Information ouverte information fermée : de la collecte à l'exploitation – IOIF

1. Contexte scientifique et objectifs du projet A l'origine du projet de l'IOIF se trouve une réflexion engagée individuellement par quelques chercheurs sur la question du renseignement. Tous les membres de ce premier noyau ont fait le constat d'une absence, en France, de travaux historiques sur ce thème alors que les Intelligence Studies connaissaient en Grande-Bretagne et en Amérique du nord un fort développement depuis une vingtaine d'années. L'histoire de la presse dans un premier temps, puis celle des médias, ont été faites et continuent à représenter des domaines de recherche à part entière. Dans ce contexte, ce sont les supports de l'information, la transmission et les professionnels qui sont principalement étudiés. L'approche que nous privilégierons dans ce programme de recherche est différente : elle est celle d'une étude globale du renseignement au sein des organisations publiques et privées. Le bilan historiographique nous a conduit au constat que l'étude du renseignement pouvait être menée, d'un point de vue historique, dans trois perspectives générales : 1. Le renseignement étant un élément (théoriquement) enrichi par la vérification, l'analyse et la synthèse, un premier volet de son étude concerne l'histoire de l'information. Or, l'histoire de l'information repose principalement sur l'étude de l'information ouverte et ne s'intéresse que dans une moindre mesure à l'étude de l'information fermée, objet d'une partie du processus de renseignement et d'espionnage. 2. Le renseignement parvient à un décideur ou à un groupe de décideurs. Le renseignement intéresse alors l'histoire de la décision. On peut alors analyser son cheminement, celui du « cycle du renseignement », qui va de la collecte à l'exploitation. C'est un aspect du sujet qui est dominant dans l'école anglo-américaine du renseignement et souvent absent chez les historiens français des relations internationales qui ont logiquement privilégié l'étude du renseignement recueilli par l'appareil diplomatique au détriment d'autres corps de l'Etat. 3. Les deux premiers aspects privilégient le renseignement, comme objet historique en soi. L'IOIF adoptera une autre perspective fondée sur trois éléments : une histoire (a) des organisations de renseignement et (b) des corps professionnels qui les animent enfin (c) de leurs pratiques. Le terme d'« information » est, dans le cadre de ce programme de recherche, décliné au sens large, comprenant les savoirs techniques et pratiques, les connaissances savantes mais aussi l'intelligence économique et l'information politique ; l'ensemble ressortant au domaine du « renseignement ». L'originalité du projet repose sur la distinction entre l' « information ouverte », à laquelle l'accès n'est pas limité et l' « information fermée », protégée par des dispositifs législatifs ou réglementaires ou par des usages de discrétion. L'accès à ces divers types d'informations implique la mise en place de méthodes de collecte adaptées, légales ou illégales, discrètes ou secrètes. Le programme IOIF composé de 22 chercheurs proposé au financement de l'ANR a pour objectif d'être la première structure en France de recherche pluridisciplinaire (histoire, science politique, droit) sur le renseignement, composée majoritairement de jeunes chercheurs (moyenne d'âge : 38,4) travaillant en étroites relations avec des chercheurs étrangers. L'objectif principal est de déboucher sur la publication d'un Dictionnaire historique et critique du renseignement. 2. Description du projet, méthodologie Afin de donner une dimension pleinement collective à la recherche en réseau et pour favoriser la constitution d'ateliers de travail, cinq axes de recherche sont proposés, chacun étant invité à les prendre en compte dans le cadre du thème qu'il développera : 1. Identification de la nature de l'information 2. Méthodes de collecte : le cadre légal et les pratiques 3. Organisation de la circulation : origine, formation et typologie du/des réseaux 4. Acteur