux d’attente dans les débats sur le transnationalisme et les migrations ; à s’intéresser aux mutations identitaires en cours dans les camps de migrants et autres territoires de l’attente ; à réfléchir à l’expérience de l’attente dans des sociétés contemporaines marquées par d’incessantes mobilités, et à mettre en lumière un capital spatial et culturel relatif à la vie en attente.

1 long article présente un état de l’art (en histoire, géographie et sociologie) autour des territoires de l’attente :

- Laurent Vidal, Alain Musset et Dominique Vidal, « Sociedades, mobilidades, deslocamentos: os territórios da espera. O caso dos mundos americanos (de ontem a hoje) », Confins [En ligne], 13 | 2011, mis en ligne le 30 novembre 2011, consulté le 09 décembre 2011. URL : confins.revues.org/7274 ; DOI : 10.4000/confins.7274

1 article présente les enjeux d’une étude sur les territoires de l’attente

- Laurent Vidal, « Sociétés, mobilités, déplacements. les territoires de l’attente », Revue urbanisme, n°384, mai-juin 2012, pp.87-90.

3 articles développent des cas d’études :

- Laurent Vidal, « Brésil, pays de l’attente », Questions internationales, n°55, mai-juin 2012, pp. 45-52
- Maria Isabel de Jesus Chrysostomo, Laurent Vidal, « As hospedarias de imigrantes. Um dispositivo esquecido no caminho da emigração para o Brasil (1880-1910) », Communication au colloque international « Brazil in Global Context », Berlin, octobre 2011, (A paraître dans la revue : História, Ciências, Saúde, Manguinhos, Rio de Janeiro, 2012).
- Grégory Bériet, « Mobilités et immobilités : navires et quarantaines en Amérique latine », Journée d’études Navigations et mobilités : Ancrage dans le siècle des Indépendances américaines, 2 décembre 2011, MSH Aquitaine, AMERIBER. (Publication courant 2013)

Les phénomènes de mobilité et de déplacement s’affirment comme des caractéristiques majeures de nos sociétés contemporaines. Pour autant, loin d’être fluides, homogènes ou linéaires, ces déplacements sont ponctués de temps, plus ou moins longs, d’attente. Qu’ils aient pour origine des raisons techniques, administratives ou politiques, de tels moments trouvent bien souvent une traduction spatiale : des territoires accueillent ces sociétés en attente. Ce projet souhaite examiner ces territoires de l’attente et la multiplicité de formes qu’ils revêtent, en établir leurs dimensions, comprendre leurs statuts juridiques, leurs articulations avec l’espace environnant, leurs temporalités spécifiques, ainsi que la variété des jeux économiques et sociaux qui s’y déploient.

Pour une telle enquête, les mondes américains, nés du déplacement (volontaire ou forcé) de populations d’origines diverses qui ont marqué de leur empreinte les territoires qu’elles se sont appropriées, s’offrent comme un terrain d’étude particulièrement adapté.

Ce projet s’appuiera sur une démarche comparatiste, à l’échelle du continent américain et des espaces atlantiques qui l’environnent. Il privilégiera l’observation des moments de crise qui précipitent certains vers la fuite ou l’exil (qu’il soit légal ou illégal), en quête d’un ailleurs meilleur. Quatre moments seront plus particulièrement privilégiés : l’Amérique, terre de refuge et de mission (XVIIe – début XXe siècles) ; l’Amérique, terre d’immigration (milieu XIXe siècle – début XXe siècles) ; l’Amérique, terre de migrants (XXe siècle) ; l’Amérique, à l’heure de la globalisation.

Entre anciennes et nouvelles mobilités, prennent forme des temps et des lieux d’attente : la question est de savoir si nous observons de nouvelles formes sociales au sein de ces conditions anciennes. La comparaison consistera à établir permanences et mutations des formes sociales au sein de ces territoires de l’attente – histoire et littérature d’un côté, géographie et sociologie de l’autre seront les disciplines convoquées pour prendre place dans cette démarche analytique.

Coordination du projet

Laurent VIDAL (UNIVERSITE DE LA ROCHELLE) – lvidal@univ-lr.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CRHIA UNIVERSITE DE LA ROCHELLE
CRH (GGH-TERres) ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES

Aide de l'ANR 160 000 euros
Début et durée du projet scientifique : - 48 Mois

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