taille des pays et stratégies de croissance – TPSC

1- Contexte scientifique et objectifs du projet Ce projet de recherche a pour ambition de revisiter la question de l'effet de la taille des pays sur leur résilience aux chocs économiques et, partant, sur leurs « stratégies de croissance ». Celles-ci, entendues au sens large, peuvent être définies comme les différentes combinaisons d'arrangements institutionnels, de politiques macroéconomiques et de réformes structurelles mis en œuvre pour atteindre et pour demeurer sur le sentier de croissance optimal de l'économie. Référence obligée dans les travaux sur la théorie de la politique économique jusqu'à la fin des années 70 (voir Robinson, 1960) , la question du rapport entre taille des pays et choix de stratégie de croissance s'est estompée, laissant place à une réflexion « déterritorialisée » sur les « modèles » de pays, notamment sociaux. Le présent projet se propose de remettre la taille au centre de la réflexion sur la politique économique en étudiant les stratégies de croissance de quatre grands pays, étudiés comparativement deux à deux, L'Inde et la Chine, les Etats-Unis et l'Union européenne. 2- Description du projet, méthodologie La première phase de la recherche portera sur les raisons de la désaffection pour la taille dans les travaux des deux dernières décennies, en rupture avec les développements théoriques précédents. On reviendra ensuite sur les nouveaux développements théoriques et empiriques permettant de replacer la taille au centre du débat sur les stratégies de croissance en insistant cependant sur leurs limites et notamment sur le caractère asymétrique des analyses proposées, qui visent presque en totalité le cas des petits pays ouverts. Le cas du grand pays, par définition plus fermé, mérite une analyse plus approfondie. On étudiera dans une seconde phase du projet, dans le cadre d'un modèle, les conséquences de la taille sur les différentes stratégies de politique économique (en distinguant arrangements institutionnels, politiques macroéconomiques et politiques structurelles et en tentant de dégager des stratégies optimales de croissance). Après avoir considéré un échantillon de pays développés, émergents et moins avancés, on appliquera ce modèle dans une perspective comparative aux cas indien et chinois, puis aux cas américain et européen. On insistera dans l'exploration comparative des cas indien et chinois sur la différence en terme d'ouverture aux échanges, de stratégie de taux de change et sur le lien entre stratégie économique et dynamique politique. Les variables institutionnelles (régime de droits de propriété, libertés fondamentales, Etat de droit, responsabilité du gouvernement, régime électoral, contrôle et transparence des institutions de politiques économique, etc.) seront particulièrement sollicitées pour éclairer l'analyse. La comparaison entre espace américain et espace européen se fera à deux niveaux, mobilisant autant l'histoire économique que les modèles d'intégration régionale et de fédéralisme économique. Deux questions se trouveront au centre de la réflexion. D'abord, la possibilité de coordonner les politiques macroéconomiques et les réformes structurelles à l'échelle d'une union économique et monétaire de pays de taille différente, la taille distribuant les préférences et les contraintes. Ensuite, le développement des stratégies de concurrence fiscale et sociale en lien avec ces mêmes asymétries, dans un contexte de non coordination des politiques économiques. Ces questions paraissent essentielles si l'on veut comprendre les succès, les échecs et surtout les horizons de la construction européenne. 3- Résultats attendus Quatre résultats principaux sont attendus de cet original et ambitieux projet de recherche. 1) Une meilleure compréhension du rôle de la taille dans la détermination et la mise en œuvre des stratégies de croissance. Il s'agira en particulier de démêler plus justement ce qui relève des contraintes de taille et ce qui relève d'autres types de contrainte ; 2) Un éclairage nouveau sur le rôle de la taille des grands pays et non seulement des petits dans les processus de développement ainsi qu'une approche plus juste des étapes du développement indien et chinois et de la position des deux pays dans leur cycle de développement. 3) Une caractérisation plus fine du rôle de la taille dans les processus de régionalisation de même qu'une compréhension plus cohérente des contraintes, des possibilités économiques et des voies de croissance et de réforme dans l'Union européenne. 4) Une appréhension plus pertinente du rapport entre taille des pays et dimension des gouvernements qui s'accompagnera d'une validation (ou non) et en tout état de cause d'une reformulation de la « théorie de la compensation » entre exposition aux chocs internationaux et protections publiques.