ESPACE ET TERRITOIRE - ESPACE ET TERRITOIRE : LES ENIGMES SPATIALES DE LA VIE EN SOCIETE.

Des lieux aux liens, l'espace comme révélateur des fonctionnements familiaux – LILI

Quand les liens familiaux font lieux et façonnent le territoire

Envisager les configurations familiales au-delà de la corésidence devient possible partir des données de l’enquête Famille et logements.

Décrire et appréhender le territoire fonctionnel des familles

Le groupe familial se déploie sur un territoire aux contours extrêmement variés. Envisager l’espace de ces liens potentiels ou établis pose un nouveau défi : celui de dépasser la référence spatiale unique selon laquelle un ménage correspond à un logement. Avec l’augmentation du nombre de familles recomposées fonctionnant sur plusieurs ménages, de familles transnationales conservant ou achetant des logements dans le pays d’origine, de couples vivant conjointement à temps partiel du fait du travail ou de choix personnels, de personnes âgées revendiquant leur indépendance résidentielle, de jeunes étudiant plus longtemps et changeant plus souvent de lieux d’études, s’affirme la nécessité d’appréhender les lieux entre lesquels circulent les membres de la famille de façon à saisir comment l’espace participe à la construction du lien familial.<br />L’analyse de cet espace doit être menée à plusieurs niveaux : celui qui relève de l’échelle individuelle du fait que certains individus circulent entre plusieurs logements et y résident de façon simultanée ; celui qui relève de l’échelle du groupe familial qui se déploie dans l’espace et qu’il convient de repérer ; et enfin celui qui correspond à l’aspect fonctionnel de ce territoire ainsi défini et dont on peut alors explorer les attributs et l’influence qu’il exerce sur les comportements individuels, migratoires et familiaux.<br />

L’équipe du projet a contribué à introduire la thématique spatiale dans l’opus 2011 de l’enquête Famille, renommée Famille et Logements. Réalisée par l’Insee dans le cadre de l’enquête de recensement de 2011, elle porte sur un échantillon national très important (370 000 individus de 18 ans et plus) qui permet d’aborder la grande variété des fonctionnements familiaux. Les informations portent sur les enfants, les parents et l’ensemble des personnes recensées dans le même logement que les personnes répondantes. Une fois la collecte effectuée, l’année 2012 est consacrée à la préparation des données (codification, apurement, tests de cohérence) nécessaire à l’exploitation et leur mise à disposition. Il s’agit également de créer et de coordonner une synergie pluridisciplinaire autour de la production et de l’analyse de ces données inédites. Géographes, sociologues de la famille, statisticiens et démographes travaillent au croisement des lieux et des liens et sont demandeurs de données qui permettent de combiner les regards. L’opportunité d’une enquête d’envergure qui permet d’aborder le déploiement territorial des familles et les fonctionnements des espaces familiaux est une occasion unique de mobiliser les énergies d’une large équipe sur un objet commun et complexe, dans l’objectif d’en proposer une approche intégrée et novatrice.

L’enquête Famille et Logements collectée en janvier-février 2011 par l’Insee est la première enquête associée au recensement rénové. Depuis 2004, le recensement se déroule sous forme d’enquêtes annuelles, et non plus d’un recensement exhaustif de la population, la dernière enquête Famille avait eu lieu en 1999. La collecte dans ce nouveau cadre s’est très bien déroulée et le fichier compte 368 000 individus. L’enquête intègre de nouveaux thèmes concernant les situations familiales : Pacs, couples de même sexe et leurs enfants, etc. ; et surtout elle permet d’étudier les logements fréquentés par les individus, leur conjoint et leurs enfants, ainsi que le déploiement des familles grâce à des questions sur la localisation des parents des enquêtés et de leurs enfants ayant quitté le domicile.
Les travaux d’apurement mobilisent une équipe importante et pluridisciplinaire tout en permettant la formation d’étudiants qui se familiarisent ainsi avec la base.
Les synergies de recherche sont dès à présent mobilisées, elles ont été initiées grâce aux présentations faites par l’équipe dans les manifestations phares de nos disciplines depuis le Colloque « Fonder les Sciences du Territoire » du CIST (nov. 2011), à l’étranger Rencontres du réseau Multilokalität (déc. 2011) et au Congrès de l’AISLF, (juil. 2011).
Enfin, le 21 mai 2012, nous avons organisé une rencontre internationale Boundaries and Composition of Households/ Ménages in the last Census round in F and the UK International Workshop (Paris).

La mise à disposition des données est prévue pour Janvier 2013, ce qui marque le début de l’exploitation des données par le groupe scientifique pluridisciplinaire coordonné dans le cadre du projet. L’année 2013 sera ainsi rythmée par les rencontres du groupe d’exploitation, les publications et diverses manifestations : au premier semestre une rencontre internationale franco-britannique et canadienne d’échanges autour de la collecte du recensement et des enquêtes Famille, le second semestre sera quant à lui marqué par le 27e Congrès International de la Population (IUSSP, Busan, Corée) où en plus des communications faites à partir des données de l’enquête Famille et Logements, nous organisons une séance « Relations familiales au-delà du ménage ».

La première production scientifique du projet est sans conteste la collecte de l’enquête Famille et Logements janvier-février 2011 en collaboration avec l’Insee, première enquête associée au recensement rénové. Les travaux de 2012 conduiront à la mise à disposition de la communauté des chercheurs du fichier de production et de recherche, anonyme, prévue début 2013, ainsi qu’à la conservation des données de collecte dans le but de revenir si nécessaire aux informations de base pour certaines analyses spécifiques.

Le ménage, défini comme le groupe des individus habitant sous le même toit, a été la catégorie statistique clé qui a permis, depuis plusieurs décennies, de relier les domaines de la famille et de l’habitat. Petit à petit le logement est devenu le lieu d’identification du groupe familial, la famille s’effaçant devant le ménage. C’est au cours des années 1950-1960 que l’identité famille-logement s’est affirmée pleinement dans les faits comme dans les représentations. À un modèle type, la famille nucléaire, devait correspondre un logement type : le logement HLM puis la maison individuelle en accession à la propriété ; la famille nucléaire s’autonomisant de la parenté. Or, depuis une dizaine d’années, un groupe familial plus large émerge sous la pression de plusieurs facteurs, notamment la montée du chômage, les difficultés d’accès et de maintien dans le logement, ce groupe atténuant les effets d’une crise durement ressentie par les jeunes. Contrairement au ménage, le groupe familial se déploie sur un territoire aux contours extrêmement variés. Envisager l’espace de ces liens potentiels ou établis pose ainsi un nouveau défi pour dépasser la référence spatiale unique selon laquelle un ménage correspond à un logement. Avec l’augmentation du nombre de familles recomposées fonctionnant sur plusieurs ménages, de familles transnationales conservant ou achetant des logements dans le pays d’origine, de couples vivant conjointement à temps partiel du fait du travail ou de choix personnels, de personnes âgées revendiquant leur indépendance résidentielle, des jeunes étudiant plus longtemps et changeant plus souvent de lieux d’études, s’affirme la nécessité d’appréhender l’espace où circulent les membres de la famille de façon à saisir comment l’espace « fait sens » et participe à la construction du lien familial. L’analyse de cet espace doit être menée à plusieurs niveaux : celui qui relève de l’échelle individuelle du fait que certains circulent entre plusieurs logements, pas uniquement successivement mais également de façon simultanée ; celui qui relève de l’échelle du groupe familial qui se déploie dans l’espace et qu’il convient de repérer ; et enfin celui qui correspond à l’aspect fonctionnel de ce territoire ainsi défini et dont on peut alors explorer les attributs et l’influence qu’il exerce sur les comportements individuels, migratoires et familiaux.
L’équipe porteuse du projet a contribué à introduire cette thématique dans la prochaine enquête Famille, renommée Famille et Logements dont la collecte s’effectuera en 2011, dans le cadre du recensement, sur un échantillon national important (400 000 individus de 18 ans et plus). Nous proposons ici de créer et coordonner une synergie pluridisciplinaire autour de la production et de l’analyse de ces données inédites. Géographes, sociologues de la famille, statisticiens et démographes travaillent au croisement des lieux et des liens et sont tributaires de données qui permettent rarement de combiner les regards. L’opportunité d’une enquête d’envergure qui permet d’aborder le déploiement territorial des familles et les fonctionnements des espaces familiaux est une occasion unique de mobiliser les énergies d’une large équipe sur un objet commun et complexe, dans l’objectif d’en proposer une approche intégrée et novatrice.


Coordination du projet

Eva LELIÈVRE (INSTITUT NATIONAL D'ETUDES DEMOGRAPHIQUES - INED) – eva@ined.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

INED INSTITUT NATIONAL D'ETUDES DEMOGRAPHIQUES - INED
UMR-6588 Migrinter CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE POITOU-CHARENTES

Aide de l'ANR 234 998 euros
Début et durée du projet scientifique : - 48 Mois

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