Etats et internationalisation des faits religieux contemporains. Europe du Sud, Maghreb, Moyen-Orient<br />
<br />Dans ce nouveau contexte de pluralisation du religieux, de labilité des identités religieuses et d’hybridation des pratiques, les Etats doivent adapter leurs cadres d’action avec des outils plus ou moins appropriés. La plus grande circulation religieuse est devenue source de tensions, d’affrontements et d’enjeux politiques.<br /><br />Les questions religieuses apparaissent aussi centrales dans l’évolution politique des pays du Maghreb et du Moyen-Orient, puisqu’elles se situent au premier plan des choix que les sociétés doivent opérer après les soulèvements populaires de 2011.<br /><br />Ces évolutions ont des implications sur les questions d’individuation de soi, d’émancipation du groupe social, d’entretien du lien avec le pays d’origine dans le cas de migration internationale, de repositionnement identitaire. <br /><br />
Le projet est motivé par trois positionnements forts :
1. Une enquête comparative et multi-située due à la nécessité de penser les deux rives de la Méditerranée conjointement, dans une perspective résolument interdisciplinaire, attentive à la diversité des contextes et à la place centrale qu’occupent les religions dans les mobilisations et mouvements actuels.
2. la nécessité de faire intervenir des chercheurs qui ont une connaissance intime de leurs terrains, pratiquant la langue et connaissant les enjeux locaux.
3. la volonté de démontrer la complexité et la variété des modes de circulations religieuses et étudier comment elles participent toutes à ancrer de nouvelles formes religieuses dans le paysage religieux méditerranéen.
Démarche suivie et moyens associés :
Équipe de chercheurs SHS pluridisciplinaire : anthropologie, sociologie, géographie, histoire, science-politique
Enquêtes de terrain qualitatives en immersion
Pays étudiés : France, Italie, Bosnie, Roumanie, Grèce, Turquie, Israël, Égypte, Tunisie, Algérie, Maroc.
Résultats attendus :
Mesurer les succès ou échecs d'implantations de nouvelles pratiques religieuses (églises, pèlerinages) à travers des études de cas précis.
Cartographier les processus de formation des élites religieuses en Méditerranée (réseaux protestantisme évangélique)
Évaluer les conséquences sociales et politiques des conversions religieuses (pluralisation religieuse et droit)
Observer les politiques de patrimonialisation du religieux et leurs retombées culturelles et économiques (tourisme religieux et patrimoine)
Les questions religieuses apparaissent centrales dans l’évolution politique des pays du Maghreb et du Moyen-Orient, puisqu’elles se situent au premier plan des choix que les sociétés doivent opérer après les soulèvements populaires de 2011. Les travaux engagés au Maghreb sur les questions de libertés religieuses contribueront à une meilleure compréhension des implications politiques du pluralisme religieux dans les pays à majorité musulmane.
Ce projet vise donc à saisir ces processus dans un contexte particulier : une crise systémique au Nord qui pose in fine la question d’identités religieuses héritées face à de nouvelles croyances qui se sont implantées et des évolutions socio-politiques majeures au Sud, qui posent également la question des identités traditionnelles face à des revendications plurielles. Au Nord comme au Sud, ces questions interrogent les États qui répondent à ces phénomènes de pluralisme en fonction de leurs histoires propres.
Projet de la publication d'un numéro thématique de revue sociologique
Projet de publication d'un ouvrage collectif.
Nous avons choisi d’inscrire notre objet de recherche dans une zone géographique précise, celle de la Méditerranée, avec une attention particulière pour les changements politiques et sociétaux en cours sur la rive Sud et un comparatisme avec le Nord et à l’Est. Notre équipe entend aborder « la circulation religieuse » dans son sens large, tout d’abord comme faisant référence à la migration et aux pratiques religieuses importées et recomposées, mais aussi, comme un concept recouvrant plusieurs types d’actes tels que la formation du personnel religieux, la conversion religieuse classique et les développements contemporains des lieux de pèlerinages pris dans des enjeux de patrimonialisation, de développement touristique et de politique locale. Rapprocher ces trois types de circulations et les manières différenciées dont les États méditerranéens répondent aux défis qu’elles posent, nous permettra de mettre au jour la manière dont les religions prennent ancrages, physiquement et symboliquement dans de nouveaux lieux, en fonction des contextes politiques et économiques.
Pour parvenir à cerner la complexité inhérente à notre objet de recherche, ce projet réunit donc une équipe interdisciplinaire et internationale, associant ethnologues, sociologues, géographes, historiens et politologues Un vaste programme d’enquêtes de terrain comparatives, certaines multi-situées, sur les trois rives de la Méditerranée, doit servir de base à la mise en œuvre de notre projet.
Le projet CIRELANMED propose une structure de management scientifique largement collégiale : trois work packages, fondés sur les trois modes de circulations religieuses identifiés et permettant de répondre à des problématiques transversales. Ces “tâches” constitueront trois éclairages complémentaires de l’ensemble des questionnements. En effet, s’interroger sur les expériences individuelles du religieux, sur leur encadrement institutionnel et enfin sur les discours construits dans les diverses sociétés étudiées permettra de comparer au-delà des work packages, les modalités d’ancrages de la pluralité religieuse en Méditerranée.
Nous souhaitons également asseoir un réseau de recherche euro-méditerranéen en favorisant les échanges scientifiques entre les trois partenaires (MMSH, France ; Université de Padoue, Italie ; IRD, France) et avec les institutions universitaires et de recherche au Maghreb (Université de Sousse, Tunis ; Fondation Ibn Séoud, Maroc). D’autres collaborations pourront être engagées au cours du programme.
La valorisation scientifique du projet est prévue par deux actions : la communication scientifique par le biais d’un carnet de recherche Hypothèses et la mise en place d’ateliers d’ethnologie auprès du jeune public des collèges marseillais via l’association Ethnologues en herbe-Méditerranée.
Enfin, le volet formation scientifique se déroulera dans le cadre d’une école doctorale organisée en fin de programme en Tunisie permettant des échanges scientifiques et humains entre les étudiants des trois rives de la Méditerranée. Cette école associera une formation classique sur les plans méthodologique et théorique, à un apprentissage des nouvelles techniques de travail scientifique liées aux outils des Digital Humanities.
Madame Katia Boissevain (Centre National de la Recherche Scientifique Délégation Provence et Corse _ Institut d'Ethnologie Méditerranéenne, Européenne et Comparative) – k.boissevain@gmail.com
L'auteur de ce résumé est le coordinateur du projet, qui est responsable du contenu de ce résumé. L'ANR décline par conséquent toute responsabilité quant à son contenu.
LABREL Laboratorio religioni
LPED Laboratoire populations environnement et développement, IRD
CNRS DR12 _ IDEMEC Centre National de la Recherche Scientifique Délégation Provence et Corse _ Institut d'Ethnologie Méditerranéenne, Européenne et Comparative
Aide de l'ANR 276 308 euros
Début et durée du projet scientifique :
juin 2013
- 36 Mois