DS0801 - Innovations

Approches philosophiques de la centralité du travail – PhiCenTrav

Résumé de soumission

L’hypothèse que notre programme tentera de confirmer est celle-ci : les mutations et innovations sociales des 20 dernières années ont replacé le travail au centre des enjeux du changement social. Si le changement social est allé vers un renforcement de l’autonomie des acteurs du travail, ce gain s’est traduit pour ces acteurs (positivement) par de nouvelles attentes de reconnaissance dans et par le travail, et (négativement) par la fragilisation des individus qui ne disposent plus des filets d’une organisation hiérarchisée du travail, de sorte qu’ils peinent à faire face aux attentes d’autonomie auxquelles ils sont confrontés et à la hauteur desquelles ils sont censés se porter.

Le thème de la fin du travail, qui dominait les débats dans les années 1990, n’a pas résisté à l’attention publique croissante dont les maux du travail ont fait l’objet dans les années 2000 : débats sur la flexibilité et la précarité, sur l’évaluation, sur la souffrance au travail et les suicides au travail. On a assisté ces dernières années à un retour du travail comme sujet de préoccupation éthique et politique majeur. Mais la philosophie est restée généralement à l’écart de ce mouvement et la question de la centralité du travail est globalement restée sous théorisée. Le projet PhiCenTrav a pour objectif de pallier ces lacunes.
Parler de centralité du travail revient à utiliser une métaphore géométrique ou physique pour soutenir que le travail est à la fois une réalité et une valeur centrales dans la vie individuelle et collective. Cette dimension métaphorique pourrait susciter des soupçons. Cependant, ces métaphores géométrique et physique ont un contenu conceptuel identifiable qui peut être explicité par l’intermédiaire des constats suivants :

1) le travail occupe une place non négligeable dans nos existences,
2) il influe sur la part de nos existences qui ne concerne pas directement le travail,
3) et il constitue un enjeu normatif sur les plans individuel et collectif, soit directement parce que l’activité de travail et les institutions de la production définissent des problèmes normatifs spécifiques et décisifs, soit indirectement parce que la capacité à cultiver des valeurs propres à la vie hors-travail dépend elle-même du travail.

Il y a donc trois thèses implicites dans l’idée de centralité du travail. Premièrement, le travail n’occupe pas une place négligeable dans les champs individuel et collectif (de même qu’un centre n’est pas une position parmi d’autres dans une figure). Deuxièmement, l’expérience du travail et les institutions liées au travail produisent des effets sur les expériences et les institutions non directement liées au travail (de même que le centre de gravité d’un corps influe sur son mouvement). Troisièmement, le travail constitue un enjeu normatif décisif, tant moral que politique.

Une vision unifiée du travail qui permettrait de reconnaître sa centralité peine à émerger. Tenter de rendre commensurables différentes perspectives scientifiques sur le travail, de les articuler avec des préoccupations fondamentales concernant le travail, s’interroger sur la validité épistémologique des premières et sur les implications théoriques et politiques des secondes, revient à s’engager dans une réflexion philosophique sur la centralité du travail du point de vue d’une épistémologie des sciences du travail et d’une philosophie sociale et politique du travail. En retour, une telle démarche conduit à s’interroger sur la place que le travail a occupée dans l’histoire de la philosophie et sur les raisons pour lesquelles il a cessé d’être le sujet central qu’il a été au moins jusqu’aux années 50 du XXe siècle, pour finir par se réduire aujourd’hui à un sous problème de la philosophie de la technique ou de la philosophie politique.

Coordination du projet

Franck Fischbach (Centre de Recherches en Philosophie allemande et contemporaine (EA 2326))

L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.

Partenaire

SOPHIAPOL Sociologie, Philosophie et Socio-Anthropologie politiques (EA 3932)
IHPC (Ecole Normale Supérieure de Lyon) Institut d'Histoire de la Pensée classique
CREPHAC - UNISTRA Centre de Recherches en Philosophie allemande et contemporaine (EA 2326)

Aide de l'ANR 96 266 euros
Début et durée du projet scientifique : septembre 2014 - 24 Mois

Liens utiles

Explorez notre base de projets financés

 

 

L’ANR met à disposition ses jeux de données sur les projets, cliquez ici pour en savoir plus.

Inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir nos actualités
S'inscrire à notre newsletter