Influence des hormones testiculaires sur le comportement et la physiologie des porcs – ANDROPIG

La plupart des 250 millions de porcs mâles élevés chaque année dans l?UE sont castrés par voie chirurgicale sans traitement de la douleur. La castration est réalisée d?abord pour améliorer la qualité des viandes et secondairement pour faciliter la conduite des animaux. En effet, les porcs sont généralement abattus à un stade où les testicules sont suffisamment développer pour secréter des stéroïdes à l?origine de l?odeur sexuelle des viandes rejetée par les consommateurs et de problèmes comportementaux tels que les montes sexuelles et l?agressivité. Suivant la tendance générale pour une meilleure reconnaissance de la sensibilité des animaux, il y a une pression croissante de la société pour interdire la castration chirurgicale des mâles. De plus, élever des mâles entiers aurait des effets positifs sur l?environnement puisque leur efficacité alimentaire est meilleure (environ 10%). Par ailleurs, une influence des hormones sexuelles sur la santé est suspectée. Une alternative à la castration chirurgicale est l?immuno- castration qui consiste à vacciner les animaux contre les hormones sexuelles quelques semaines avant l?abattage. Dans ce cas, les animaux bénéficient des hormones testiculaires pendant la majeure partie de leur vie. Le but de ce projet est d?acquérir une meilleure connaissance du comportement, de la physiologie et des besoins nutritionnels des porcs entiers et immuno-castrés afin de tirer avantage de leurs caractéristiques positives tout en limitant l?impact de leurs caractéristiques négatives. Le projet est centré sur quatre questions principales concernant l?influence des hormones testiculaires sur le comportement (Tâche 1), sur l?axe hypothalamo-hypophyse-surrénales (HPA) et le système nerveux sympathique (Tâche 2), sur le système immutaire et la santé (Tâche 3) et sur l?utilisation des nutriments (Tâche 4). Dans chaque tâche, nous comparerons des mâles entiers, des mâles castrés chirurgicalement privés d?hormones sexuelles très tôt et des mâles immuno-castrés qui bénéficient des hormones sexuelles pendant une période où le cerveau, les systèmes neuro-endocriniens et le système immunitaire mûrissent activement. Cela nous permettra d?évaluer les effets à court et à long terme des hormones sexuelles. Pour certaines tâches, il sera nécessaire de décrire les variations avec l?âge car peu de données sont disponibles alors que pour d?autres nous nous focaliserons sur la fin de la puberté qui correspond au stade usuel d?abattage des porcs. Pour les tâches 1-3, nous ferons varier le logement car l?environnement influence fortement le comportement, l?axe HPA et le système immunitaire. Pour la Tâche 1, les animaux seront observés soit dans leur milieu d?élevage, soit lors de tests standardisés, soit à l?abattoir. Les animaux porteront une bague à l?oreille pour évaluer leur comportement à l?auge grâce à un système télémétrique. Pour la Tâche 2, les animaux seront soumis à des prélèvements ponctuels (sang, salive urine) ou à des prélèvements sériés de sang (via un cathéter) lors de challenges hormonaux ou environnementaux. Les concentrations des hormones du stress ou de leurs métabolites seront mesurées. Pour la Tâche 3, nous évaluerons différents paramètres du système immunitaire telles que la formule sanguine, la prolifération in vitro des lymphocytes, l?analyse des sous types de lymphocytes par cytométrie et la réponse en IgG à des challenges immunitaires. L?état de santé des animaux sera évalué par la mesure des concentrations sanguines des protéines de l?inflammation et par l?examen clinique des viscères des animaux abattus. Dans la Tâche 4, nous mesurerons les concentrations plasmatiques des hormones et nutriments sur des prélèvements ponctuels ou sériés lors de repas. Nous évaluerons l?utilisation de l?énergie et des protéines des animaux par des mesures en chambres respiratoires. Pour les tâches 2-4, le niveau d?expression des récepteurs ou enzymes de l?axe HPA (foie, surrénales), des récepteurs aux hormones sexuelles (surrénales, organes lymphoïdes, foie et muscle) et des récepteurs et des hormones de l?axe somatotrope (foie et muscle) sera mesuré dans des échantillons de tissus prélevés sur les animaux abattus. La plupart des résultats sur l?effet des hormones testiculaires sur le comportement et la physiologie du porc sont génériques et peuvent s?appliquer à de nombreuses espèces de mammifères caractérisés par un développement pubertaire similaire à celui du porc. D?autres relatifs à la maniabilité des porcs, aux effets du logement et aux besoins nutrionnels sont davantage spécifiques du porc. Ces résultats contribueront à lever les freins à la production de mâles entiers ou immuno-castrés dont la mise en place aurait des conséquences positives sur le bien-être animal et l?environnement.