Mémoire implicite pour des stimuli émotionnels verbaux et non vervaux dans la maladie d'Alzheimer et dans la dépression du sujet âgé – Mémoire, émotion

L'objectif de ce projet est d'étudier les liens entre émotions et mémoire (explicite et implicite) en utilisant du matériel verbal et non verbal chez des patients Alzheimer et des patients déprimés âgés. Il paraît intéressant de comparer dans ces deux populations les biais mnésiques induits par des stimuli émotionnels, car elles présentent des modifications des fonctionnements mnésique et émotionnel, qui diffèrent tant quantitativement que qualitativement. Nous nous proposons dans une première étude d'examiner chez des patients âgés déprimés et des patients avec débutante l'impact de la valence émotionnelle de stimuli verbaux sur la mémoire implicite, à l'aide d'une tâche d'amorçage perceptif et de deux tâches d'amorçage conceptuel, en manipulant les conditions traitement automatique/traitement effortful et traitement perceptif/traitement conceptuel. En effet, très peu d'études ont comparé les effets de congruence à l'humeur dans des tâches d'amorçage perceptif et conceptuel dans la dépression. La question qui se pose concerne les interactions entre tâches automatiques/effortful d'une part, traitement perceptif/conceptuel d'autre part. Pour ce qui concerne la maladie d'Alzheimer, il est intéressant d'examiner si l'amorçage conceptuel est préservé lorsque des mots à valence émotionnelle sont utilisés, sachant que ces patients présentent des troubles de mémoire sémantique. Nous nous attendons à observer (1) un biais mnésique pour les mots positifs et négatifs dans la tâche perceptive, et une absence de biais dans les deux tâches conceptuelles chez les patients MA; (2) une absence de biais mnésique dans la tâche perceptive et dans la tâche automatique conceptuelle, et un biais mnésique pour les mots négatifs dans la tâches conceptuelle effortful chez les patients déprimés. Dans une deuxième étude, nous examinerons l'effet d'exposition pour des mélodies non familières gaies, tristes et neutres chez ces patients (L'effet d'exposition se traduit par une augmentation des attitudes positives pour des stimuli non familiers qui ont exposés préalablement). En effet, nous avons observé dans une recherche précédente une absence d'effet d'exposition chez des patients âgés déprimés lorsque des mélodies non familières plutôt plaisantes mais pas clairement gaies ou tristes étaient utilisées. Nous faisons l'hypothèse que les patients déprimés âgés montreront un effet d'exposition pour les mélodies tristes, mais pas pour les mélodies gaies et neutres. Par contre, les patients avec MA devraient montrer des effets d'exposition dans les 3 conditions, peut-être plus marqués avec des mélodies gaies et tristes. Enfin, dans une 3ème étude, nous examinerons l'effet d'exposition chez des patients suspectés d'être à un stade précoce, non clinique de la maladie d'Alzheimer. En effet, dans une recherche précédente, nous avons montré que les patients MA, mais pas les sujets âgés normaux montraient un effet du nombre d'expositions. Cela, pourrait indiquer que les processus émotionnels priment sur les processus cognitifs chez les MA. Observer un tel effet chez des patients précliniques présente un intérêt en termes de diagnostic précoce. La réalisation de ce projet devrait donc d'une part améliorer les connaissances relatives à la modélisation des interactions entre la mémoire et les émotions, et d'autre part permettre de valider des outils utiles à l'évaluation et à la prise en charge des patients.