BLANC - Programme blanc

Inégalités sociales et espace européen au Néolithique : la circulation des grandes haches en jades alpins – JADE

Résumé de soumission

1) Contexte scientifique - Depuis 1865 et les travaux du français Damour, nous savons qu'une partie des haches polies néolithiques (5500-2500 av. J.-C.) en Europe occidentale ont été fabriquées dans des roches fines, en particulier des jades selon la terminologie des gemmologues (jadéitites et néphrites), remarquables à l'œil lorsqu'ils sont polis. L'origine alpine de ces jades a été suggérée dès la fin du XIXe s., mais sans que les géologues puissent identifier le moindre gîte en place. L'analyse pétrographique de ces objets rares a donc été un jeu, sans que l'on ait pressenti leur extraordinaire importance pour comprendre les fonctionnements sociaux du Néolithique. Pourtant depuis 1880, des haches en jade ont été identifiées aussi loin des Alpes que le Danemark, l'Ecosse, la Bretagne..., ce qui représente des transferts, dès le Ve millénaire av. J.-C. (Néolithique moyen I), sur des distances qui peuvent atteindre 1800 km à vol d'oiseau. Les préhistoriens eux-mêmes ont peu travaillé la question, car la majorité des découvertes ont été faites hors contexte et l'idée prédominante dans les interprétations était que ces roches alpines exceptionnelles étaient simplement ramassées dans les moraines, pour être échangées de proche en proche dans des sociétés égalitaires. - - 2) Description du projet et méthodologie - Notre but est de montrer que le point de vue dominant dans les interprétations depuis un siècle est erroné et masque des comportements sociaux autrement plus complexes, qui doivent remettre en cause notre interprétation des premières sociétés d'agriculteurs en Europe occidentale. Il faut d'abord montrer qu'une telle situation durant le Ve millénaire av. J.-C., avec des transferts sur 1 800 km, est unique en Europe occidentale ; ces transferts dépassaient de loin ceux que l'on a pu reconstituer pour des sociétés plus tardives, celle des Princes de la fin du Premier Age du Fer par ex. Or les travaux ethno-archéologiques que nous avons conduits pendant 21 ans en Nouvelle-Guinée ont montré que la circulation des haches polies à très longue distance intervenait aujourd'hui dans des contextes sociaux très particuliers : les roches rares sont exploitées dans des carrières secrètes, selon des modalités techniques et rituelles complexes, tandis que les produits finis participent à des échanges compétitifs, dans des sociétés inégalitaires où la hache-outil devient un signe social extrêmement fort, en particulier pour l'affichage social du pouvoir des élites et des ancêtres. - Il s'agit d'utiliser ces modèles actualistes pour forger d'autres hypothèses sur la signification des haches en jades alpins. Après dix années de recherche sur les grandes haches en roches alpines dans toute l'Europe occidentale (1600 pièces inventoriées et analysées dans douze pays européens, 2500 décrites) et des prospections dans les Alpes, la situation a été complètement retournée : des premières carrières de jade ont été reconnues en 2003 par deux d'entre nous (AM. P. et P. P.) en Valais suisse (1800 m d'altitude), dans le massif du Mont Viso vers Turin (2400 m) et celui du Mont Beigua à proximité de Gênes. - Des partenariats scientifiques informels ont été mis en place pendant ces dernières années (ethnologie, ethno-archéologie, typologie, géologie, minéralogie, expérimentation, approches sociales), regroupant des spécialistes confirmés de Grande-Bretagne, Danemark, France, Espagne et Italie, habitués à travailler et à publier ensemble. Nous désirons mettre à profit ce réseau exceptionnel de partenaires à l'échelle de l'Europe, des méthodologies nouvelles, qu'elles soient à un niveau théorique d'interprétation (ethno-archéologie) ou à un niveau pratique d'analyses en séries (spectroradiométrie), enfin l'exploitation systématique des données en grande partie acquises sur les haches en jade par le biais d'un SIG déjà opérationnel et d'une cartographie raisonnée à l'échelle de l'Europe. - - 3) Résultats attendus - Le but -avec des résultats part

Coordination du projet

Pierre PETREQUIN (Organisme de recherche)

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

Aide de l'ANR 264 000 euros
Début et durée du projet scientifique : - 36 Mois

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