Le pont d'Avignon : archéologie, histoire, géomorphologie, environnement, reconstruction 3D – PAVAGE

Le pont Saint Bénézet, couramment appelé pont d'Avignon en dehors d'Avignon, est un pont construit (ou reconstruit) dans les dernières décennies du XIIe siècle dont il ne reste aujourd’hui que quatre arches. Sur 920 mètres, 22 arches et 4 mètres de large il permettait de franchir le Rhône pour relier Avignon à la rive droite, d’abord le bourg de l’abbaye de Saint André puis Villeneuve.
Il n’existe pas aujourd’hui de travaux de référence sur cet ouvrage d’art majeur et son imposant ouvrage de tête de la rive droite (Tour Philippe-le-Bel) comme on peut en trouver sur d’autres ouvrages de franchissement, ni sur son environnement fluvial, mais des hypothèses controversées attachées le plus souvent à la personne de son initiateur, saint Benezet et aux conditions de sa construction et de son développement.
Ce projet contribuera à mieux connaître un site patrimonial de première importance en rétablissant virtuellement le lien entre les deux rives qui, après la disparition du pont romain d’Arles, constitua jusqu’à l’achèvement de celui de Pont-Saint-Esprit en 1309, le seul pont du fleuve entre Lyon ou Vienne et la mer. Il implique, pour la restitution de l’ouvrage d’art, une étude serrée et novatrice des interactions dans le temps long entre le milieu fluvial et les hommes
La question du pont est évidemment inséparable de celle du Rhône. Voie d’eau dont le cours a connu des modifications considérables au cours des siècles et particulièrement au cours du XXe siècle pour en améliorer la navigabilité. Le Rhône est aussi à l’époque un enjeu politique majeur entre le Royaume de France et l’Empire, d’où un procès sur la possession du Rhône qui dure 4 siècles et qui se focalise, entre autre sur la propriété du pont.
La restitution de l’ouvrage d’art au cours de sa principale période d’activité, qui est au centre du projet, prendra en compte les conditions sociales (notamment économiques) et techniques (notamment architecturales) de sa construction et les nombreuses destructions dues aux hommes (incendies, conflits) ou au fleuve (crues) et les réparations en bois ou en pierre qui se sont succédé. La restitution de l’ouvrage d’art ne prendrait pas tout son sens hors de son paysage fluvial d’époque, aujourd’hui méconnaissable. Le projet comporte donc un volet géo-historique fondamental pour la connaissance du fleuve aux abords de l’ouvrage d’art. À l’issue de ce travail, le consortium scientifique pluridisciplinaire réuni sera en mesure de proposer des restitutions du paysage fluvial grâce aux moyens numériques de simulation dynamique les plus récents, fondés sur un SIG, et constituant un des aspects novateurs de la recherche.
Ce projet prend place dans les objectifs du Plan Rhône 2007-2013, essentiellement dans son volet « patrimoine fluvial », et participe aussi activement à la mise en évidence, dans leur dimension historique, des zones inondables du territoire limitrophe lié à la modification du chenal du Rhône.
Par ailleurs, la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, ensemble patrimonial bâti en partie sur un ancien palais cardinalice, développe depuis deux ans le programme « Chartreuse numérique », autour d’un partenariat qui fédère déjà plusieurs membres du consortium (MAP, LAMM), dans le but de constituer, au carrefour de l’histoire, de l’archéologie, de l’art et des techniques numériques actuelles, un pôle d’excellence et d’expérimentation. Ce projet constitue une étape importante dans l’émergence de ce pôle et viendra prolonger les opérations déjà réalisées, notamment dans le cadre du plan de numérisation du Ministère de la Culture et de la Communication.