– PICS

La recherche de la deuxième moitié du XXème a significativement fait progresser nos connaissances sur les mécanismes de génération et de maintien du sommeil. Les fonctions du sommeil restent cependant obscures. En particulier le lien entre sommeil et cognition reste en suspens. Plusieurs résultats expérimentaux chez l'homme et l'animal suggèrent pourtant une influence du sommeil sur la cognition de veille (consolidation mnésique) ou le maintient de processus cognitifs élaborés (e.g. discrimination sémantique) pendant sommeil. Ces études ont exploré quasi exclusivement des paramètres physiologiques (débit sanguin cérébral, réponse électrophysilogique) qui ont l'avantage d'être accessibles sans la coopération du sujet endormi. Elles laissent cependant dans l'ombre la contre partie cognitive associée à l'activité cérébrale enregistrée. Ce projet de recherche propose d'explorer les processus cognitifs à l'œuvre pendant le sommeil 1) en approfondissant l'étude des mécanismes neurophysiologiques de l'intégration sensorielle , 2) en tentant de mettre en relation réponse neurophysiologique et contenu du rêve, 3) en explorant les facteurs susceptibles d'influencer le contenu du rêve (préoccupations personnelles, apprentissages). Les études envisagées prévoient d'utiliser comme méthode d'investigation 1) l'électrophysiologie de surface chez des sujets sains couplée ou non au recueil de rapport de rêves, 2) l'électrophysiologie intracérébral chez des patients épileptiques implantés en vue d'une exploration fonctionnelle préchirurgicale 3) le recueil de rapport de rêves en conditions écologiques (i.e. les sujets dormant chez eux). Une étude d'EEG intracérébral s'intéressera à la comparaison à l'éveil et pendant le sommeil des générateur de l'onde P300 évoquée par l'audition du propre prénom. Une étude d'EEG de scalp à l'éveil permettra de comparer les corrélats électrophysiologiques de la perception auditive inconsciente de mot à l'éveil et pendant le sommeil. Ces études permettront de mieux comprendre les mécanismes de l'intégration sensorielle pendant le sommeil en identifiant ce qui les différencie de ceux de l'éveil. Une étude d'EEG de scalp visera ensuite à étudier le lien éventuel entre la réponse électrophysiologique évoquée par un mot et l'incorporation de ce stimulus dans le rêve. Finalement deux études comportementales s'intéresseront aux facteurs déterminants le contenu du rêve. Un première étude au laboratoire testera si un apprentissage récent influence le contenu du rêve en récoltant les rapports de rêve du sujet la nuit suivant un entraînement sur un tâche nouvelle. Si tel était le cas cette étude permettra d'apporter un argument supplémentaire décisif en faveur de l'hypothèse d'un rôle du sommeil dans la consolidation mnésique. Une deuxième étude visera à tester expérimentalement l'hypothèse d'une expression inconsciente de préoccupations personnelles du sujet dans le rêve. Pour ce faire une analyse lexico-statistique comparera une interview sur les préoccupations personnelles du sujet, aux associations libres faites par le sujet à partir d'éléments du rêve. Si une telle analyse met en évidence une proximité entre pensées associées au rêve et préoccupations personnelles du sujet, elle sera la première démonstration expérimentale en faveur de l'hypothèse de Freud proposant un contenu manifeste du rêve cachant un contenu latent révélant les affects et motivations inconscients du sujet. Dans l'ensemble ce projet promet une meilleure compréhension des processus cognitifs actifs pendant le sommeil et de leurs corrélats neurophysiologiques. Une meilleure compréhension de l'intégration sensorielle inconsciente dans des conditions physiologiques comme le sommeil (i.e. l'identification de marqueur physiologique de la perception consciente/inconsciente) peut avoir des répercussions médicales importantes notamment pour l'évaluation des fonctions cognitives résiduelles chez des patients en étant de conscience altéré pathologique...