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Le Développement : Fabrique de l'action publique dans le monde arabe – TANMIA

Résumé de soumission

Ce projet s'inscrit au croisement de deux pistes de recherche peu travaillées dans le monde arabe : celle de l'analyse des transformations de l'action publique, et celle de la mise en questions du « développement » comme cadre de référence et d'action disputé. A partir de terrains arabes, construits de façon comparative, nous envisageons des projets, programmes ou politiques de « développement » comme creusets des métamorphoses de l'action publique, du redéploiement problématique des Etats, et de jeux d'acteurs complexes sur plusieurs échelles. Nous mettons l'accent sur la période des deux dernières décennies caractérisées par des réformes économiques néo-libérales et la réanimation du « développement » sous de nouveaux étendards. Dans les contextes proche-orientaux, ceci se greffe à une problématique de la (re)construction post-conflits. Coordonné à l'IFPO (Beyrouth/Amman), en association avec l'IRMC (Tunis), le LCPS (Beyrouth) et l'IUED/IHEID (Genève), ce programme réunit des chercheurs de différentes disciplines : science politique, anthropologie du développement, géographie. Notre démarche combine trois objectifs : (1) A partir d'enquêtes au plus près d'acteurs et d'institutions, construire des monographies sur la façon dont le développement se pense, se fabrique et est utilisé comme ressource politique. (2) Réfléchir à la construction d'outils pour décrire et comprendre ces processus, en élaborant des catégories d'analyse non normatives qui nous permettent de comprendre ce qui se passe réellement sur nos terrains, et non pas ce qui devrait s'y passer. (3) Penser ces catégories en termes comparatistes : s'interroger sur les conditions de voyage de nos paradigmes et sur la façon dont nos objets d'analyse peuvent documenter une réflexion théorique qui dépasse leurs frontières. Il s'agit d'inscrire nos terrains arabes dans un débat pluridisciplinaire et théorique qui, souvent situé au Nord ou dans d'autres « Suds », a laissé dans l'ombre des variables déterminantes. Pour ce faire, nous défendons une approche par le « local » associant l'anthropologie du développement, la géographie et la sociologie politique. Au Liban, en Syrie, Jordanie, Palestine, Egypte, Tunisie et Maroc, nous avons retenu des secteurs d'intervention pour une comparaison transversale : le logement social et la protection contre les risques sociaux, la gestion de l'eau et d'autres biens publics, ainsi que la protection de l'environnement. Nous croiserons cette approche sectorielle avec une approche par échelle (internationale, nationale, locales), qui inclue l'analyse des passages entre échelles. L'originalité de ce projet tient en termes analytiques à travailler sur des terrains délaissés ou jugés peu intéressants par les sciences sociales. En effet, la littérature que la région produit sur son propre « développement » n'en questionne que très rarement les fondements idéologiques ou historiques, les modèles et les modalités, sinon de façon polémique. De plus, si la réforme des Etats est au cœur de débats sur les transformations du politique dans la région, dans des contextes où l'Etat a été pensé comme un « Big Brother » omnipotent, monopolisant et verrouillant les processus décisionnels, très peu de travaux se sont penchés sur la fabrication des biens publics. Les résultats attendus sont de deux ordres : Au niveau empirique, il s'agit de produire des données qualitatives sur des sujets amplement débattus dans l'arène publique mais peu documentés. Nous conduirons une réflexion sur les indices et les instruments de mesure du développement : comment décrire, mesurer, comparer l'état de développement sans verser dans l'historicisme et l'ethnocentrisme ? Au niveau théorique, notre ambition est triple : (1) Nous montrerons comment les terrains sur lesquels nous travaillons peuvent contribuer au renouvellement de la réflexion sur l'action publique. En particulier, nous nous interrogerons sur les apories d'un modèle de régulation par le « moins d'Etat » pour comprendre à l'inverse en quoi les problématiques développementalistes peuvent participer d'un « retour de l'Etat » : redéploiement des institutions et figures étatiques mais aussi re-considération de l'Etat dans nos travaux de sciences sociales. (2) Nous analyserons des champs d'action dans leur complexité en observant la façon dont ils varient : de secteurs en secteurs, de l'international au local et/ou au national et vice et versa. Ceci nous conduira à mettre en évidence l'émergence de figures archétypales du développement, mais également le poids de cultures (professionnelles, régionales, etc.) différentes et de leurs combinaisons dans la mise en œuvre de ces projets. (3) En décryptant les interactions entre politics et policies : en quoi la mise en œuvre de projets souvent présentés comme vidés de sens politique recèle au contraire d'importants enjeux politiques ? Nous discuterons de trois vulgates controversées sur ré-articulations entre mobilisation politique et action publique : les logiques ambivalentes de décentralisation, les logiques de privatisation de l'aide au développement et les logiques de politisation et/ou dépolitisation

Coordination du projet

Myriam CATUSSE (INSTITUT Français DU PROCHE-ORIENT)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

INSTITUT Français DU PROCHE-ORIENT

Aide de l'ANR 225 000 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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