Apport des nucléides cosmogéniques à l'étude des mouvements de terrain – ANCEMT

La décompression des versants et la pente laissée par l'érosion mécanique des glaciers sont en partie à l'origine de nombreux glissements de terrain et écroulements qui jalonnent les vallées alpines. Toutefois, dans la plupart des vallées, aucune information d'ordre chronologique quant à l'âge de l'initiation des glissements et des premières manifestations gravitaires à l'échelle du versant n'est disponible. Les versants actuels ont-ils été modelés immédiatement après le retrait des derniers glaciers ? Les premières déstabilisations gravitaires du versant ont-elles commencé dès cette époque ou ont-elles été initiées beaucoup plus tard (donc récemment) après que les rivières de fond de vallées eurent suffisamment incisé les paléo-vallées glaciaires pour générer des versants parfois encore plus fortement pentés, donc instables ? Ou aussi, cette instabilité a-t-elle été initiée et/ou amplifiée par des variations climatiques au cours des 8 à 15 derniers mille ans ? Enfin, quelle est la part de l'activité tectonique dans les mécanismes de la déstabilisation et/ou dans son évolution ? Contraindre chronologiquement l'initiation et l'évolution des différents mouvements de terrain est aujourd'hui possible parce qu'au cours de ces dix dernières années des méthodes pertinentes adaptées aux gammes temporelles correspondantes ont été développées, notamment la méthode de datation par la détermination de durées d'exposition aux rayonnements cosmiques utilisant les nucléides cosmogéniques produits in-situ. Pour chacun des trois grands types de phénomènes gravitaires qui peuvent être distingués, à savoir : les mouvements rapides (éboulements, écroulements, avalanches rocheuses), qui sont les plus destructeurs du fait des vitesses importantes qu'ils peuvent avoir (quelques dizaines à plus de 100 km/h) ; les glissements lents (quelques cm à plus d'un m/an) qui peuvent se dérouler sur plusieurs siècles ou millénaires ; les sackungs , qui affectent des versants entiers de montagne et pourraient conduire à des glissements ou écroulements de grande ampleur, la possibilité de contraindre temporellement l'apparition des différentes formes et structures caractéristiques des mouvements gravitaires étudiés permet d'envisager de déterminer les mécanismes ayant participé à leur genèse et à leur évolution passée et ainsi de prévoir leur évolution future.