ENTR - Entreprises et formes d'organisation économique

Entreprises, Pôles de Compétitivité, Territoires: mise en évidence et théorisation des diverses croissances endogènes – EPICTETE

Résumé de soumission

Les pôles de compétitivité (PC) créés récemment en France se situent à la croisée de deux des plus grandes mutations engagées au cours du dernier quart de siècle, qui résultent toutes deux de la pression conjuguée de la mondialisation et de la compétition par l'innovation : au niveau des formes d'organisation économique, la territorialisation de l'économie et le développement des clusters ; au niveau des entreprises, le fort développement des coopérations de R&D entre des entreprises à la fois "recentrées" sur leurs métiers de base et "étendues" via des partenariats. Cette double filiation se retrouve bien dans les évolutions et ambiguïtés de la nouvelle politique industrielle française : tandis que le rapport Blanc 2004 entendait promouvoir une logique de cluster, sur le modèle des « éco-systèmes de croissance » observés dans quantité de régions dans le monde, le CIADT de novembre 2004 focalisait pour sa part les PC, en pratique, sur la sélection et le financement de projets collaboratifs de R&D. D'où la question de savoir à quelles conditions on peut, à partir de la promotion de projets collaboratifs de R&D, enclencher une véritable dynamique de cluster et en obtenir les effets vertueux. Les PC, forme d'organisation économique (FOE) nouvellement promue en France et résultant d'une inflexion de la politique industrielle plus que d'une rupture (primat de l'initiative des entreprises mais cadre strictement défini par la puissance publique), ne sont donc pas une FOE entièrement nouvelle. Cette situation de nouveauté toute relative, du point de vue empirique, est à la fois risquée en termes de résultats (l'enjeu n'est pas d'imiter ce qui marche ailleurs, mais de faire mieux et plus vite) et extrêmement intéressante du point de vue de la recherche. L'expérience des PC peut en effet être comparée, chemin faisant, aux cas de clusters et de coopérations de R&D déjà étudiés dans la littérature. Elle peut aussi servir à tester les théories économiques et gestionnaires existantes, aussi bien sur les clusters que sur les coopérations de R&D, et éventuellement, une fois poussées dans leurs retranchements, à montrer l'importance de développer des approches théoriques complémentaires, mieux adaptées aux problèmes soulevés par les PC. En effet, la littérature sur les clusters, aimantée par le modèle initial fourni par les districts industriels et dominée par l'approche de l'équipe de Porter à Harvard, peine à produire une vision théorique des clusters « technologiques » et de leur dynamique, notamment sur les processus d'innovation collective et les modalités d'action des gouvernances des clusters. Sur ce point, les approches les plus intéressantes à ce jour sont les analyses monographiques (encore trop rares) du processus de formation-transformation de cas tels que celui, le plus étudié, de la Silicon Valley. De ces analyses, on peut retenir trois choses : l'existence de phases profondément différentes montre l'absurdité qu'il y aurait à vouloir imiter d'emblée le fonctionnement contemporain de la Silicon Valley ; la phase de préparation de la Silicon Valley actuelle, de 1945 à 1980, a consisté principalement en des coopérations de R&D entre les laboratoires de Stanford et des entreprises dont la plupart étaient extérieures (!) à la Californie ; l'interprétation des facteurs additionnels – sociaux, institutionnels, économiques – qui ont permis de passer de ces coopérations de R&D au fonctionnement actuel de cluster organique territorialisé reste ouverte, les recherches divergeant sur ce point. La littérature sur les coopérations de R&D s'est intéressée principalement, pour sa part, à des cas de coopération sur des objets assez bien définis (co-développement, principalement) en soulignant combien, du fait de l'incertitude sur les intérêts et comportements des acteurs, des mécanismes de régulation étaient importants, qu'ils soient économico-contractuels (coûts de transaction, théorie des contrats), socio-normatifs (confiance, réputation) ou instrumentalo-gestionnaires (dispositifs de gestion). Les coopérations de R&D dans les PC appellent de nouvelles approches, liées cette fois à des cas de coopération « ouverte » sur des objets mal définis, tant parce qu'il s'agit d'explorer ce qui pourrait être fait ensemble (ou non), notamment pour renouveler rapidement et pour multiplier les projets de R&D dans les PC, que parce qu'il s'agit d'innover fortement (et non seulement de développer) et de favoriser, autant que possible, des recherches collectives (et pas seulement bilatérales). Les linéaments de telles approches ont été jetés par les auteurs de cette réponse (Segrestin, Lefebvre, Weil, 2002 ; Segrestin, 2006). Dans ce contexte, les objectifs d'EPICTETE sont :
1. mettre en évidence et théoriser les formes et conditions des stratégies d'innovation et de gouvernance efficaces dans les PC, en les situant notamment par rapport à des expériences similaires de clusters et de coopérations de R&D et en attachant une importance particulière à la modélisation des dynamiques et trajectoires observées dans ces phases premières ;
2. étudier les premiers effets en retour des PC sur leurs 3 grands acteurs constituants – entreprises et notamment PME non hi-tech, acteurs publics de recherche et de transfert, acteurs du développement territorial -, et sur les politiques, formes d'organisation et modes d'action de ces acteurs ;
3. aider les PC à identifier leurs difficultés et, par l'aide à la réflexion, à accélérer les rythmes d'innovation ;
4. consolider une équipe de recherche composée d'économistes et de gestionnaires et qui, venant d'expertises variées (économie industrielle et géographique, gestion des activités et coopérations de R&D, management de la recherche publique et des territoires), s'est réunie régulièrement depuis un an et qui pilote aujourd'hui, pour le compte de l'ARF (Association des Régions de France) l'Observatoire des Pôles de Compétitivité

Coordinateur du projet

Gilles LE BLANC (Université)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Aide de l'ANR 190 000 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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