Blanc SHS 3 - Sciences humaines et sociales : Cultures, arts, civilisations

Apparition de l’Acheuléen en Europe du Nord-Ouest : une étude interdisciplinaire – PremAcheuSept

Emergence de l’Acheuléen en Europe du Nord-Ouest : chronologie, environnement, technologies

Le projet PremAcheuSept se focalise sur les modalités d’apparition de l’Acheuléen en Europe septentrionale entre 700 et 500 ka, au-delà du 45e parallèle. Des découvertes récentes à la fois dans le centre de la France et en Grande-Bretagne semblent aujourd’hui livrer des indices d’une apparition plus ancienne de la tradition acheuléenne. L’objectif de ce projet est d’établir un modèle régional selon une approche multidisciplinaire commune à partir de gisements français et anglais.<br /><br />

Modalités d’apparition de l’Acheuléen en France et en Grande-Bretagne par une étude interdisciplinaire

Le projet PremAcheuSept s’est focalisé sur les modalités d’apparition de l’Acheuléen en Europe septentrionale en France (bassin de la Loire, vallée de la Somme et secteur d’Abbeville) et en Grande-Bretagne (Paleo-Bytham et Solent Rivers). Certains sites livrent aujourd’hui des indices d’une apparition ancienne de cette tradition dès 700 ka en Europe du Nord-Ouest. Ils attestent d’une diffusion très rapide de cette nouvelle tradition technique à bifaces en Europe de l’Ouest, autant dans le sud qu’au nord, certainement due à l’arrivée de nouvelles populations aptes à s'adapter à ces environnements dans des contextes tempérés. <br />L’objectif de ce projet ANR était d’établir un modèle régional en datant précisément les premières traces de peuplement acheuléen selon une approche multidisciplinaire et de le décrire en termes de comportements techniques. Cette étude permet de reconsidérer le statut des localités « historiques » de la vallée de la Somme dont l’antiquité était mise en doute depuis plusieurs décennies en raison de l’absence de données stratigraphiques et chronologiques précises. Elle permet aussi de re-discuter la question de l’Abbevillien, tradition énigmatique souvent associée à de l’Acheuléen ancien. <br />

Le projet a impliqué plusieurs équipes interdisciplinaires (Département de Préhistoire du Muséum national d’histoire Naturelle, laboratoire de Géographie physique de Meudon, Université de Lille, Université de Bordeaux III, British Museum, Royal Holloway University, Londres). Il a également impliqué l’intervention commune de géologues, de géophysiciens, de spécialistes de géochronologie développant des méthodologies novatrices (OSL, ESR), d’environnementalistes spécialistes de grandes faunes et autres marqueurs biologiques et de préhistoriens (dont des technologues, taphonomistes, traceologues, spécialistes de morphométrie).
Des travaux de terrain ont également été entrepris dans des sites clés : Abbeville (carrière Léon et Carpentier), sites de la paleo-Bytham et Solent (Grande-Bretagne), vallée du Cher sur des niveaux alluvions de 700-600 000 ans (la Noira) afin de dégager des coupes datant du Cromérien (par exemple Marnes Blanches à Abbeville) pour échantillonnages ou des niveaux d’occupation (site de la Noira avec restes d’ateliers datés de 680 000 ans).
Cette approche nous a permis de prélever dans plus de 40 niveaux/sites français et anglais, d’appliquer des méthodes radiométriques communes OSL/U/Th et ESR, de reprendre l’étude conjointe de plus de 30 séries lithiques et d’appliquer des méthodologies communes, de démarrer de nouvelles fouilles dans des sites auparavant jamais fouillés comme la carrière Carpentier (Abbeville), site éponyme de l’Abbevillien.

Le projet nous a permis :
-de réunir par une étude interdisciplinaire un corpus de sites dans des secteurs géographiquement et géologiquement cohérents et situés dans une même fourchette chronologique, le long d’un gradient climatique latitudinal (à partir et au-delà du 45e parallèle),
-d’établir un modèle régional en datant précisément ce premier témoignage d’assemblages à bifaces à 700-500 ka selon une approche interdisciplinaire, en le décrivant et en essayant de savoir s’il est uniforme ou multiple,
-de comparer les assemblages lithiques selon une même méthodologie et établir des tendances techniques au cours du temps, donc de discuter de l’existence d’éventuelles phases techniques dues à des vagues d’arrivées de nouvelles populations, à une émergence locale sur un fond Mode 1 et/ou une évolution locale,
-de rediscuter les conséquences en matière de voies de migration, de diffusion (technique ou populationnelle) ou de convergence, en comparant les sites et en exportant ce modèle vers d’autres régions.
Les résultats radiométriques appliquées sur une quarantaine de niveaux ou localités, la reprise des travaux de terrains sur la Noira et les carrières Carpentier et Léon à Abbeville permettent d’avancer des hypothèses sur l’émergence de ces nouveaux comportements, de préciser le cadre chronologique, biostratigraphique et comportemental des occupations. Les résultats contribuent au débat concernant les voies de migration et de diffusion.
Les assemblages à bifaces sont diversifiés et bien présents en Europe du Nord-Ouest avant le MIS 13 (450 000 ans). Le bilan général établi sur les assemblages lithiques nous oblige maintenant à parler d’ »Acheuléens » et nous permet de discuter sur la variabilité au cours du temps. Cette nouvelle tradition est présente dès 680 ka, sans preuve de lien avec le substrat local antérieur et ses caractéristiques sont à définir au regard de celles observées au Levant et en Afrique.

Les travaux menés depuis le début de ce projet ont permis une avancée incontestable dans la connaissance des plus anciens témoignages de l’Acheuléen dans l’Europe du Nord-Ouest et ont ouvert des questionnements inattendus.
Les nouvelles données chronologiques permettent de discuter sur le cadre chronologique qui reste à approfondir. L’apparition précoce des assemblages à bifaces en Europe dans le nord-ouest indique : 1) un peuplement acheuléen septentrional ancien sans lien avec la maîtrise du feu, 2) des modalités d’apparition de ce peuplement liées aux conditions climatiques favorables et aux voies de passage possibles, 3) des voies de diffusion et conditions de l’expansion certainement dues à des flux et reflux sud-nord de groupes d’homininés.

Notre étude interdisciplinaire repose sur un corpus de plus de 40 sites dans des secteurs géographiquement et géologiquement cohérents (bassins sédimentaires riches en roches siliceuses néogènes) et situés dans une même fourchette chronologique, le long d’un gradient climatique latitudinal (à partir et au-delà du 45ème parallèle).
Notre objectif à plus ou moins long terme, et en poursuivant la collaboration avec nos partenaires, est d’établir un modèle régional de plus en plus détaillé en datant précisément ce premier témoignage d’assemblages à bifaces à 700-500 ka selon une approche interdisciplinaire, en le décrivant et en essayant de définir ce qui est « commun » (base technique des groupes humaines) et « multiple » (diversité régionales et chronologiques), et en les comparant avec l'Europe du Sud.
Un colloque international a eu lieu au MNHN, Paris, fin 2014, «European Acheuleans« organisé par M-H. Moncel et D. Schreve. Publications prévues dans Journal of Quaternary Science et Quaternary International.
Le projet a permis d'initier des collaborations qui se poursuivent et ouvrent vers de nouveaux projets.

-Despriée J., et aL., 2011. Lower and Middle Pleistocene human settlements recorded in fluvial deposits of the middle Loire River Basin, Centre Region, France, Quaternary Science Reviews, 30, 1474-1485.
-M-H.Moncel, et al., 2013, Early evidence of Acheulean settlement in north-western Europe - la Noira site, a 700 000 year-old occupation in the Center of France, Plos One. 8 (12), e82394.
-J.Despriée et al. 2012 - Le site acheuléen de « La Noira » à Brinay (Cher), in Turq A. et al., Musée National de Préhistoire, Les Eyzies, 141-144.
-Antoine, P. , et al.. - in press - Dating the earliest human occupation of Western Europe: new evidences from the fluvial terraces system of the Somme basin (Northern France), Quaternary International.
-M-H Moncel, N Ashton, et al., North-west Europe early Acheulian, Journal of Anthropological Archaeology, soumis

Quelques exemples d'articles en préparation:
- P Antoine, M-H Moncel, et al - Dating the Earliest human occupation of Western Europe: new evidence from the fluvial terraces system of the Somme basin (Northern France): Abbeville ”Carrière Carpentier”, Quaternary Sciences Reviews.
-M-H. Moncel et al., Technological behaviors at the lower and upper levels at la Noira (700-550 ka).
- Voinchet et al., Journal of Quaternary Sciences,nouvelles datations
-A. Hurel et al., Moulin Quignon, L’Anthropologie, Journal of Human Evolution.
-B. Hardy et al., Traceology and residus of the LCTs and flakes at la Noira, Journal of Human Evolution.
-R. Iovita et al., Morphometrical analysis of the LCTS of la Noira in relation to the technological features and the types of occupations, Journal of Human Evolution.
-M-H. Moncel, J. Despriée et al., Acheulean technological strategies at la Noira between the lower and upper units (680 and 550 ka): as shift or an evolution in situ, Journal of Human Evolution.
-M-H. Moncel et al., What about the Abbevillian, Journal of Human Evolution.

Le projet PremAcheuSept se focalise sur les modalités d’apparition de l’Acheuléen en Europe septentrionale. Alors que des assemblages à bifaces sont largement attestés à 800 ka en Asie, il était jusqu’à récemment admis qu’ils apparaissaient plus tardivement en Europe, dans un premier temps vers 600 ka en Europe méridionale, voir 900 ka d’après des données récentes, puis vers 500 ka en Europe septentrionale. De nouvelles découvertes dans le centre de la France et en Grande-Bretagne semblent aujourd’hui livrer des indices d’une apparition plus précoce, entre 700 et 500 ka, des assemblages à bifaces dans des secteurs situés au-delà du 45e parallèle et, en conséquence, attester d’une diffusion très rapide de cette tradition technique, qu’elle soit associée à l’arrivée de nouvelles populations, à un changement de comportement, ou à une convergence locale. Le vieillissement de l’apparition de l’Acheuléen concernerait autant le sud que le nord de l’Europe de l’Ouest. L’objectif de ce projet est d’établir un modèle régional en datant précisément les premières traces de peuplement acheuléen selon une approche multidisciplinaire, à partir de gisements français et anglais. Cette étude permettra de reconsidérer le statut des localités « historiques » de la vallée de la Somme dont l’antiquité était mise en doute depuis plusieurs décennies en raison de l’absence de données stratigraphiques et chronologiques précises. L’étude permettra de préciser le cadre chronologique, biostratigraphique et comportemental des occupations par des travaux de terrain et l’intervention commune de géologues, de géophysiciens, de spécialistes de géochronologie développant des méthodologies novatrices, d’environnementalistes spécialistes de la grand faune ou de marqueurs biologiques tels que la malacofaune ou la palynologie, et de préhistoriens. Les occupations acheuléennes seront alors replacées dans le contexte eurasiatique, contribuant au débat concernant les voies de migration, de diffusion et la convergence éventuelle des traditions techniques.
Le projet implique 3 équipes majeures : le département de Préhistoire du Muséum national d'Histoire Naturelle qui gèrera financièrement le dossier, le laboratoire de géographie physique de Meudon et le Royal Holloway University of London (Grande-Bretagne).

Coordination du projet

Marie-Hélène Moncel (MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE) – moncel@mnhn.fr

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

MNHN MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE

Aide de l'ANR 180 000 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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