L'acier dans le sud de l&aposEurope : production, diffusion, emploi, altération, une approche interdisciplinaire. – ACOEUR

Ce projet, éminemment interdisciplinaire, se propose d'étudier de manière diachronique l'évolution de la production, de la diffusion, de l'utilisation et de l'altération d'un matériau : l'acier sur des zones géographiques englobant à la fois des centres de productions et des lieux d'utilisation. Ces régions sont localisées dans les Alpes Italiennes et Lombardes d'une part et dans le Languedoc et les Pyrénées centrales et catalanes, d'autre part. Ces zones géographiques correspondent à des territoires techniques, où un procédé de fabrication domine. La période étudiée va de l'antiquité au Moyen-Age. Ceci permet de couvrir à la fois des périodes où la production d'acier reste à être cernée dans sa spécificité (Antiquité, Haut Moyen-Age) et d'autres pour lesquelles des sauts technologiques ont pu être identifiés dans certaines régions (passage au procédé indirect) et où la production d'acier est clairement identifiée. Ce projet comprend trois axes : * Etude de la production d'acier et de l'évolution des procédés. Cet axe croisera les approches historiques, archéologiques et archéométriques. Il sera basé sur l'étude de corpus d'objets (barres des épaves antiques) ou de sites de production (Italiens et Pyrénéens pour le Moyen-Age) de référence. Elle sera complétée par la réalisation de manipulations d'archéologie expérimentale dans les contextes (minerais, structures) donnés par l'archéologie. En plus de structures directes de production d'acier, pour laquelle le rôle spécifique d'un certain type de minerai (contenant du manganèse) sera étudié, seront examinées les questions liées à la cémentation et au recyclage, autres formes parallèles de production d'acier. In fine, cette étude devrait donner les bases des éléments clefs pour relier par l'analyse certains objets aciérés à des lieux de production. * Etude des produits : qualité des matériaux. On sait que les qualités des matériaux ferreux et notamment celles de l'acier étaient connues et appréhendées commercialement dès l'Antiquité. A partir de l'apparition des sources écrites, on retrouve la mention de ces qualités dans différents comptes et documents écrits. Cet axe d'étude s'évertuera à mieux comprendre le type de matériau produit et à faire le lien entre mentions écrites quand elles existent et structures des objets archéologiques. Les objets étudiés iront des barres mentionnées dans l'axe 1 pour l'antiquité et le Haut Moyen Age, aux pièces de fer et d'acier employées dans les grands Monuments du Moyen-Age (églises Romaines, Palais des Papes en Avignon...). * Enfin, ce projet s'attachera a développer une interaction entre les sciences chimiques et sciences humaines ayant des apports non négligeables d'un point de vue sociétal : la prévision de l'altération et donc du comportement des matériaux ferreux employés dans le futur (par exemple pour la réalisation de conteneurs de déchets radioactif) par l'examen de l'altération et en particulier de la corrosion des matériaux archéologiques. Cet examen ne peut se faire qu'après une étude historique préalable permettant de préciser à la fois les datations et les procédés employés pour obtenir les métaux anciens. Ainsi, l'étude historique proposée est la première étape indispensable d'une étude chimique ultérieure. Elle constitue un trait d'union majeur entre les sciences chimiques et environnementales et les sciences de l'homme et joue donc pleinement son rôle pour la société au sens large.