Pompei et l'histoire des techniques artisanales antiques – ARTIFEX

1- contexte scientifique et objectifs du projet - L'historien et l'archéologue se doivent de répondre aux interrogations de leurs contemporains sur le passé. Si l'histoire strictement politique est aujourd'hui en partie délaissée au profit de celle des mouvements longs, c'est que notre époque est confrontée à des innovations techniques, des crises et des guerres économiques et à des défis environnementaux, qui tous interagissent. - Les recherches sur l'économie antique sont aujourd'hui limitées par l'épuisement de la réflexion sur les sources disponibles. Les documents écrits forment une masse qui n'augmente pas et qui a été déjà abondamment commentée. Seule la recherche archéologique apporte de nouvelles données, mais leur interprétation est délicate et leur mise en série très longue. L'une des questions qui se pose est la place de l'artisanat et de la production artisanale sous l'Empire romain : était-elle significative par rapport au secteur agricole ? et dans quels domaines? Pour aller au-delà des secteurs qui laissent les vestiges les plus évidents (ex : la production de céramique), déjà abondamment traités par les études archéologiques et pour atteindre les biens qui ne laissent pratiquement pas de traces (produits alimentaires, habillement, ameublement, etc.), il faut disposer de protocoles interprétatifs de vestiges souvent peu parlants. - 2-description du projet, méthodologie - Le Centre J. Bérard (UMS 1797 CNRS/ Ecole française de Rome) est engagé depuis 2001 dans un programme de recherche archéologique portant sur les infrastructures artisanales à Pompéi, Herculanum et autres cités d'Italie méridionale. Ce programme associe des chercheurs et de doctorants de plusieurs universités et laboratoires parmi lesquels le Centre C. Jullian d'Aix-en-Provence tient une place prépondérante. Il s'agit de reprendre l'étude d'officines artisanales anciennement fouillées avec des méthodes modernes (stratigraphie, archéologie du bâti, analyses chimiques, etc.) afin de préciser les modes opératoires des artisans et de déterminer la nature des vestiges laissés par ces diverses activités à différents niveaux de conservation. - Le projet porte sur l'étude et la publication de fouilles effectuées ou à faire sur les secteurs de l'habillement (textile, teinturerie, cuir), des parfums, du bâtiment (colorants artificiels, peinture), des transports (production de la poix pour les navires et les conteneurs), de la métallurgie (plomb, fer) et de l'alimentation (extraction des huiles, mouture des grains, salaisons de poisson). - Les recherches sur le terrain sont dans une phase avancée. A Pompéi, ont été fouillés une boutique de parfumeur, deux laveries de laine brute, trois teintureries, un atelier de peintre, une vannerie, une forge. Sont en cours les fouilles d'une grande tannerie à Pompéi, d'une autre tannerie et d'un moulin hydraulique à Saepinum (Molise), d'un atelier de plombier à Herculanum. - Les moyens demandés à l'ANR permettraient certaines recherches complémentaires sur le terrain, des études de laboratoire et la mise au point des publications définitives. Ils comprendront : - -des recherches de terrain sur les sites où le travail n'est pas achevé (Pompei, Herculanum et Saepinum) et sur des gisements nouveaux, notamment des installations de salaisons de Sicile septentrionale (San Vito près de Palerme) et des ateliers de production de colorants artificiels à Cumes et à Pouzzoles. - -des études archéozoologiques. A partir des installations bien identifiées de tanneries à Pompéi et à Saepinum, l'étude des déchets osseux permettra de déterminer précisément la structure des rejets des tanneries et de déterminer un modèle applicable à des installations mal conservées mais dont les déchets ont été retrouvés. - -des analyses chimiques des résidus trouvés dans les installations de production : cuves des parfumeurs, des tanneurs et des fabricants de conserves de poisson, creusets de fusion des colorants (notamment de bleu dit égypti