JCJC - Jeunes chercheuses et jeunes chercheurs

– SLBL

Résumé de soumission

La syllabe est une unité fondamentale de la structure prosodique, et a toujours été un concept clé en linguistique. Cependant, les recherches actuelles ne cessent de soulever un certain nombre de questions fondamentales concernant la nature de cette unité. Une des raisons pour lesquelles les questions portant sur la nature de la syllabe se sont avérées problématiques est en partie liée à sa structure. Dans la majorité des langues du monde, la distribution entre le noyau d'une syllabe (c'est-à-dire l'élément central obligatoire dans une syllabe) et ses extrémités est presque toujours corrélée avec la distinction lexicale entre les sonorantes (principalement les voyelles) et les obstruentes. Le Berbère Tashlhiyt représente une exception précieuse. Dans cette langue, il est admis que l'ensemble de son inventaire consonantique peut alterner entre les positions nucélaires et non-nucléaires, autorisant des syllabes de la forme [tz], [tf], ou [tk] de manière tout à fait naturelle (Dell et Elmedlaoui 1985, 2002, Prince et Smolensky 1993, Clements 1997). La raison pour laquelle toute consonne peut agir en tant que noyau de syllabe est que cette langue permet des mots sans voyelles (par exemple [tsskcftstt tftxtstt] « tu l'as séchée et tu l'a roulée » (Ridouane, 2003, sous presse). L'existence de syllabes sans voyelles soulève des questions du plus grand intérêt théorique. Dans une approche de type « Phonologie de Laboratoire », nous prévoyons de traiter des questions liées à la manifestation phonétique et à la réalité psycholinguistique de telles syllabes. Nous adoptons le cadre de la Phonologie Articulatoire (Browman et Goldstein 1995) en traitant des questions de la manifestation phonétique de la syllabe, parce que ce cadre en fournit une conception qui peut être testée empiriquement. Des analyses psycholinguistiques expérimentales s'avèrent également indispensables, permettant ainsi de fournir des données métalinguistiques sur les intuitions des locuteurs natifs sur la syllabe et la syllabification. Basé sur diverses données expérimentales, le but des études phonétiques envisagées ici est de déterminer comment des syllabes sans voyelles ainsi que leurs constituants sont caractérisées par des propriétés mesurables dans les domaines acoustiques et articulatoires. Plus spécifiquement, nous voudrions déterminer si les syllabes sans voyelles partagent des propriétés physiques communes avec les syllabes « classiques », dont les noyaux sont véritablement vocaliques. Nous aborderons trois problématiques dans cette partie du projet. Dans un premier temps, nous visons à définir le statut de voyelles semblables à des schwas qui sont parfois acoustiquement présentes au sein de groupements consonantiques contenant des consonnes voisées. Deuxièmement, nous visons à étudier quelles sont les différentes propriétés acoustiques et articulatoires affectées selon la position qu'une consonne occupe dans la syllabe. La troisième problématique vise à rendre compte des rapports temporels entre les différents gestes articulatoires au sein et à la frontière des syllabes. La partie psycholinguistique du projet vise à évaluer la perception de la syllabe par les locuteurs natifs du Tashlhiyt, en utilisant des jugements métalinguistiques. Trois aspects seront également abordés dans cette partie du projet. La première question est liée à la syllabification des mots contenant des syllabes sans voyelles : où sont les syllabes ? et quelles sont leurs frontières ? Le but est de déterminer si les locuteurs natifs ont une notion cohérente de la structure syllabique des expressions, et comment cela pourrait correspondre à une organisation (ou segmentation) syllabique telle que celle décrite par l'organisation phonético-phonologique. La deuxième problématique est liée à la structure interne de la syllabe, et à la cohésion entre les constituants de la syllabe. Le but est de déterminer comment les auditeurs du Tashlhiyt décomposent une syllabe en différents constituants. L

Coordination du projet

Rachid RIDOUANE (CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR PARIS A)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - DELEGATION REGIONALE ILE-DE-FRANCE SECTEUR PARIS A

Aide de l'ANR 44 465 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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