JCJC - Programme "Jeunes chercheuses et jeunes chercheurs"

– Race and Nation

Résumé de soumission

NB : Par souci de clarté conceptuelle et du fait des acceptions diverses du terme « race » en français et en anglais, le titre n'est pas traduit. L'équipe se propose d'approfondir les développements de la recherche française et internationale sur le lien problématique qui existe entre les processus de construction nationale et la place donnée aux identités ethniques et raciales, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, de 1945 à nos jours. Le cœur de ce projet repose sur une analyse des mécanismes de formation des cultures politiques nationales au regard de deux axes majeurs : d'une part, l'étude des discours dominants sur l'interaction entre race, ethnicité et nation ; d'autre part, l'émergence de mobilisations politiques d'acteurs fondées sur des solidarités ethniques, raciales et locales. Autrement dit, il s'agit d'examiner en quoi les identités ethno-raciales ont été centrales dans la définition de l' « Américanité » et de l' « Anglicité » et comment ce processus a pu déboucher sur l'organisation collective de revendications fondées sur des identités communes, raciales ou ethniques. Ces dynamiques sont analysées à deux niveaux. Le premier traite des relations entre le conservatisme et le néo-racisme ; le second appréhende le croisement entre immigration, formation des identités ethno-raciales et mobilisation politique. Dans l'analyse « par le haut » de la problématique, deux objectifs se dégagent. D'abord, la comparaison Etats-Unis et Grande Bretagne devrait permettre d'éclairer les similitudes du recours à des formes de « codification raciale » et de racisme dans les discours élaborés durant les gouvernements conservateurs de Reagan et de Thatcher. Simultanément, les rhétoriques conservatrices se sont teintées de néo-racisme en épousant l'idée d'une société aveugle à la différence de couleur et en refusant l'attribution de tout droit à des individus ou des groupes selon leur identité ethnique ou raciale. Ensuite, il s'agira de contextualiser historiquement la transition des discours ouvertement racistes des années 1940 à 1960, à ceux fondés non plus sur des différentiations biologiques, mais culturelles des années 1980 à nos jours. L'analyse se penchera spécifiquement sur la construction d'un modèle national, d'« Américanité » et de « Britannicité », qui conduit à la marginalisation politique, spatiale et culturelle de groupes spécifiques. L'analyse « par le bas », quant à elle, complète l'approche précédente en se centrant sur les processus de mobilisations politiques de communautés urbaines organisées à travers la médiation des identités raciales et ethniques. La réflexion sur la négociation, le choix ou l'imposition des identités ethno-raciales permettra de penser le rôle de celles-ci dans l'inclusion des nouveaux migrants et de leurs descendants dans les métropoles américaines et britanniques. L'approche méthodologique favorise l'étude micro-sociologique à l'échelle des quartiers, sélectionnés pour leur composition multi-ethnique (Bradford, Londres, Los Angeles, New York, Boston, San Diego). Afin de redéfinir et de sortir du débat « Noirs » - « Blancs », l'équipe souhaite favoriser la réflexion sur la fluidité des « frontières » ethniques et raciales en concevant ces concepts comme profondément relationnels. En outre, cette approche par le bas permet de valoriser les aspects moins visibles et moins théorisés des formes prises par les mobilisations politiques des « minorités », ainsi que leur contribution à la fragmentation ou à la redéfinition du modèle national. Les émeutes raciales, les actes non conventionnels et les modes d'expression, notamment culturels, exercés dans les « pratiques du quotidien » seront des objets centraux de notre recherche. L'équipe a choisi la transdisciplinarité et le dialogue entre espaces, temporalités et méthodes. Les discours et pratiques analysés en priorité seront : en Grande-Bretagne, le conservatisme des années 1940 à nos jours (Philippe Vervaecke) et les émeutes raciales de Bradford de 2001 (Olivier Esteves) ; et aux Etats-Unis, le développement du néo-racisme conservateur dans un quartier de Boston (1968 à aujourd'hui, Andrew Diamond) ; la formation contemporaine de la politique ethnique et « trans-ethnique » en Californie, dans trois quartiers multi-ethniques localisés à San Diego, Los Angeles et Palo Alto (Emmanuelle Le Texier et Denis Lacorne) ; une analyse de la place des Porto-Ricains dans la construction nationale et son rapport à la question coloniale (James Cohen). Le projet se déroule en trois phases : réflexion théorique et méthodologique ; études de cas ; et valorisation des résultats de la recherche. L'objectif est de renforcer l'expertise des membres de l'équipe et de développer le champs des études en civilisation américaine et britannique en France et à l'étranger.

Coordination du projet

Emmanuelle LE TEXIER (Université)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Aide de l'ANR 75 000 euros
Début et durée du projet scientifique : - 48 Mois

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